La marche pour l'égalité reçue à l'Elysée

03 décembre 1983
41s
Réf. 00092

Notice

Résumé :
Images de la délégation de la marche pour l'égalité et contre le racisme reçue par François Mitterrand à l'Elysée et brève réaction de Toumi Djaïdja : "Le message de cette marche a été entendu, même par le président François Mitterrand".
Date de diffusion :
03 décembre 1983
Source :
Antenne 2 (Collection: JT 20H )

Éclairage

Depuis la seconde partie des années 1970, l'Est de l'agglomération lyonnaise constitue le théâtre d'affrontements entre des jeunes, pour la plupart issus de l'immigration, et la police. Vénissieux (quartier des Minguettes) et Vaulx en Velin (cité de la Grappinière) constituent les deux principales zones où se déroulent également les fameux "rodéos" de voitures qui feront un temps la Une des reportages sur le "mal des grands ensembles". C'est également sur ces lieux que se déroulent les émeutes urbaines de l'été 1981 qui amèneront le gouvernement en octobre 1981 à accélérer l'annonce du calendrier des mesures en faveur des quartiers dégradés.

Au cours de l'été 1983, de nouveaux affrontements opposent jeunes et policiers au sein du quartier de la ZUP des Minguettes à Vénissieux. Toumi Djaïdja, le jeune président de l'association "SOS Avenir Minguettes", est grièvement blessé par un policier. En octobre 1983, sur le modèle des mouvements de lutte non-violents nord-américain et indien, il est décidé par un certain nombre de responsables locaux dont le Père Delorme, d'organiser "une marche pour l'égalité et contre le racisme". Celle-ci partira de Marseille et arrivera symboliquement à Paris pour la fin de l'année civile. Dans le contexte de la montée des actes racistes et de la percée du Front national sur le plan électoral (notamment aux dernières municipales à Dreux), la principale revendication des marcheurs consiste à revendiquer le principe d'égalité pour toutes les populations issues des quartiers populaires. Parmi les principales mesures à court terme, il est réclamé l'octroi pour tous les intéressés l'obtention d'une carte de séjour et de travail pour 10 ans.

A son arrivée dans la capitale et après un défilé de 100 000 personnes, une délégation avec Toumi Djaïdja est reçue au Palais de l'Elysée par François Mitterrand lui-même. Au cours de l'entretien, ce dernier promet la carte de séjour pour 10 ans ainsi que la création d'une loi contre les crimes racistes. Le principe d'un vote des étrangers aux élections locales est également évoqué. Cette marche n'aura en réalité guère de suites, en particulier sur le plan politique. "SOS racisme", créé dans l'orbite de l'Elysée, va reprendre un certain nombre de thèmes portés par les marcheurs, en particulier concernant la lutte contre le racisme.
Thibault Tellier

Transcription

Bernard Rapp
Oui je vous le disais, une délégation de ces marcheurs a été reçue il y a quelques minutes par François Mitterrand à l’Élysée. Elle est composée de 8 personnes, 4 Français et 4 immigrés dont le jeune Toumi Djaidja, des Minguettes à Vénissieux, qui est à l’origine effectivement donc de cette marche. Nous allons écouter leurs réactions.
(Bruit)
François Mitterrand
Alors dites-moi un peu, vous…
Toumi Djaidja
Eh ben, écoutez, en partant de Marseille, il s’est passé qu’on a, qu’on lançait un message de paix, un message pour l’égalité contre le racisme. On voit qu’aujourd’hui, par le nombre qui est venu, euh, il a été entendu et même par le Président Mitterrand, voilà, merci.