Michel Sénéchal dans le rôle-titre de Platée de Rameau    

09 juillet 1977
04m 22s
Réf. 01018

Notice

Résumé :

Dans cet extrait d'une captation de Platée au Palais Garnier (Opéra de Paris), l'on assiste à l'entrée en scène du personnage-titre, nymphe ridicule devant être interprétée par un ténor aigu en travesti, en l'occurrence Michel Sénéchal, dont le nom demeure associé à la redécouverte de ce chef-d'œuvre de Jean-Philippe Rameau.

Date de diffusion :
09 juillet 1977
Source :

Éclairage

Créé le 31 mars 1745 à Versailles, le ballet bouffon Platée de Jean-Philippe Rameau est une œuvre unique dans tout le répertoire. Alors que le compositeur était devenu le plus grand maître de l'opéra français de son temps, et ce dès la création de sa première tragédie lyrique, Hippolyte et Aricie, en 1733 (il avait alors 50 ans), le voici qui s'illustre dans une comédie satirique, créée dans le cadre des festivités qui accompagnèrent le mariage du Dauphin. Le livret d'Adrien-Joseph Le Valois d'Orville met en effet en scène une nymphe disgrâcieuse à qui Jupiter feint de faire la cour dans le seul but de détromper la jalousie de son épouse Junon.

Dans cet ouvrage riche en personnages cocasses et en danses loufoques, Rameau s'amuse à détourner les codes de la tragédie lyrique inventée par Lully au siècle précédent, genre dans lequel il s'est aussi illustré à plusieurs reprises. C'est notamment pour renverser un de ces codes qu'il confie le rôle de la nymphe des marais à une haute-contre travestie, c'est-à-dire un ténor aigu, tessiture habituellement dévolue aux héros de la tragédie lyrique.

Lorsque l'œuvre a été redécouverte, après un siècle et demi d'oubli, la distribution de ce rôle unique en son genre constituait un vrai défi, car on en avait perdu la tradition. Mis à part quelques représentations ou concerts à vocation expérimentale au début du siècle (à Munich et Monte-Carlo notamment), c'est en 1956 que Platée a connu sa véritable « résurrection » au Festival d'Aix-en-Provence, sous la direction de Hans Rosbaud, dans une production de Jean-Pierre Grenier et des décors de Jean-Denis Maclès. Cette production a fait l'objet d'un disque rapidement devenu légendaire. Le rôle-titre avait alors été confié à un jeune ténor français à l'aigu facile, au timbre lunaire et dont la petite taille le condamnait à des rôles de caractère : Michel Sénéchal. Sa composition dans le rôle de la nymphe batracienne est entrée dans les annales, grâce notamment à sa diction légendaire et à sa drôlerie poétique. Michel Sénéchal a repris le rôle dans les années suivantes à Lyon, Nancy, Strasbourg, Versailles et finalement Paris en 1977, dans une nouvelle production d'Henri Ronse et sous la direction de Michel Plasson. Ce spectacle, qui a été filmé intégralement, immortalise l'incarnation de Sénéchal plus de vingt ans après sa prise de rôle. On y retrouve sa bonhommie tranquille et sa parfaite maitrise technique, qualités évidentes dès l'ariette badine « Que ce séjour est agréable » que chante Platée à son entrée en scène, air bouffi de coquetterie prétentieuse.

Alain Perroux

Transcription

(Musique)
(Bruit)