Exposition de la collection de fossiles de Jacques-François Borda d'Oro

04 mai 2003
01m 54s
Réf. 00557

Notice

Résumé :

A l'occasion du Printemps des musées, le musée Borda présente une cinquantaine de fossiles réunis au 18ème siècle par le naturaliste Jacques-François Borda d'Oro. Oubliée depuis cinquante ans dans les réserves du musée, cette collection constituée de dents de requins, d'épines d'oursins et autres coquilles de mollusques, témoigne d'une histoire géologique passée de près de 20 millions d'années, à une époque où la mer recouvrait le pays.

Date de diffusion :
04 mai 2003
Lieux :

Éclairage

L'achat du cabinet d'histoire naturelle de Jacques-François de Borda d'Oro (1718-1804) fut à l'origine de la création en 1807 du musée municipal de Dax, le musée de Borda [1]. La collection de fossiles et les manuscrits du naturaliste constituèrent ainsi le premier noyau du musée, augmenté en 1879 par le don des collections, présentes et à venir, de la société de Borda.

Le naturaliste Jacques-François de Borda d'Oro est issu d'une famille illustre de la région, comptant de nombreux maires et magistrats de Dax. Bien que son penchant naturel l'ait amené très tôt à étudier les sciences, il fut contraint de poursuivre une carrière de magistrat. Son influence fut déterminante dans la formation scientifique de son célèbre cousin le Chevalier Jean-Charles de Borda, mathématicien, officier de marine et inventeur du Cercle de réflexion.

Borda d'Oro faisait partie du vaste réseau intellectuel des Lumières. Il fut en relation avec les plus illustres scientifiques du XVIIIe siècle, comme d'Alembert, Cuvier et Lamarck et participa aux grands débats scientifiques de son temps. Il entretint avec cette élite parisienne des relations le plus souvent épistolaires. Comme correspondant de l'Académie des sciences, puis de l'Institut de France, il leur faisait parvenir des échantillons divers et échangeait avec eux sur des hypothèses scientifiques. Il eut même l'honneur de recevoir certains de ces scientifiques dans son château d'Oro, pour leur montrer son cabinet d'histoire naturelle.

Comme tout homme des Lumières, Borda d'Oro fut curieux de domaines aussi divers que la botanique, la zoologie, la géologie, l'agriculture, la météorologie, et poursuivit des recherches dans ces disciplines. Faute d'avoir été publiés, ses travaux très souvent précurseurs sont cependant restés méconnus, contrairement à ceux de son cousin. Il eut ainsi par exemple l'intuition que les nombreux silex qu'il observait sur certains sites autour de Dax était des outils fabriqués par des hommes préhistoriques, à une époque où l'ancienneté de l'Homme n'était pas encore reconnue et un siècle avant les écrits de Boucher de Perthes, le "Père de la Préhistoire".

Mais Borda d'Oro s'intéressa surtout aux roches et fossiles. Ses Mémoires sur la géologie et les fossiles des environs de Dax, un manuscrit en trois tomes, détaillent et étudient les roches et fossiles de son cabinet d'histoire naturelle. L'apport de Borda d'Oro dans l'histoire de la géologie est considérable. Il apporta par exemple à ses éminents confrères bordelais et parisiens des données de terrain concrètes permettant de prouver l'avancée des mers dans les temps géologiques, en collectant dans sa région et décrivant des échantillons d'animaux marins, comme des espèces fossiles de dauphins ou d'oursins, ou en leur faisant partager par exemple ses observations sur des organismes qui furent plus tard nommés nummulites [3] par Lamarck.

Les fossiles de Borda d'Oro présentés pour la première fois au public lors du Printemps des musées 2003 sont tout ce qui reste d'une collection estimée au départ à 1240 fossiles et 486 spécimens de roches, minéraux et concrétions. La collection du naturaliste, riche et remarquablement organisée selon les scientifiques de l'époque qui en témoignent, documentait avec minutie les lieux de collecte des spécimens.

Un inventaire mené au début des années 2000 au musée a permis de constater qu'il ne restait que 46 de ces fossiles. Ceux-ci ont pu être identifiés à partir des manuscrits de Borda d'Oro. Les vicissitudes de l'histoire du musée de Borda ont eu raison de la majeure partie de cette précieuse collection, le musée ayant constamment été déplacé au cours du XXe siècle et ses collections malmenées pendant la Seconde Guerre mondiale.

Cette collection de fossiles, au-delà de son intérêt historique, présente un intérêt scientifique indéniable. Comme le rappelle Elisabeth Neuville, conservatrice du musée de Borda entre 1995 et 2005, elle renvoie à l'histoire géologique de la région. La présence de fossiles marins, comme des oursins et des mollusques bivalves, dans des couches géologiques du Tertiaire des Landes témoigne du fait que la région était recouverte à cette époque par la mer.

En 2003, le musée de Borda était encore localisé au 27 rue Cazade, dans l'hôtel Saint-Martin d'Agès, où se trouve aussi la Société de Borda. Les salles d'exposition ouvertes au public se situent désormais au 11 bis rue des Carmes, dans l'ancienne Chapelle des Carmes.

[1] Site Internet du musée de Borda

[2] Sur la vie et l'œuvre de Jacques-François De Borda d'Oro, voir le numéro spécial paru pour le bicentenaire de sa mort dans le Bulletin de la Société de Borda, 2005, 4e trimestre, n° 480, en particulier "Jacques-François de Borda d'Oro, un esprit scientifique éclairé à la fin du XVIIIe siècle", par Bruno CAHUZAC.

[3] Les Nummulites constituent une famille de foraminifères (organismes unicellulaires presque exclusivement marins) carbonatés caractéristique du Paléogène (entre 65 et 23,5 millions d'années).

Laetitia Rodriguez

Transcription

Présentateur
Les musées ont dû rivaliser avec le soleil aujourd’hui pour attirer les visiteurs pour la cinquième édition du Printemps des musées. Certains s’étaient parés de leurs plus beaux atours, comme le musée de Borda à Dax, qui présentait pour la première fois une collection de fossiles d’un naturaliste landais du XVIIIe siècle. Laurianne de Casanove et Martine Chambon.
Journaliste
Il a fallu des mois de travail, des mois pour nettoyer, classer, recenser les milliers de fossiles oubliés depuis 50 ans dans les réserves du musée. Une longue chasse pour trouver un trésor.
Ignaki Zubillaga
La mission, c’était donc de remettre en valeur ces objets-là et surtout de trouver des indices. Alors les indices, c’étaient des numéros gravés ou écrits à l’encre de Chine de Borda d’Oro, donc des écrits du XVIIIe siècle.
Journaliste
La collection du naturaliste landais, Jacques-François Borda d’Oro, dormait dans le grenier. Aujourd’hui, elle est exposée pour la première fois à l’occasion du Printemps des musées, une cinquantaine de fossiles ont été retrouvés. Au XVIIIe siècle, la collection en comptait plus de 1200 : dents de requins, oursins, mollusques, des traces d’un autre temps.
Elisabeth Neuville
Cela nous renvoie à une histoire géologique, à une histoire du continent, de la mer qui recouvrait toutes nos régions il y a 20 millions d’années, donc c’est quand même un mystère pour nous. Une baleine, un hippopotame… Un hippopotame ici, imaginez un hippopotame dans le lac de Léon, on ne peut pas l’imaginer aujourd’hui.
Journaliste
Devant la vitrine, le temps s’arrête et les visiteurs se mettent à rêver.
Inconnu 1
Ce sont les premières découvertes des naturalistes du XVIIIe siècle, je trouve… La naissance d’une science, je trouve ça très intéressant.
Inconnu 2
Là où on voit des montagnes, on peut penser qu’il y a des millions d’années, il y avait la mer et ainsi de suite. C’est vraiment un rêve incroyable !
Journaliste
Cette année, le Printemps des musées avait un parfum de mystère. Avec seulement 10 % de sa collection exposée, le musée Borda n’a pas encore livré tous ses secrets.