Jean Claude Killy et Marielle Goitschel fêtés à Val d'Isère

27 février 1968
01m 36s
Réf. 00464

Notice

Résumé :

Val d'Isère était en fête pour accueillir ses deux champions olympiques Jean Claude Killy, dit Toutoune et Marielle Goitschel. Ils ont défilé sur une benne, la foule les entourant, jusqu'à l'office du tourisme.

Date de diffusion :
27 février 1968
Source :

Éclairage

Le 27 février 1968, la station savoyarde de Val d'Isère célèbre deux de ses skieurs, tout juste auréolés d'or lors des Dixièmes Jeux olympiques d'hiver de Grenoble qui se sont déroulés quelques jours plus tôt, du 6 au 18 février 1968. L'Office national de radiodiffusion télévision française de Lyon consacre un bref reportage à cet événement pour les Actualités Rhône-Alpes. La séquence, en noir et blanc, insiste sur le côté bon enfant de la fête. Touristes et locaux, dont beaucoup portent un masque à l'effigie de leurs deux héros, agitent des drapeaux français au son de la fanfare, alors que le cortège se rend devant l'office du tourisme de la station. Là, les champions se voient remettre la médaille d'honneur de la commune par le maire, Noël Machet. Le reportage s'achève sur la foule en liesse réclamant une chanson à « Toutoune » (Jean-Claude Killy) dans une familiarité que n'hésite pas à reprendre le journaliste dont les commentaires évoquent « Jean-Claude » et « Marielle ».

Val d'Isère s'était tourné vers le tourisme hivernal dès le début des années 1930 et avait ouvert son syndicat d'initiative en 1934. La réussite sportive de Killy et Goitschel dans les années 1960 lui procurent alors une incontestable notoriété qui la positionne durablement comme l'une des stations les plus reconnues en France et à l'étranger. En reliant son réseau de téléphériques à celui de Tignes dans les années 1990 pour offrir un domaine skiable élargi à près de 300 kilomètres de pistes sous le nom « d'espace Killy », la station continue d'exploiter les retombées de l'or olympique.

Il est vrai que Grenoble 1968 a particulièrement mis en vedette les victoires des deux skieurs, grâce à une médiatisation très soignée dans la presse écrite, à la radio et à la télévision avec même, en ce dernier cas, l'innovation de l'image couleur. En pleine période gaullienne, cet événement engageait en effet le prestige du pays, même si Paris a tardé à se mobiliser lors de la phase de préparation et, au-delà, devait à la fois relancer l'économie montagnarde traditionnelle, rattraper le retard de Grenoble en matière d'infrastructures et donner de la ville une image avant-gardiste, promouvoir plus largement l'Isère et les Alpes comme une destination touristique privilégiée pour la clientèle étrangère, et dynamiser l'industrie française des articles de sports d'hiver.

Déjà championne du monde de combiné à Chamonix en 1962, championne olympique en slalom géant à Innsbruck en 1964, triple championne du monde (descente, géant et combiné) à Portillo en 1966 après l'annulation, vingt-deux ans plus tard, de la victoire d'Erika Schinegger en descente pour avoir été reconnue de sexe masculin, Marielle Goitschel a contribué à la réussite française des Jeux olympiques de Grenoble. Elle y connait en effet une ultime consécration en remportant le slalom, avant d'arrêter sa carrière sportive. Quant à Jean-Claude Killy, il est le véritable héros des Jeux en remportant trois médailles d'or en descente, slalom géant et slalom, cette dernière épreuve après cependant la disqualification controversée de l'Autrichien Karl Schranz. Déjà double champion du monde de descente et de combiné en 1966 à Portillo, multiple vainqueur de la Coupe du Monde, il tient notamment sa réussite de sa technique, travaillée avec l'entraîneur Honoré Bonnet, et de son équipement, les skis VR17 créés par la société Dynamic et lancés dans la haute compétition en 1968. La reconversion de Killy dans le sport automobile, puis dans les instances sportives internationales (Fédération Internationale de Ski et Comité International Olympique) et le monde des affaires (société de vêtements de sport) l'amèneront ultérieurement à jouer un rôle important dans les candidatures françaises aux Jeux olympiques, qu'il s'agisse de celle d'Albertville pour 1992 ou de celles, moins heureuses, de Paris pour 2012 et d'Annecy pour 2018.

Thierry Terret

Transcription

(Bruit)
Journaliste
Tout Val d’Isère, des milliers de touristes et de skieurs, mêlés aux gens du pays, ont fêté, hier, les deux champions olympiques, Marielle et Jean-Claude, enfants du pays. A partir de 21 heures, un cortège s’est formé à l’entrée de la station, richement décoré de drapeaux, bandes multicolores, anneaux olympiques ou emblèmes. Jean-Claude et Marielle, juchés dans une benne de pelle mécanique, ouvraient le convoi précédant la fanfare des Beaux-Art de Grenoble. Devant l’office du tourisme, un podium avait été dressé sur lequel Marielle et Toutoune, se sont vus remettre, par le maire, les premières médailles d’honneur de Val-d’Isère dans une ambiance comme vous pouvez le constater, tout à fait extraordinaire. Et la fête s’est finie très tard dans la nuit au son des coups.
(Bruit)