Une histoire migratoire régionale ancrée dans la longue durée

Une histoire migratoire régionale ancrée dans la longue durée

Par Stéphane Kronenberger, Docteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université

# Présentation

Dans le dernier tiers du XIXe siècle, la présence italienne se renforce considérablement dans la région en raison de la pénurie de main-d’œuvre pour effectuer les travaux agricoles, faire face aux défis de l’industrialisation, ou approvisionner la population en denrées essentielles. Les côtes méditerranéennes attirent également de riches touristes étrangers, qui s’établissent ensuite pour certains à demeure dans le Sud-Est de la France, alors que le dynamisme commercial de la région fait croître la présence germanique. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale entraîne un reflux de la présence étrangère, bientôt compensé par l’arrivée de soldats et de travailleurs venus d’ailleurs. Après la saignée démographique constituée par la Grande Guerre, les besoins de main-d’œuvre sont décuplés et un mouvement de refuge, aux provenances multiples, se fait jour puis s’amplifie au gré des crises politiques de l’entre-deux-guerres.

     

# Une large et ancienne empreinte italienne

Frontalière de l’Italie, dont le Comté de Nice a fait partie jusqu’en 1860, la région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur a été anciennement et profondément marquée par l’arrivée d’une main-d’œuvre nombreuse et diversifiée en provenance du Piémont, de Ligurie, de Toscane ou de la région de Naples, avec une nette accélération des flux à partir du dernier tiers du XIXe siècle au moment, en Italie, de la « Grande émigration ». En 1911, plus de 87 000 Italiens sont recensés dans les Alpes-Maritimes et près de 115 000 dans les Bouches-du-Rhône. Les Italiens sont de très loin la première nationalité étrangère représentée dans la région. Ils sont très nombreux dans les secteurs marqués par la pénibilité de l’activité exercée et la faiblesse des salaires distribués. Une large part des carriers, des cimentiers et des ouvriers du bâtiment, donnant naissance aux infrastructures (chemins de fer, routes, tunnels…) en plein développement, sont des Italiens. Il en est de même des dockers trimant, toute la journée, sur les quais du port de la Joliette à Marseille, ou des ouvriers de la construction et de la réparation navale. Les mines de bauxite varoises, de lignite près de Gardanne, de plomb argentifère ou d’autres minerais emploient une écrasante majorité de main-d’œuvre transalpine, tout comme certaines industries rurales, telles les tanneries, dont le centre névralgique est le village varois de Barjols. Ces Italiens constituent également les petites mains du tourisme de la Côte d’Azur, et celles indispensables au travail agricole, dont les pentes de l’arrière-pays laissent sans peine imaginer le labeur quotidien. De nombreux artisans et commerçants, dont les boulangers alimentant en pain la population locale, sont aussi originaires de la Péninsule. Les Italiennes sont loin d’être absentes, que l’on songe aux cueilleuses de fleurs à parfum employées à Grasse, aux ouvrières du secteur textile et des manufactures de tabacs, à celles des huileries, des savonneries et des raffineries de sucre marseillaises ou encore celles au service domestique de la bourgeoisie.

Si la population dans son ensemble est pleinement consciente de cette dépendance à l’égard de la main-d’œuvre italienne, d’aucuns dénoncent, en temps de crise, une concurrence déloyale sur le marché du travail et assimilent cette présence massive à une véritable « invasion ». Des réactions de violence xénophobe se produisent, attisées par le nationalisme comme en juin 1881 lors des « vêpres marseillaises ». La cause de cette chasse meurtrière à l’Italien dans les rues de Marseille est un incident à première vue anodin : des sifflets attribués aux Italiens sont entendus, alors que la foule est venue acclamer la flotte française de retour de Tunisie après une intervention militaire ayant permis d’établir le protectorat français au détriment de l’Italie. Lentement mais sûrement des rapprochements entre Français et Italiens s’opèrent toutefois lors de grèves menées en commun au nom de l’internationalisme ouvrier.

# Un cosmopolitisme de villégiature

Parallèlement aux migrations de travail, plusieurs dizaines de milliers de touristes étrangers fortunés sont présents chaque hiver sur le littoral méditerranéen, entre Hyères et Menton. Ils jouissent de la beauté des paysages, du climat sec et ensoleillé et des vertus thérapeutiques des bains de mer, tout en profitant d’un certain entre-soi propice aux activités de détente, dont la pratique des sports britanniques. L’aménagement, dans la région, de courts de tennis ou de terrains de golf remonte d’ailleurs à cette époque. Parmi cette population hivernante cosmopolite, les Britanniques sont en effet les plus nombreux, puisque ce sont certains de leurs médecins qui ont découvert ces endroits propices aux soins, et en ont fait la publicité auprès de leurs patients. La reine Victoria fait elle-même plusieurs séjours thérapeutiques sur le Côte d’Azur, initialement à Menton, Cannes et Grasse, puis à Nice où elle séjourne chaque année de 1895 à 1899 d’abord au Grand Hôtel de Cimiez puis à l’Excelsior Régina Palace construit à son intention, entre 1895 et 1897, sur la même colline. Mais la colonie étrangère des hivernants se compose également d’Américains, d’Allemands, d’Austro-Hongrois, de Russes ou d’Italiens, ainsi que de nombreux autres souverains ou têtes couronnées appartenant à différentes nationalités. En 2021, l’inscription d’un large périmètre de la ville de Nice, dont la célèbre Promenade des Anglais, sur la liste du patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO au titre de « ville de la villégiature d’hiver de Riviera » est venue consacrer cette part d’histoire régionale. 

# Présence germanique

Parfois oubliée, à cause de la très importante immigration italienne, la présence germanique dans la région à la veille de la Grande Guerre mérite d’être évoquée. Elle équivaut en effet à plusieurs milliers d’individus. En 1911 dans les seules Alpes-Maritimes, les personnes de nationalité allemande sont environ 6 500 et les germanophones sont encore bien davantage, puisque 1 600 Autrichiens et 4 500 Suisses sont recensés dans le département à la même date. Plus de 1 200 Allemands et 2 200 Suisses résident également en 1911 dans les Bouches-du-Rhône. La présence germanique est moins marquée par un profil ouvrier et davantage par l’exercice d’activités commerciales. Plusieurs maisons de commerce installées à Marseille sont ainsi originaires d’Allemagne et occupent parmi leur personnel des employés natifs d’outre-Rhin, alors que des compagnies allemandes de navigation exploitent des lignes maritimes au départ du port de la Joliette. Sur la Côte d’Azur, au-delà des hivernants, d’autres Allemands sont investis dans le tourisme, soit au bas de l’échelle comme réceptionniste ou femme de chambre, soit au sommet comme propriétaire ou directeur d’hôtel. Des brasseries sont également tenues ou possédés par des personnes de nationalité allemande, et il en est de même de boutiques plus modestes ou d’ateliers artisanaux disséminés dans différentes localités de la région. 

Cette présence germanique est considérée par les autorités comme une cinquième colonne qu’il s’agit d’étroitement surveiller, alors que, dans une atmosphère de plus en plus nationaliste, la germanophobie progresse au sein de l’opinion, et s’exprime y compris à l’encontre de Français ayant un nom à consonance germanique. Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale ces sujets ennemis présents dans la région sont d’ailleurs pour la plupart internés dans des camps s’ils n’ont pas pu quitter le territoire français au cours du premier jour de la mobilisation.

# Des étrangers dans la Grande Guerre

L’entrée dans le premier conflit mondial se traduit par le départ de la région des sujets ennemis, des étrangers mobilisés et des travailleurs désireux de regagner leur pays d’origine. Mais en août 1914 arrivent, en sens inverse, des soldats africains, indochinois, malgaches ou venus d’autres territoires de l’empire français pour porter secours à la métropole. Durant tout le conflit, le port de Marseille voit d’ailleurs arriver des contingents militaires venant des horizons les plus divers, à l’instar du corps expéditionnaire russe accostant à la Joliette en avril 1916. 

À partir du printemps 1915 des dizaines de milliers de bras étrangers et coloniaux viennent également contribuer à la mobilisation industrielle ou à l’impérieuse aide agricole dans les campagnes. Ces travailleurs occupés dans la région ou y transitant, vers des destinations plus septentrionales, sont encartés dès leur arrivée au port de Marseille. Ceci constitue un tournant majeur, car auparavant seuls les « nomades » avaient été soumis, à partir de 1912, à l’obligation de présenter à toute réquisition leur carnet anthropométrique, issu des travaux d’Alphonse Bertillon à la préfecture de police de Paris. L’idée est de contrôler les travailleurs coloniaux et étrangers, ainsi que de limiter leur mobilité pour renforcer leur productivité. Au terme du conflit, ces soldats et travailleurs sont très majoritairement renvoyés de l’autre côté de la Méditerranée, car les autorités redoutent que les colonisés nourrissent des idées de révolte en voyant la France affaiblie et en fréquentant les milieux anticolonialistes. Une petite communauté maghrébine subsiste en Sud-Provence Alpes Côte d’Azur durant l’entre-deux-guerres, et il convient de rappeler que l’arrivée à Marseille des premiers Kabyles remonte aux années qui précèdent la Première Guerre mondiale. Ils étaient alors venus, à l’appel du patronat marseillais, remplacer au pied levé des grévistes dans les huileries et les raffineries de sucre de la cité phocéenne. Des camps d’internés civils et de prisonniers de guerre, installés dans la région, renferment également de nombreux étrangers. Enfin le fort potentiel hôtelier régional est temporairement converti, au cours du conflit, à diverses fins. Ainsi y voient notamment le jour des hôpitaux militaires, où des soldats blessés français, mais aussi alliés viennent se faire soigner et effectuer leur convalescence. Parmi eux se trouvent de nombreux Américains amenant avec eux sur le Côte d’Azur un jeune sport appelé basket-ball et pouvant être utilisé dans le cadre de la rééducation. La nécropole du Trabuquet à Menton, où sont enterrés plus d’un millier de tirailleurs africains et asiatiques, rappelle que tous n’ont pas eu la chance de survivre à leurs blessures. 

# L’arrivée de réfugiés dans l’entre-deux-guerres

Dans l’entre-deux-guerres, les Italiens demeurent de loin la première communauté immigrée de la région et leur poids progresse au gré de l’arrivée d’une nouvelle vague de main-d’œuvre à la suite du désastre démographique suscité par la Première Guerre mondiale. L’avènement du régime de Mussolini entraîne aussi le franchissement de la frontière par des antifascistes à la recherche d’une terre d’asile. Ces derniers ont été devancés par des Russes blancs, défaits par les Bolchéviques dans la guerre civile et surtout par des Arméniens, rescapés du génocide perpétré par le gouvernement Jeunes-Turcs de l’Empire ottoman en 1915. Les Arméniens accostent au port de Marseille dès le lendemain de la Première Guerre mondiale, avec une nette accélération à partir de 1922. Entre 1922 et 1928, ce sont près de 60 000 Arméniens qui débarquent dans la cité phocéenne pour s’y établir ou y transiter vers d’autres villes de la région ou remonter la vallée du Rhône en direction de localités plus septentrionales, comme Valence dans la Drôme ou Romans dans l’Isère. Ils sont accueillis à leur arrivée à Marseille dans des camps, dont le plus célèbre est le camp Oddo, composé de différents baraquements et se trouvant dans le quartier du Canet sur un terrain concédé, durant le premier conflit mondial, au ministère de la Guerre par la compagnie des chemins de fer Paris Lyon Méditerranée (PLM). Il ne ferme qu’en 1927. Toutefois de nombreux Arméniens sortent progressivement des camps et s’établissent à leur proximité dans ce qui est alors des quartiers périphériques de la cité phocéenne, comme Beaumont, Saint-Loup, Saint-Jérôme ou Saint-Antoine. Au gré de la construction successive de maisons sur ces terrains bons marchés y naissent de « petites Arménies ». Ces quartiers sont alors rapidement marqués par la présence de nombreux artisans et commerçants arméniens et l’empreinte de cette activité demeure jusqu’à nos jours.

Tout en s’intégrant à la société française, ces réfugiés récréent un certain entre soi protecteur et empreint de solidarité communautaire. Les associations compatriotiques jouent un rôle essentiel pour organiser cette entraide ou lever des fonds pour construire des écoles ou des églises arméniennes. Ces nombreuses et diverses associations (club de football, club de danse, troupe de scouts, chorale…) sont aussi le cadre naturel de la transmission culturelle et politique entre les générations, alors qu’une riche presse arménienne circule au sein de ce microcosme. Aujourd’hui des dizaines de milliers de descendants d’Arméniens vivent dans la région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur, comme par exemple à Cannes et bien entendu à Marseille où 80 000 personnes sont d’origine arménienne. En 1985, le cinéaste Henri Verneuil, né Achod Malakian et qui vient de publier un livre autobiographique intitulé Mayrig (ce qui signifie « maman » en arménien), revient à Marseille la ville de son enfance et en arpente les rues sous le regard de la caméra. 

Cette importante diaspora arménienne maintient vivant le souvenir du traumatisme du génocide de 1915 et celui de l’exil. Cette lutte contre l’oubli passe ainsi par des rassemblements, notamment autour des lieux de mémoire érigés pour commémorer le génocide. À l’occasion de l’année de l’Arménie en France, en 2006, un important mémorial rappelant ces terribles massacres a été inauguré dans le quartier de Beaumont. À l’occasion du centenaire du génocide et en signe de soutien affirmé à la communauté arménienne, la municipalité de Marseille a fait de 2015 l’année de l’Arménie, avec à la clé une très riche programmation culturelle, mettant en valeur l’empreinte indélébile laissée par cette histoire commune. Le 24 avril, soit un siècle jour pour jour, après le début des massacres qui ont fait 1,5 million de morts, une marche de la mémoire est organisée de la place Castellane jusqu’au consulat de Turquie sur l’avenue du Prado, avec l’objectif de maintenir la pression pour qu’un jour les autorités turques reconnaissent enfin leur responsabilité dans l’une des plus grandes tragédies humaines du XXe siècle.

Dans les années 1930 trouvent également asile dans le Sud-Est de la France des réfugiés juifs ou antinazis allemands, autrichiens mais aussi natifs d’Europe centrale et orientale. Ils ont été contraints à l’exil par l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, en 1933, puis l’annexion de l’Autriche, ou Anschluss, et de la Tchécoslovaquie au Reich en 1938. Parmi eux se trouvent des personnes appartenant à toutes les classes de la société, y compris de grands artistes, écrivains et intellectuels comme ceux rassemblés à Sanary-sur-Mer dans le Var, à l’instar de Lion Feuchtwanger ou Thomas Mann. Les Alpes-Maritimes ont également vu affluer beaucoup de ces Austro-Allemands, car d’abord réfugiés dans l’Italie fasciste, ils ont ensuite franchi la frontière à Vintimille à la suite de la prise, en 1938, par le régime de Mussolini de lois et décrets antisémites. 

Mais en application du décret-loi du 12 novembre 1938, le gouvernement français conduit par le radical-socialiste Édouard Daladier décide bientôt de procéder à l’internement des étrangers « indésirables » que l’on ne peut renvoyer dans leur pays. Puis en septembre 1939, ce même gouvernement de la République réquisitionne la tuilerie des Milles près d’Aix-en-Provence pour y interner les ressortissants des pays entrés en guerre contre la France. Le camp se mue ensuite, sous le régime de Vichy, en antichambre des camps de concentration et d’extermination nazis. Inauguré en 2012 par le premier ministre Jean-Marc Ayrault, le Mémorial du camp des Milles est devenu un lieu de mémoire pour transmettre cette histoire plurielle in situ à destination du grand public et en particulier des scolaires. 

Dans la seconde partie des années 1930, la région est enfin marquée par l’afflux de Républicains espagnols vaincus par les Franquistes, même si ces derniers trouvent majoritairement refuge dans le Sud-Ouest où ils sont parqués dans des « camps sur la plage » ou dans celui de Rivesaltes. C’est en grande partie parmi ces différentes cohortes de réfugiés que se recrutent les contingents étrangers au sein de la Résistance à l’occupation de l’Allemagne nazie à partir de 1940. 

# Conclusion

La région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur reçoit dès la seconde moitié du XIXe siècle un important apport de main-d’œuvre en provenance de son voisin italien, alors qu’un tourisme de villégiature amène sur la Côte d’Azur des étrangers nettement plus fortunés. Dans l’entre-deux-guerres le flux en provenance d’Italie demeure dominant, mais l’immigration se diversifie sous l’effet des conséquences démographiques du premier conflit mondial et des soubresauts politiques de l’Europe ou de ses périphéries. La Grande Guerre a aussi constitué un moment singulier du point de vue migratoire, puisque son déclenchement a entraîné de nombreux départs forcés ou volontaires d’étrangers. Mais la longue durée du conflit a aussi nécessité un apport externe important pour combattre et pour produire.

# Bibliographie

  • Lydie Belmonte, La petite Arménie à Marseille. Histoire de la communauté arménienne à Marseille à travers le boulevard des Grands Pins à Saint Loup, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 2004.   
  • Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Yvan Gastaut, Naïma Yahi (dir.), France, terre d’immigration. Treize siècles de présence du Maghreb, de l’Égypte et de l’Orient, Paris, Philippe Rey Éditions, 2025.  
  • Stephan Boghossian, La communauté arménienne de Marseille. Quatre siècles de son histoire, Paris, L’Harmattan, 2009. 
  • Jean Boutier, Stéphane Mourlane (dir.), Marseille l’Italienne : Histoires d’une passion séculaire, Arles, Arnaud Bizalion Éditeur, 2021.
  • Laurent Dornel, Les étrangers dans la Grande Guerre, Paris, La Documentation française, 2014.   
  • Anouch Kunth, Au bord de l'effacement : Sur les pas d'exilés arméniens dans l'entre-deux-guerres, Paris, La Découverte, 2023.
  • Stéphane Mourlane, Céline Regnard, Empreintes italiennes : Marseille et sa région, Paris, Éditions Lieux Dits, 2013.   
  • Stéphane Mourlane, Fascisme et Italiens de Marseille : La Casa d’Italia, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2024.
  • Ralph Schor, Stéphane Mourlane, Yvan Gastaut, Nice cosmopolite 1860-2010, Paris, Éditions Autrement, 2011. 
  • Émile Temime (dir.), Histoire des migrations à Marseille, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 2007.