Défilé du corps de ballet de l'Opéra de Paris selon Lifar

28 février 1978
01m 03s
Réf. 00959

Notice

Résumé :

L'ex petit rat de l'Opéra Odette Joyeux (L'Age heureux) interviewe en haut du grand escalier du Palais Garnier Serge Lifar qui évoque le fameux Défilé du corps de ballet : « J'ai voulu faire la plus grande parade artistique de l'Opéra de Paris qui ressemblera aux grandes parades militaires sur la Place Rouge à Moscou ». Des extraits en noir et blanc - les petites filles puis les garçons de l'Ecole de Danse qui ouvrent le Défilé - filmés en 1977 illustrent les propos de Serge Lifar.

Date de diffusion :
28 février 1978
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Thèmes :

Éclairage

Etrange comparaison de la part d'un danseur russe qui a quitté son pays à l'âge de vingt ans pour fuir le bolchevisme ! Grandiose et discipliné comme l'Armée Rouge, oui le Défilé du corps de ballet possède ces qualités, mais avec un charme irrésistible et sans autre esprit guerrier que la conquête du public.

Le Défilé du corps de ballet de l'Opéra est un événement unique au monde, qui n'a lieu que pour les grandes occasions : réception d'un chef d'Etat, gala de charité, ou manifestation exceptionnelle pour célébrer un anniversaire, ou les adieux d'une étoile.

Le premier Défilé fut réglé par le maître de ballet Léo Staats, sur la Marche de Tannhauser de Wagner et fut donné deux fois : le 1er juin 1926 et le 7 juin 1927.

« Le clou de la soirée, rapporte la revue Comoedia illustré le 3 juin, fut la présentation au public de la scène de l'Opéra, entièrement ouverte jusqu'au foyer de la danse ; la glace du fond reflétait la salle et donnait une impression d'immensité : aux accents de la marche de Tannhaüser, sous la direction de M.Henri Büsser, le corps de ballet - presque au complet - défila et toutes les classes en furent applaudie, depuis l'admirable Mlle Zambelli jusqu'aux élèves ».

En 1945, Serge Lifar a l'idée de reprendre cette grandiose parade, cette fois sur la Marche des Troyens de Berlioz. Mais écarté de l'Opéra pour des raison politique, c'est le danseur, chorégraphe et maître de Ballet Albert Aveline qui en règle l'ordonnance pour la première, le 18 décembre 1945. De retour à l'Opéra, Serge Lifar l'utilise à de nombreuses reprises notamment pour ses propres adieux à la scène en 1958, paraissant seul, loin derrière les autres danseurs, sous les ovations du public.

En novembre 1973 le Défilé célèbre la fusion des deux troupes de l'Opéra et de l'Opéra Comique, et réunit alors 230 artistes sur scène. En octobre 1975, Rolf Lieberman ouvre la saison de ballet par la reprise du Défilé mais curieusement, comme à l‘origine, sur la Marche de Tannhauser à l'occasion d'un hommage à Serge Lifar.

Le 31 décembre 1999 Hugues Gall lève le rideau sur un des plus impressionnants Défilés : quelques trois cents artistes, des petits rats aux onze étoiles. Une première petite fille, de huit ans à peine, s'avance depuis le foyer de la danse, suivie par tous les élèves de l'Ecole, puis par le corps de ballet et tous les solistes jusqu'à la doyenne des étoiles, selon une stricte hiérarchie. Tous s'avancent vers la rampe pour saluer le public sous des applaudissements dont l'intensité souligne la popularité de chaque danseur. Les artistes se divisent alors en deux - dans un virage très périlleux pour garder l'alignement tout en regardant la salle ! - pour sortir les uns côté cour, les autres côté jardin, avant de remplir tous au finale le centre du plateau selon une harmonieuse et impressionnante mise en scène.

Un cérémonial unique au monde, qui ne peut se dérouler que dans les ors et les miroirs du Palais Garnier et de son foyer de la danse. Et le nombre des artistes est devenu si important que l'orchestre doit reprendre à plusieurs reprises la Marche de Berlioz !

René Sirvin

Transcription

(Musique)
Journaliste
Les soirées commençaient par le fabuleux Défilé du corps de ballet qui est en lui-même tout un opéra. 300 danseurs, depuis les élèves jusqu’aux étoiles.
(Musique)
Journaliste
Quelle a été votre intention en imaginant cette longue marche du ballet, qu’avez-vous voulu faire ?
Serge Lifar
Les plus grandes parades artistiques à l’Opéra de Paris qui ressembleront aux grandes parades militaires qui sont sur la Place Rouge de Moscou.
(Musique)
Serge Lifar
Et imaginez-vous ce que me fait le plus grand plaisir, c’est après le défilé, c’est les petits enfants, les garçons et les filles, à partir de 8 ans, ils se jettent sur moi dans les coulisses pour que je les embrasse. Ça, c’est les choses les plus touchantes, sûrement, qu’on peut imaginer.