Une première mondiale : la greffe d'une main à Lyon

24 septembre 1998
01m 28s
Réf. 00511

Notice

Résumé :

En 1998, à l'Hôpital Edouard Herriot de Lyon, une équipe pluridisciplinaire de chirurgiens tente une première mondiale : la greffe d'une main chez un homme amputé.

Date de diffusion :
24 septembre 1998
Lieux :

Éclairage

L'histoire de la greffe est liée à la connaissance des processus physiologiques de reconnaissance de l'individualité. Les tentatives techniques pour suppléer à l'absence d'un manque ont été nombreuses, notamment après les innovations chirurgicales introduites par Ambroise Paré (1510-1590), comme la réussite des opérations d'amputations qui évitent la gangrène généralisée et la mort. Toutefois, les membres artificiels conçus en remplacement ne permettent pas d'assurer toutes les fonctions mécaniques et physiologiques.

L'essor de la chirurgie au XIXe siècle, en matière d'anesthésie qui évite les convulsions des patients, et d'antisepsie, explique les nouveaux efforts pour " greffer " des organes. Or les travaux du chirurgien Alexis Carrel, spécialiste des sutures vasculaires, montrent l'impossibilité de transplanter un organe chez l'animal : il déclare forfait en 1910. La transplantation, impeccable d'un point de vue chirurgical, échouait en raison d'un " obstacle biologique de nature inconnue ", selon ses termes. Transplantation et transfusion ont ainsi donné naissance à une discipline, l'immunologie, qui explore entre les deux guerres la nature et le rôle des cellules qui protègent l'individu biologique.

En 1952, le succès d'une transplantation de rein entre deux jumeaux homozygotes, effectué par John Merril et John Murray à Boston encourage la recherche dans deux directions différentes :

(i) l'immunologie et la compréhension fine des mécanismes protecteurs (cf. Le système immunitaire) ;

(ii) la recherche de traitements pour limiter les réponses agressives du système immunitaire (irradiation, corticoïdes).

Dès lors, la greffe est devenue possible. Les Etats se sont dotés de réglementations pour encadrer les transplantations d'organes ; ils se sont également dotés d'organismes de collecte.

Bibliographie :

Anne-Marie Moulin, " Greffe/ Transplantation ", in Dictionnaire de la pensée médicale, sd. D. Lecourt, pp. 538-541.

Transcription

Claude Sérillon
La nuit dernière pendant près de 14 heures à l'hôpital Edouard Herriot à Lyon, une première mondiale en matière de chirurgie a été réalisée par une équipe internationale composée de spécialistes en microchirurgie, orthopédie et chirurgie de transplantation. L'opération a consisté à implanter la main d'une personne décédée sur un homme de nationalité australienne qui avait été amputé à la suite d'un accident, c'était en 1989. Il s'agit donc pas d'une greffe mais bien d'une réimplantation dont le succès ne pourrait être vérifié bien sûr que dans plusieurs mois. Voici en exclusivité, les images de cette opération, avec les explications de Benoît Guedré et Jean-Daniel Flaysakier.
Jean-Daniel Flaysakier
Clint Hallam vient d'entrer dans l'histoire de la médecine, il est le premier à avoir reçu la main et une partie de l'avant-bras d'un donneur décédé. Amputé en 1984 après un accident de tronçonneuse, il a été opéré hier à Lyon par une équipe franco-australienne. Pendant 13 heures, sous microscope, les spécialistes ont rabouté entre le greffon et le receveur, les veines, les artères et surtout les nerfs, fibres après fibres. Avant d'être opéré, Clint Hallam disait son émotion.
Clint Hallam
Etre le premier greffé de la main, je vis cela avec humilité.
Jean-Daniel Flaysakier
Techniquement tout c'est bien passé dit le docteur Owen.
Earl Owen
Le docteur va, le docteur, le donneur va très bien, on est très content, on avait de très grands sourires.
Jean-Daniel Flaysakier
Mais il faudra de longs mois pour savoir si la main réimplantée peut effectuer tous les gestes de la vie quotidienne.