Le bilan des hôtels 4 étoiles à Courchevel

24 avril 1990
03m 22s
Réf. 00007

Notice

Résumé :

Présentation de l'hôtellerie de luxe de la station de ski de Courchevel. Ces hôtels sont très vulnérables. Leur chiffre d'affaires dépend de la venue des clients aisés qui annulent leur réservation au dernier moment. Pour ne pas dépendre de celle-ci, ils cherchent à attirer une nouvelle clientèle, notamment composée de professionnels, en permettant par exemple, l'organisation de séminaires au sein des hôtels.

Date de diffusion :
24 avril 1990
Source :
FR3 (Collection: JT FR3 Alpes )

Éclairage

Ce reportage est diffusé lors du Journal Télévisé de France 3 Alpes le 24 avril 1990. A cette époque, nous sommes dans un contexte de crise qui a commencé depuis les années 1970. Néanmoins, comme le document nous le montre, cette conjoncture n'a pas empêché les 4 étoiles luxe de se développer. En 1990, la seule station de Courchevel en compte 3 ! Ces hôtels ont donc connu un essor rapide sur ce segment de clientèle – fidèle et consommateur de long séjour – sans véritablement se poser de questions d'ordre stratégique. Cependant, une concurrence inattendue sur ce segment des familles les plus aisées apparaît au début des années 1990 : il s'agit des vacances hivernales à l'étranger vers des destinations ensoleillées en toute saison, comme le Maroc et les Caraïbes. La clientèle haut de gamme n'hésite pas à délaisser les vacances à la neige pour des séjours au soleil. La pratique du ski n'est donc plus au cœur des vacances d'hiver pour les revenus aisés.

Les aléas climatiques et d'enneigement que connaît la montagne touchent aussi le très haut de gamme (familles royales, personnalités politiques, des arts et des affaires...). Les hôtels 4 étoiles luxe sont mis en concurrence avec de nouvelles destinations à la mode. Les pistes bien entretenues, enneigées grâce aux canons à neige font partie du minimum requis : cette clientèle élitiste espère bien plus de son séjour qu'un beau paysage, du soleil et des montagnes enneigées. On y vient pour la renommée du lieu, la qualité des établissements, les rencontres VIP que l'on peut y faire. Notons que les images des bâtiments réalisées par l'hélicoptère à la fin du reportage, la tenue très urbaine des responsables hôteliers, les chaises en plastique et nappes en papier... contrastent avec la description luxueuse que nous fait le journaliste.

Les hôtels de luxe doivent plus que jamais travailler la personnalisation du service (fiche client avec les détails de consommation et les caractéristiques physiques dans le but de mieux servir et accueillir cette population aisée) et rechercher une diversification de la clientèle : c'est ce qu'ils font en se tournant vers le tourisme d'affaire (séminaire, congrès...) en début de saison notamment. Ils cherchent également à attirer une clientèle étrangère, d'abord de proximité telle que les Espagnols, les Anglais... puis dans les années à venir, ces hôteliers s'orienteront vers des clients géographiquement plus éloignés, tels que les Russes.

Véronique Favre-Bonté

Transcription

François Dom
En fait, c’est la montagne entière qui est touchée. Et même dans les bastions les plus fortunés, les dieux de la météo font trembler. Ainsi, dans ces cocons de calme et de raffinement que sont les 4 étoiles luxe, l’équivalent des 5 étoiles internationaux, la saison comme ailleurs, restera dans les anales.
Roger Toussaint
Suivant que nos clients, qui ont les moyens de changer assez facilement de décision la veille du jour où ils doivent venir, ils peuvent partir pour les îles. C’est pourquoi nous sommes relativement fragiles, et il y a des jours où on s’est retrouvés dans cet hôtel avec 60 employés et 5 clients. Ça fait réfléchir !
François Dom
Contrairement à ce que l’on pouvait donc penser, ces 4 étoiles luxe, le très haut de gamme en hôtellerie, affichant des prix de 1000 à 3200 francs la journée en demi-pension, ces hôtels donc, sont très vulnérables. En fait, il faut avoir un véritable réservoir de clients, ou plutôt d’amis, pour faire correctement tourner l’établissement.
Jean-Paul Virot
Et c’est la clientèle d’un hôtel comme celui-ci, en dehors des familles royale d’Espagne, de Danemark, la famille du roi de, Fayçal d’Arabie Saoudite, le prince et la princesse de Kent ; notre clientèle est constituée essentiellement de personnalités du monde de la politique, des arts et des affaires, les stars internationales des grandes réussites ; et nous attachons à ce que ces gens se retrouvent entre eux.
François Dom
Chez les riches, peut-être plus qu’ailleurs, la sélection est impitoyable. Et il y a des méthodes.
Roger Toussaint
Nous avons des fiches, oui, puisque nous recevons nos clients, il faut avoir les adresses, et souvent on met une petite note ; une petite note de bar, une petite note de suppléments. On peut même se permettre, pour se souvenir : Madame très jolie, ou blonde, ou brune, ça arrive, oui.
François Dom
Enfin, et c’est nouveau depuis cette saison, les 4 étoiles luxe sont obligés de s’intéresser à une nouvelle clientèle ; toujours aussi fortunée mais qui accepte le travail à la montagne. Les séminaires, les mini-congrès, les conférences se retrouvent au sommet, surtout en début de saison.
Claude Pinturault
Nous mettons l’accent donc sur le remplissage sur les 15 premiers jours, systématiquement, par, effectivement, des séminaires et des incentives. Et comme cette année, nous avons manqué de neige, il est clair que j’ai eu plus de clients que les autres.
François Dom
En fin de saison, tous sont unanimes. Un élément reste primordial, le ski. Et si Courchevel est la seule station en France à posséder 3 hôtels classés 4 étoiles luxe, c’est qu’il y a une raison.
Claude Pinturault
Les pistes étaient, une nouvelle fois, toujours parfaitement entretenues, parfaitement enneigées. Les canons à neige nous ont permis de faire le début de saison. Et je crois que nous pouvons remercier une nouvelle fois le service des pistes de Courchevel, qui est un très grand plus.
François Dom
A presque 50 %, ce sont les Français qui remplissent ces petits joyaux de l’hôtellerie, viennent ensuite les Anglais et les Espagnols. Les premiers ne craignent pas le mauvais temps, ils sont habitués, et le ski sous la pluie, pourquoi pas ? Les autres sont tellement gavés de soleil toute l’année que quelques nuages font du bien. Ce sont eux d’ailleurs qui font la différence.
Roger Toussaint
Nous étions à fin février, à moins 30 % pour la plupart à cause de janvier. Nous nous retrouvions à moins 10 % en mars, et je pense qu’on va équilibrer à cause d’avril, qui est un peu plus long. Ce n’était pas une grande mauvaise saison, mais ce n’est pas la meilleure.
François Dom
Les 4 étoiles ont de l’avenir ?
Claude Pinturault
A Courchevel ? Sans aucun problème.
(Bruit)