Radio Fourvière et le réseau RCF à Lyon

05 janvier 1996
02m 07s
Réf. 00525

Notice

Résumé :

Désormais les 38 radios chrétiennes de France seront rassemblées sous le nom de Radios chrétiennes de France (RCF). Cette appellation unique a pour but de lutter contre la concurrence de Radio Notre Dame.

Date de diffusion :
05 janvier 1996
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Éclairage

On est surpris de voir programmer sur France 3 un Premier Mai, habituellement consacré aux manifestations syndicales ou plus prosaïquement à la vente du muguet, un reportage sur des radios chrétiennes. C'est parce qu'un regroupement des radios religieuses vient de s'effectuer sous l'égide de Radio Fourvière basée à Lyon. Sous le sigle RCF (Radios chrétiennes de France) et un logo modernisé, ce regroupement représente la majorité des radios catholiques présentes sur le territoire. C'est à la faveur de la fin du monopole d'État et de la libération des ondes à partir de 1981 que se sont implantées des radios religieuses pour essayer de contrer avec un média moderne la « crise catholique » (Denis Pelletier) perceptible depuis la fin du concile de Vatican II (1965) jusqu'à la mort du pape Paul VI (1978) et marquée par un processus de sécularisation et de transformation de l'Église. On est loin, ce Premier Mai 1996, du contexte dans lequel ont été créées ces radios « libres ».

En France, la radio et la télévision ont été jusqu'en 1981 sous le monopole et la tutelle de l'État, via le ministère de l'Information qui dirigeait l'ORTF jusqu'en 1974 (« la voix de la France » selon le président Georges Pompidou), scindé ensuite en sociétés nationales – dont Radio France - sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Font exception cependant les radios commerciales dites « périphériques » créées dans les années 1950 (Europe1, Radio Luxembourg, Radio Monte-Carlo) dont les émetteurs situés hors de France ne peuvent donc être poursuivis. À partir de 1978, à l'exemple de l'Italie, les émissions clandestines de « radios libres » se multiplient dans toutes les régions de France. La presse relaie largement cette « bataille des radios libres » et l'opposition socialiste soutient ce combat pour la liberté d'expression. Le succès de François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1981 fait espérer une libéralisation des médias qui se met en place cependant avec quelque difficulté.

À partir de 1982, la bande FM devient l'objet de convoitise de la part de groupes commerciaux et le gouvernement se doit de mettre de l'ordre et d'attribuer autoritairement les fréquences. À la régulation par l'État succède alors la régulation par le marché : dès lors nombre de radios indépendantes prennent un tournant commercial grâce à la publicité. Cependant, en marge des logiques commerciales, des dizaines de radios associatives à vocation locale, sociale et culturelle bataillent pour subsister.

D'autres radios à caractère religieux profitent de la fin du monopole d'État et adoptent également le statut associatif. Les radios chrétiennes dans toute la France et les pays francophones, produisent et diffusent des programmes d'informations religieuses et générales : par exemple à Avignon (radio Lumière), dans l'Ouest (réseau alpha), à Besançon ou encore Radio Fourvière à Lyon. Créée en 1982, cette dernière avec ses 14 ans d'existence est donc à l'origine du regroupement en 1996 de 38 radios chrétiennes qui, avec leurs 145 émetteurs, sont présentes sur les ¾ de l'hexagone. Se différenciant de Radio Notre-Dame à Paris, le réseau RCF se positionne sur un créneau moins conservateur, en se revendiquant comme œcuménique, c'est-à-dire en dialogue avec les autres églises chrétiennes. Ainsi, la libéralisation des ondes a permis, dans un pays laïc, l'éclosion d'une parole religieuse ouverte qui contribue, en partie, à la rénovation de l'Église catholique.

Bibliographie :

- Denis Pelletier, La Crise catholique ; religion société, politique en France (1965- 1978), Paris, Payot, 2002.

Michelle Zancarini

Transcription

Présentatrice
Moins rock and roll que d’autres, mais assurément plus œcuménique ; Radio Fourvière a été créée sous l’impulsion de monseigneur Decourtray en 1982 à Lyon. Aujourd’hui, elle est un puissant réseau d’une quarantaine de radios en France et en Belgique. Toutes désormais porteront le même nom RCF, Radio Chrétienne de France. Un nom unique, une stratégie pour se renforcer face à la concurrence de Radio Notre-Dame basée elle, à Paris. Jacques Paté, Pierre Lachaux.
(Musique)
Journaliste
Le serveur [incompris] des radios chrétiennes change de nom aujourd’hui ; Fourvière FM devient RCF, Radio Chrétienne en France.
Jacques Paté
RCF, c’est derrière ces trois initiales que vont désormais se ranger partout en France les 38 radios chrétiennes appartenant au réseau de radio Fourvière. Ces radios qui s’appelaient auparavant radio Alpha dans l’ouest, radio Horizon à Besançon ou radio Lumière à Avignon, auront à présent un nom unique, RCF.
Emmanuel Payen
C’est un nom commun qui va faire qu’on sera beaucoup plus connu et qu’on sera donc plus reconnu, une notoriété plus grande et nous espérons une audience qui pourrait augmenter.
Jacques Paté
Conquête des taux d’écoute, [incompris] plus commercial, un logo relooké, Fourvière ne donne plus dans l’angélisme. L’enjeu est important. En leur donnant un nom commun, Fourvière veut garder dans son giron les 38 radios qui pourraient être tentées de rejoindre la concurrence parisienne, Radio Notre-Dame. Le réseau Fourvière est en effet plus coûteux et son ton œcuménique ne plait pas à tous.
Emmanuel Payen
Nous n’avons pas du tout de guerre. Mais c’est vrai qu’il y a des différences et que la vision d’une radio chrétienne à Paris est un peu différente de Lyon. Nous, avec le réseau RCF, nous avons une vision œcuménique, c’est-à-dire que nous travaillons et nous avançons ensemble avec les autres églises chrétiennes. Et ça je crois que c’est un plus.
Jacques Paté
Radio Fourvière aborde avec sérénité cette guerre des ondes. Ses armes, 145 émetteurs, 1 million d’auditeurs par semaine sur les 3/4 de la France, 23 salariés, 250 bénévoles et 14 ans d’existence.