L'histoire mouvementée du Théâtre de l'Opéra-Comique
Notice
Après une courte évocation du passé prestigieux de l'Opéra-Comique par le son (Carmen) et l'image (gravures et promenade entre fresques et statuaire du lieu), des coupures de presse évoquent la fermeture du Théâtre, ce sur quoi Marcel Landowski, Directeur de la musique, de l'art lyrique et de la danse, explique que le destin de la seconde salle de la RTLN sera à partir de 1972 celui d'un Opéra Studio, dédié à la formation et à la création contemporaine, illustrée par un extrait du Syllabaire pour Phèdre de Maurice Ohana, jouée sur la scène de la Salle Favart.
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Éclairage
Fondé en 1714, l'Opéra-Comique a une histoire chaotique, jalonnée de fermetures, de fusions (avec la Comédie-Italienne en 1762, avec le Théâtre Feydeau en 1802) et de déménagements de salle en salle, jusqu'à son installation définitive place Boieldieu en 1783 dans la première Salle Favart - du nom de Charles Favart, qui lui rendit son aura en 1745 ), et d'incendies dévastateurs (en 1838, en 1887). La salle actuelle, la troisième Salle Favart, est inaugurée en 1898.
Destiné au départ aux pantomimes et à la parodie, obligée par volonté royale d'intercaler des textes parlés entre les morceaux de musique, l'Opéra-Comique voit peu à peu se créer un genre particulier du même nom, fixé par décret en 1807, parallèle à l'opéra, plus léger de ton, contraint au mélange parlé / chanté, et qui connaît ses heures de gloire absolue durant tout le XIXe siècle et la première partie du XXe siècle. Adolphe Adam, Daniel François-Esprit Auber, Louis-Ferdinand Hérold, Georges Bizet, Ambroise Thomas, Jules Massenet en sont les principaux créateurs, et plus occasionnellement Gaetano Donizetti, Hector Berlioz, Victor Massé, Jacques Offenbach, Emmanuel Chabrier, Paul Dukas, Alfred Bruneau, Claude Debussy, Maurice Ravel... Tout un pan extrêmement riche du répertoire français y est créé, tels La Fille du régiment, Carmen, Les Contes d'Hoffmann, Louise, Manon, Mignon, Le Roi d'Ys, Pelléas et Mélisande, L'Heure espagnole ...
En 1936, suite à de graves difficultés financières, l'Opéra et l'Opéra-Comique sont réunis dans une même structure, la Réunion des Théâtres Lyriques nationaux (RTLN), qui est dirigée par Jacques Rouché puis par tous les administrateurs qui se succèdent jusqu'en 1972. À l'Opéra-Comique se jouent - généralement en français - aussi bien Mozart (Les Noces de Figaro) que Strauss (Capriccio), Rossini (Le barbier de Séville), ou Menotti (Le dernier sauvage)...
Mais la désaffection du public pour la seconde scène nationale, son répertoire un peu délaissé par la modernité, ses moyens réduits, sa troupe appauvrie, amènent à une première fermeture en 1971. Un Opéra-Studio est créé en 1972, dirigé par Louis Erlo, qui ferme en 1978 pour que le Théâtre fusionne à nouveau avec l'Opéra, créant ainsi une entité nouvelle, le Théâtre national de l'Opéra, dans laquelle la salle Favart retrouve sa spécificité, entre une Carmen de haut niveau montée par Rolf Lieberman en 1980, et la recréation d'Atys de Lully en 1987. Mais en 1990, la scission est à nouveau prononcée, à l'occasion de la création de l'Opéra-Bastille. Association loi de 1901, puis EPIC, le Théâtre national de l'Opéra-Comique, redevenu en 2005 L'Opéra-Comique, est dirigé par Thierry Fouquet, Pierre Médecin, Jérôme Savary, et Jérôme Deschamps, qui tous adaptent son répertoire à la tradition de l'opéra comique français (Carmen), aux œuvres internationales de moyenne dimension (Britten), à l'opéra baroque et à la redécouverte du répertoire maison du début du XIXe siècle.
Le présent reportage fait se côtoyer deux représentants fort différents du paysage des compositeurs français de la seconde partie du XXe siècle.
Avec Marcel Landowski (1915-1999), qui est Directeur de la musique à la Comédie-Française, puis de 1965 à 1975 Directeur de la musique, de l'art lyrique et de la danse (le premier depuis Lully) au Ministère de la Culture fondé par André Malraux - où il met en place une réforme globale de la musique en France, créant entre autres l'Orchestre de Paris en 1967 - c'est un compositeur dans la grande tradition classique tonale, influencé par Honegger qui apparaît. Son catalogue comporte quatre symphonies, huit concertos, et sept opéras, dont Le Fou, les Adieux, et Monségur, et un grand nombre d'œuvres lyriques et chorales
Maurice Ohana (1914-1992) est au contraire un compositeur plus indépendant, très éloigné des milieux officiels, qui s'affranchit vite des tendances en vogue de l'après-guerre. Il crée un univers personnel sensible enraciné dans la tradition méditerranéenne, mais ouvert aux recherches sur la sonorité, de l'onomatopée à la percussion, des micro-intervalles à l'électro-acoustique. Et il cultive les ressources de la voix humaine dans des œuvres lyriques comme Syllabaire pour Phèdre (1967), Autodafé (1972), Trois contes de l'honorable fleur (1978) et La Célestine créée en 1988 à l'Opéra de Paris.