Herm, Landes : fabrication de voiliers

05 janvier 1968
04m 29s
Réf. 00721

Notice

Résumé :

C'est dans la ville de Herm qu'une usine de fabrication de voilier de compétition en polyester stratifié a vu le jour. Ces voiliers sont fabriqués à partir d'un moule, avec une particularité : la peinture du voilier est posée directement sur le moule, et non sur le voilier achevé. Après être moulée puis démoulée, la coque du bateau va suivre plusieurs étapes de fabrications pour être finalisée : collage, assemblage, perçage... Reportage avec commentaires en voix off, au sein de l'usine qui fabrique les voiliers, où l'on assiste à toute les phases d'assemblage et de travail sur le voilier.

Date de diffusion :
05 janvier 1968
Source :
ORTF (Collection: JT Aquitaine )
Lieux :

Éclairage

Situé au cœur du triangle Dax, Castets, Magescq, Herm (1) est une commune de l'ancienne baronnie du Marensin. Bien qu'assez proche de la cité thermale, il demeure majoritairement entouré de pinhadars. D'où le fait qu'il y ait eu des usines de gemme ou une activité de fabrication du charbon de bois valant aux habitants le chafre (sobriquet) de Carboèrs (charbonniers). Dans les années 1960, comme en bien d'autres lieux du massif forestier des Landes de Gascogne, l'activité liée aux produits résineux périclite ou du moins se concentre sur des unités très spécialisées (2). En effet, la concurrence des matières plastiques issues du pétrole est en plein essor. La souplesse et la relative facilité d'utilisation des résines de polyester permettent bien des fabrications. Certaines sont en phase avec le développement d'objets ou engins de loisirs, les bateaux de plaisance par exemple.

Certes des chantiers navals importants, constructeurs de voiliers fins et rapides, connaissent un essor remarquable sur les côtes de Bretagne ou en Vendée, mais il existe aussi des ateliers de fabrications plus modestes. Celle de dériveurs légers qui, avec le développement des loisirs et des séjours à la mer ou au bord de vastes plans d'eau (3), connaissent un réel engouement.

Le cas de l'usine fabriquant des voiliers à Herm illustre bien cette évolution. À voir les images de l'atelier où s'activent les ouvriers travaillant qui à la meuleuse, qui au vilebrequin ou même à la main, il ne semble pas qu'on soit dans un établissement de grosse production. Le stade artisanal, en somme. Sans doute un gage de qualité.

Recrutés probablement dans le village même ou la contrée proche, ouvriers et même ouvrières paraissent s'être adaptés à ces "miraculeux" nouveaux matériaux qu'on découpe comme du tissu, que l'on colle avec des résines spéciales aux fortes effluves et qu'on démoule ensuite. Donc, des opérations bien établies pour obtenir profil adéquat et flottabilité idéale afin de proposer un produit de qualité dans un marché concurrentiel et très évolutif. Cependant, le développement de la petite plaisance sur les étangs de Soustons, Biscarrosse, Aureilhan, sur le Bassin d'Arcachon ou sur les grands lacs du Médoc (Lacanau, Carcans) permet en ces temps-là des débouchés assurés.

(1) Du latin eremus, "désert", la forme gasconne de ce toponyme est Èrm qui signifie "lande nue, désolée".

(2) Par exemple, celle de la DRT (les Dérivés Résiniques et Terpéniques) de Vielle-Saint-Girons, également dans le Marensin.

(3) Les petits voiliers tels ceux des types Vaurien, 420, 505, Finn, Caravelle et bien d'autres, apparaissent dès la fin des années 1940 ou dans les années 1950. Écoles de voile (celle, fort célèbre, de l'archipel des Glénans par exemple), centres de vacance ou bases nautiques liées aux aménagements de la côte aquitaine par la MIACA (Mission interministérielle d'aménagement de la côte aquitaine) à partir de 1967 en sont largement utilisateurs.

Jean-Jacques Fénié

Transcription

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Journaliste
Grâce à la reconversion d’une petite industrie, les Landes, pays de forêts mais aussi de grands lacs, possèdent aujourd’hui une fabrique de voiliers de compétition à Herm, non loin de la Côte Atlantique. Ces voiliers sont en polyester stratifié et leur fabrication suppose à la base l’utilisation de moules, eux-mêmes fabriqués à partir de matières plastiques.
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(musique)
Journaliste
Les parois du moule doivent présenter une surface rigoureusement lisse, la moindre rayure doit en être exclue. Ce qui nécessite des soins particuliers comme le lustrage et le contrôle à la main.
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Journaliste
Après avoir été entièrement enduit à l’intérieur d’une mince pellicule de cire, destinée à faciliter par la suite le démoulage, le moule est enfin prêt pour le début de la fabrication.
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(musique)
Journaliste
Et ce qui peut paraître surprenant, on commence par la peinture qui est appliquée au pistolet directement sur le moule et non, comme on pourrait s’y attendre, sur les parois du bateau lorsqu’il est achevé.
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Journaliste
Voici le tissu de verre, matériau dont sera faite la coque du bateau. Il est découpé et façonné d’après les patrons, comme on le fait pour un costume ou une robe. Ce tissu de laine de verre présente dans sa trame des dessins qui proviennent de l’entrelacement des fibres. Voici trois trames différentes qui vous montrent combien le terme de tissu est approprié.
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Journaliste
Taillé aux cotes du futur voilier, ce tissu constituera donc l’armature de la coque. Le moulage commence et c’est là l’opération la plus délicate et la plus importante : A l’aide de rouleaux, la résine de polyester encore liquide est étendue en couche mince sur toute la surface de la cavité de moulage. On y colle alors les feuilles de verre afin qu’elles épousent le galbe de l’empreinte. Il est important d’agir très vite avant que la résine se solidifie. Trois couches de tissu ainsi mêlées donneront naissance au stratifié de polyester, corps résistant, imputrescible et imperméable. On agit de même afin de constituer les deux pièces latérales de forme allongée qui constitueront les caissons d’étanchéité.
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Journaliste
La coque est ensuite démoulée, ce qui se fait très rapidement, grâce à la cire dont on avait enduit les parois du moule. Cette coque est maintenant parfaitement rigide, galbée, légère et prête à recevoir les éléments qui en font un voilier complet.
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Journaliste
Mais regardons d’abord une particularité de ce type de voilier. Tous ces cylindres de polyéthylène, qui contiennent chacun plus d’un litre d’air, sont autant de flotteurs reliés entre eux. Il y en a une centaine qui constituent un véritable chapelet de bulles d’air, soit au total une capacité de 120 litres d’air. Ils seront emprisonnés dans les flancs de l’embarcation qui deviendra alors absolument insubmersible même si elle est remplie d’eau. On installe ici le puits de dérive au fond de la coque et en son centre, bien sûr. Voici à nouveau le gabarit de collage qui intervient ici pour consolider l’ensemble du bateau, muni cette fois de son puits de dérive.
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Journaliste
Il ne reste plus qu’à l’équiper complètement. La coque reçoit divers aménagements intérieurs tels que planchettes transversales, nervures de rigidité, fixations pour le mât et le gouvernail.
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Journaliste
Et enfin, le pont qui va venir coiffer la proue et donner au voilier sa silhouette définitive. Encore un ponçage latéral, quelques retouches et le dernier né rejoint la famille de ses prédécesseurs. Il va maintenant faire connaissance avec l’élément pour lequel il a été conçu, l’eau, dont il n’a plus rien à craindre.
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