Le congrès du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) à Bamako [muet]

C'est du 25 au 30 septembre 1957 que se déroule à Bamako, au Soudan français (actuel Mali), le 3e congrès du Rassemblement démocratique africain (RDA). Fondé en octobre 1946, à Bamako justement, ce mouvement regroupant divers partis africains fédère la quasi-totalité des forces politiques dans le cadre des nouvelles institutions de l'Union française mises en place après la guerre (voir la notice sur l'Union française). C'est sous sa bannière - celle de l'éléphant - qu'ont été conduites les principales batailles électorales des années 1950 et les principaux combats pour l'émancipation. L'administration coloniale ne s'est d'ailleurs pas privée d'entraver le processus électoral avant 1956 - et la mise en place de la loi-cadre Defferre (voir la notice La Loi-cadre Defferre de 1956), notamment à l'époque où le RDA était encore apparenté au Parti communiste français.

En 1957, le RDA est à la fois puissant de ses succès électoraux récents aux élections législatives de 1956 et aux élections territoriales de 1957, et divisé un an après la mise en place de la loi-cadre. La nouvelle donne politique - avec pour perspective réaliste une évolution désormais rapide vers l'indépendance - trace deux chemins divergents à l'ensemble des territoires : soit une évolution future dans un cadre commun de type fédéral (contours de l'ex-AOF et de l'ex-AEF) ; soit, à l'inverse, des évolutions nationales individuelles, chacun restant lié bilatéralement à la France selon les principes mêmes posés par la loi-cadre.

Derrière les images de liesse et de rassemblement visible dans ce court documentaire muet, c'est bien un congrès sous tension qui se réunit en septembre 1957. Il voit s'exprimer des divergences profondes entre l'ensemble du parti (notamment des sections sénégalaise et soudanaise) et la section ivoirienne dirigée par Félix Houphouët-Boigny - dont la stature politique s'est trouvée renforcée par son entrée au gouvernement français à partir de 1956. Houphouët-Boigny est pour sa part partisan d'une émancipation négociée territoire par territoire.

Le Congrès affirme d'abord la nécessité de conserver des liens étroits avec la France, dans un cadre franco-africain solide. C'est la vision fédéraliste - celle du Soudanais Modibo Keïta ou du Sénégalais Senghor - qui commence à s'affirmer à Bamako. Cette vision triomphe d'ailleurs dans un premier temps, en 1958 ; elle conduit à l'éclatement de l'unité du RDA au profit d'une nouvelle et éphémère structure, le PRA, Parti du Regroupement africain, et à la création de la Fédération du Mali. le projet fédéraliste fait rapidement long feu, à mesure que s'affirment les nouveaux États devenus indépendants.