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Arrivée de la marche des Beurs à Paris

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 déc. 1983

Le 3 décembre 1983, la marche des Beurs arrive à Paris, rejointe par 100 000 personnes qui manifestent entre Bastille et Montparnasse.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
03 déc. 1983
Production :
INA
Page publiée le :
2005
Modifiée le :
27 nov. 2023
Référence :
00000000444

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Au début des années 1980, les jeunes issus de l'immigration, en particulier maghrébine, nés ou venus en bas en âge en France, prennent conscience qu'ils vont y rester définitivement. Habitant une banlieue défavorisée et se sentant victimes de racisme et de discriminations, ils revendiquent la pleine égalité de leurs droits.

C'est ainsi que naît, en 1983, dans le quartier des Minguettes, à Vénissieux (Rhône), chez une quinzaine de jeunes d'origine maghrébine l'idée, inspirée de Gandhi et de Martin Luther King, d'une « marche pour l'égalité et contre le racisme », rebaptisée par la suite « marche des Beurs » d'après le mot en verlan désignant un jeune Arabe né en France de parents immigrés. Leur objectif était de traverser la France à pied pour dénoncer le racisme – les crimes racistes se sont en effet multipliés durant l'été 1983 – et demander en particulier le droit de vote pour les immigrés et la carte de séjour de dix ans.

Organisée par Toumi Djaïdja, un jeune des Minguettes qui avait été blessé grièvement par un policier en juin 1983, et par le père Christian Delorme, prêtre dans ce quartier, cette marche débute à Marseille le 15 octobre 1983 dans une certaine indifférence. Elle connaît cependant un rapide succès, les 32 marcheurs partis de Marseille étant rejoints par de nombreux autres et recevant durant leur parcours le soutien de nombreuses personnalités politiques, syndicales, religieuses et intellectuelles.

À leur arrivée à Paris, le 3 décembre 1983, 100 000 personnes manifestent avec eux entre Bastille et Montparnasse. Georgina Dufoix, ministre des Affaires sociales, assure à cette occasion que de nouvelles mesures contre le racisme vont être prises. Huit marcheurs sont ensuite reçus par le président de la République, François Mitterrand, qui leur octroie la création d'une carte unique de séjour valable dix ans, mais pas le droit de vote pour les étrangers.

Cette marche marque véritablement l'entrée dans l'espace public de la deuxième génération issue de l'immigration des Trente Glorieuses : même si elle ne parvient pas à mettre en place un mouvement national, elle fait prendre conscience aux Français de la réalité des discriminations envers des jeunes en majorité français, mais aussi de leur réelle volonté d'intégration.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce reportage s'ouvre par un plan filmé rue Monge, à Paris, de la manifestation du 3 décembre 1983 en soutien de la Marche des beurs. Puis sont diffusés les préparatifs de cette manifestation par les marcheurs : Toumi Djaïdja, figure emblématique de la Marche, s'adresse ainsi à ses camarades. Le reportage revient ensuite sur la manifestation proprement dite. La caméra s'attarde sur plusieurs banderoles illustrant les revendications des marcheurs, à commencer par celle tenue en ouverture du défilé, qui reprend l'intitulé de leur action : « Marche pour l'égalité et contre le racisme ».

Le reportage insiste en outre sur la diversité des sentiments : l'ambiance festive, symbolisée par une grosse paire de baskets, côtoie le deuil et le recueillement des manifestants, incarnés par les banderoles d'hommage aux jeunes Maghrébins victimes de crimes racistes. Ce sujet s'attache également à montrer que les manifestants ne sont pas seulement des jeunes issus de l'immigration : une femme âgée française affirme ainsi sa solidarité avec le mouvement, de même qu'une pancarte proclame « Raciste...moi ? Jamais ! ». Enfin, la présence aux côtés des marcheurs de membres du gouvernement et d'élus de gauche comme de droite atteste la reconnaissance publique de cette Marche.

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