Un taureau gracié à Dax

08 septembre 2008
01m 49s
Réf. 00326

Notice

Résumé :

Grande première dans l'histoire des arènes de Dax, le taureau Desgarbado a été gracié, lors de la dernière corrida de la saison landaise 2008. Face au jeune torero Miguel Angel Perera, l'animal a en effet convaincu les hommes de sa bravoure et de sa noblesse.

Date de diffusion :
08 septembre 2008
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Éclairage

Gracier un taureau est un acte symbolique extrêmement rare, et les arènes de Dax, ville de tradition taurine ancienne et profonde, ne l'ont connu qu'en une seule occasion dans leur histoire presque séculaire de leurs arènes. Cela se passe le dimanche 7 septembre 2008, dans le cadre du festival "Toros y salsa". Le taureau s'appelle Desgarbado et provient de l'élevage de Victoriano del Rio ; c'est le matador natif d'Extremadura Miguel Angel Perera qui en hérite lors du tirage au sort. A la fin de sa faena, au moment de la mise à mort, une majorité du public réclame l'indulto, c'est-à-dire la grâce du taureau qui avait montré toute sa noblesse dans cette partie de la corrida. Le président et ses assesseurs accèdent à sa volonté après une longue et mûre réflexion. La bête sauvée rentre alors dans les corrales, afin d'y être soignée avant de regagner ses pâturages du nord de Madrid et d'y devenir reproducteur.

Cette année-là, Desgarbado fait partie des 16 taureaux de corrida graciés, dont 2 seulement dans des arènes de 1e catégorie, lui-même à Dax et un congénère à Barcelone. Il faut dire que cette pratique de l'indulto est très précisément encadrée. C'est l'article 85 du règlement taurin établi par décret royal du 28 février 1992 qui en fixe les règles.

Tout d'abord, elle ne peut exister que dans des arènes de 1e ou de 2e catégorie et ne doit s'appliquer qu'à une bête qui a montré sa fougue et sa noblesse dans toutes les phases du combat (ce qui semblait ne pas être la cas à Dax et qui entraîna les hésitations de la présidence) ; si ces conditions sont réunies, la sollicitation de la grâce doit ensuite être faite par la majorité du public, sur la demande du matador et avec l'accord du ganadero ou du mayoral du troupeau. Le président doit alors sortir un mouchoir de couleur orange et le matador faire un simulacre de mise à mort avec une banderille à la place de l'épée avant que la bête ne sorte de la piste pour être soignée.

François Bordes

Transcription

(Bruit)
Journaliste
Cette image d’un taureau gracié qui rentre vivant au toril, on ne l’avait encore jamais vu dans ces arènes de Dax inaugurées pourtant le 11 mais 1913. C’est dire l’évènement qu’ont vécu hier soir les 8000 spectateurs de cette dernière corrida de la saison landaise. Desgarbado, qui signifie en espagnol dégingandé était le sixième et dernier taureau de cette corrida de l’élevage espagnol de Vitoriano del Rio. Très vite, le jeune matador Miguel Angel Perera comprit qu’il avait rencontré là un adversaire exceptionnel. Chargeant inlassablement et fixement la muleta, Desgarbado a convaincu l’arène entière que sa bravoure méritait l’indulgence suprême, la grâce accordée dans les arènes de façon rarissime.
Vincent Bourg
C’est vraiment exceptionnel d’arriver à trouver chez un taureau de combat toutes les qualités réunies, de bravoure, de noblesse. Et je crois qu’avec ce taureau hier à Dax, et bien les aficionados qui sont avant tout des amoureux du taureau ont trouvé là la perle rare, l’exception et pour eux, ce sera un grand moment, un grand jour.
(Musique)
Journaliste
Desgarbado finira donc sa vie comme reproducteur, c’est le destin des taureaux graciés dans les pâturages de Guadalix de la Sierra dans la province de Madrid où il est reparti dès hier soir après avoir reçu les soins des vétérinaires de l’arène de Dax.
(Bruit)
Journaliste
On a beaucoup de mal à le croire mais c’est ce paradoxe dont rêvent les passionnés de corridas. Un taureau qui sort vivant des arènes après avoir, par la profondeur de sa bravoure, triomphé de la mort qui lui était promise.
(Bruit)