Lancement de TV Breizh à Lorient

02 septembre 2000
01m 48s
Réf. 00455

Notice

Résumé :

Une kyrielle d'artistes et de personnalités bretonnes, notamment Marilyse Lebranchu, ont inauguré hier à Lorient TV Breizh, chaîne du câble et du satellite. Patrick Le Lay, PDG de TF1, est à l'initiative de ce projet de télévision en breton.

Date de diffusion :
02 septembre 2000
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes soir )
Lieux :

Éclairage

Basée à Lorient dans l'ancien arsenal désaffecté de la ville et lancée le premier septembre 2000, TV Breizh est une chaîne généraliste régionale privée du groupe TF1 diffusée sur le câble et le satellite. Son objectif originel n'était pas d'atteindre uniquement le public régional mais aussi un public plus large grâce à une diffusion suprarégionale et même transnationale. La chaîne peut ainsi toucher le public breton ainsi qu'un public éloigné de sa région natale, comme l'exprime Patrick le Lay, qui pense que la chaîne sera principalement regardée en région parisienne dans un premier temps. Créée à l'initiative de Patrick Le Lay, breton et à l'époque Président directeur général de TF1, et Rozenn Milin ainsi qu'avec le soutien de personnalités bretonnes de la télévision comme Charles Biétry ou Patrick Poivre d'Arvor, ou encore de personnalités du monde économique comme François Pinault, qui devient actionnaire de la chaîne par l'intemédiaire de sa holding Artémis, l'idée est d'offrir une représentation nationale à la Bretagne par l'intermédiaire d'une chaîne de télévision.

La programmation de la chaîne est dite "mini-généraliste", ce qui signifie qu'elle est généraliste sauf qu'elle ne propose pas de journaux télévisés. On y retrouve donc des films, des fictions et l'information y est traitée sous la forme de talk-shows et de magazines. En effet le coût de production de l'information quotidienne associée à la concurrence des journaux télévisés de France 3 Ouest et des décrochages locaux de M6, qui existaient au début de TV Breizh, ont nécessité d'imaginer un traitement de l'information différent. La chaîne diffuse aussi les grands événements culturels ayant trait à la Bretagne ou au monde celtique comme les Nuits Celtiques qui se déroulent au Stade de France ou encore le Festival Interceltique de Lorient. Ainsi l'objectif originel de la chaîne est de proposer des programmes en Breton et de promouvoir la culture bretonne et celtique.

TV Breizh prend exemple dans son fonctionnement sur deux chaînes étrangères : S4C, une chaîne galloise qui ne s'exprime qu'en gallois, et TG4 une chaîne irlandaise qui est sous-titrée en anglais et en gaélique. Lors de son lancement TV Breizh se présente comme "la première chaîne généraliste régionale bilingue en Europe". En effet pour rester disponible à la plus grande audience possible, la chaîne est entièrement bilingue, c'est à dire que le téléspectateur a le choix de regarder ses programmes soit en français soit en breton, puisqu'il y a deux canaux son pour chaque programme. Cette initiative permet ainsi de s'ouvrir à un grand nombre de foyers, alors que des programmes en breton ne se seraient adressés qu'à seulement 250 000 bretonnants. A son lancement, la chaîne vise donc un public d'un peu moins de quatre millions de bretons, ce qui représente 1,4 millions de foyers, ainsi que les bretons "expatriés" qui représenteraient près de deux millions de téléspectateurs potentiels. La création de TV Breizh permet aussi la création directe d'une quarantaine d'emplois dans les locaux de la chaîne, sans compter les emplois créés indirectement du fait des besoins de la chaîne pour doubler les programmes.

Le projet initial de cette première télévision bretonne semblait intéressant. Cependant à partir de 2003 TV Breizh a subi plusieurs reformatages. En effet dès 2003 la diffusion de programmes régionaux diminue en raison de pertes financières, et de plus en plus de séries américaines et de fictions produites par TF1 - certes doublées en breton - sont diffusées. Ils font de la chaîne Bretonne une chaîne généraliste plus nationale que véritablement régionale. Les cinq heures de programmes "frais" promis quotidiennement au lancement de la chaîne commencent aussi à diminuer progressivement à partir de ce moment. En 2002, un journal télévisé en plateau censé concurrencer celui de France 3 Ouest est lancé, mais l'aventure tourne court. Trois ans après il est déjà transformé en un simple journal "tout image" de six minutes. Et en 2008 TF1 annonce qu'il sera définitivement supprimé de l'antenne. De même, à la même époque, la chaîne décide de ne plus doubler et de ne plus diffuser de films et de séries en breton. Elle cède l'ensemble de son catalogue doublé en breton à l'association Dizale et à la région Bretagne. Une décision qui confirme la perte de son identité bretonne entamée depuis 2003. Après de nombreux refus du CSA , TV Breizh a obtenu en 2008 une fréquence de diffusion sur la TNT (la télévision numérique terrestre) à partir de 2012, ce qui explique en partie le reformatage complet qu'a subi la chaîne.

Ainsi malgré un succès reconnu sur le câble et le satellite, la chaîne a aujourd'hui perdu son identité bretonne, devenant ainsi une simple chaîne "mini-généraliste" à l'instar de TMC ou W9 qui sont déjà diffusées sur le réseau numérique terrestre. Malgré un départ prometteur et des ambitions louables, TV Breizh qui se voulait "Télévision-miroir" de la région semble s'être progressivement éloignée de ses premières aspirations. Si l'identité bretonne de la chaîne a longtemps fait débat, et même si la chaîne est toujours basée à Lorient et emploie une majorité de bretons, il semble à présent que la chaîne n'ait plus de breton que le nom.

Frédéric Martin

Transcription

Technicien
3, 2, 1...
Journaliste
C'est parti. Première émission hier soir en direct pour TV Breizh. Côté jardin, au-dessus de la Place d'Armes de Lorient, de nombreux artistes venus saluer la petite dernière, en duplex avec les studios à quelques centaines de mètres toujours au coeur de l'Arsenal. Un projet devenu réalité pour le PDG de TF1, président de la nouvelle chaîne, laquelle, pour le moment, touchera moins son public de proximité que la diaspora bretonne.
Patrick Le Lay
Pour le moment, je crois que le plus grand nombre de téléspectateurs sera à Paris, puisque... Paris et la région parisienne. D'abord, Paris est la première ville bretonne de France et deuxièmement, c'est là que le satellite ou le câble est le plus développé. Donc le nombre de téléspectateurs qui pourront aujourd'hui recevoir la chaîne sont plutôt en région parisienne, mais je compte bien que les Bretons vont s'équiper.
Journaliste
Le lancement de la chaîne s'est fait en musique, avec un concert auquel assistaient plusieurs milliers de personnes. Parmi elles, la ministre du commerce et de l'artisanat venue s'associer à cette nouvelle manifestation d'une puissante identité culturelle.
Marylise Lebranchu
Je suis profondément attachée aux régions. Je crois que les régions ont un grand avenir devant elles, qu'elles sont encore balbutiantes, et je crois à la force des régions. Je pense en fait qu'il faut un Etat qui fasse bien son métier, qui soit présent là où on a besoin de lui, et puis qu'il laisse des grands espaces de liberté et de culture. C'est comme cela que je conçois les choses. Et j'espère que tout le monde partage ça et qu'on réussira à ce que la régionalisation ne soit pas un repli sur soi mais une ouverture au monde, avec un vrai sens des responsabilités. Je crois qu'en Bretagne, on est largement capable de le faire.
Journaliste
Après la fête, TV Breizh entre maintenant dans le quotidien et son rythme de croisière, avec dix-sept heures de diffusion dont cinq heures de programmes frais par jour.