Festival MIRA : flamenco avec Israel Galvan

29 mars 2006
01m 18s
Réf. 00404

Notice

Résumé :

Dans le cadre du festival Mira : spectacle d'ouverture "Arena" : flamenco avec l'andalou Israel Galvan.

Date de diffusion :
29 mars 2006
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Thèmes :

Éclairage

Israel Galván, la virtuosité à vif

Selon Paul Valéry, « l'artiste peut se faire le virtuose de cette discipline de pureté », « être celui qui s'étudie à jouer infailliblement du plus rare de soi »[1] .

Le virtuose vit son art comme un défi, une gageure. Son objectif est triomphé de toutes les entraves qu'il s'impose. Israel Galván est né virtuose d'une danse qu'il l'a amené à se départir du paraître comme unique visée. Cette prise de conscience est l'argument même de ¡ Mira ! Los zapatos rojos (1998). Ce spectacle pause les premiers jalons d'un manifeste pour un esprit nouveau de la danse flamenca qui s'écrira au fil des années. Chaque proposition sera une étape dans sa recherche d'une danse qui veut s'émanciper de certains stigmates hérités des pratiques dansées du flamenco dans les cabarets. Dans ces établissements depuis l'ère des cafés cantantes, sorte de cafés-concerts à la parisienne, jusqu'aux tablaos, cabarets dédiés à un flamenco pour touristes, la danse flamenca est soumise à une surenchère de la difficulté, mise à rude épreuve par la concurrence. Cette virtuosité de survie se mue en une virtuosité stylistique, lorsque la danse flamenca cherche à s'extraire des cafés cantantes très en vogue depuis la mi-XIXe siècle, pour accéder aux scènes des théâtres à partir des années 1910. La danse évolue dans son statut depuis la simple curiosité, parfois exotique lorsqu'elle s'exporte à l'étranger, vers une forme d'expression artistique à l'égale de la danse classique ou de la danse moderne.

Face à cet héritage, Israel Galván recentre la danse sur l'acte même de danser. Le geste n'est plus suffisant en soi, à l'égal des jeux référentiels si chers aux aficionados de flamenco. Il s'insurge dans Metamorfosis (2000) contre l'imitation des modèles et dans Arena (2004) contre une certaine attente du public. Ces petites morts auxquels se soumet le danseur, participent de la fascination de l'homme face à la mort. Cette double thématique sur le sens même de danser et la finitude de l'homme, projette Israel Galván dans le contexte historique et esthétique de la danse contemporaine. Il compte parmi les plus grands danseurs de son temps. Virtuose certes, au sens de Françoise Escal, parce qu'il est « l'homme des moyens », celui des « travaux les plus suivis et les plus déliés », mais surtout celui qui sait être « dur pour son génie », qui dans l'ascèse, sait dominer et dépasser une « virtuosité native ».

Mais au-delà, il a su relever le défi de la danse contemporaine face à une danse que l'on qualifie encore de traditionnelle. Il réinvente au fil de ses spectacles un corps dansant. La fluidité se substitue au port hiératique. Elle se saisit d'une région corporelle encore neutre jusqu'à lui, le torse. La force de cette innovation n'est pas sans rappeler celle de Merce Cunningham. La polyrythmie gestuelle remplace la géographie dichotomique des genres, une « danse du haut » féminine, une « danse du bas » masculine. Ces choix chorégraphiques reposent fondamentalement sur une recherche cohérente, voire naturelle entre les percussions et les mouvements du corps. Depuis 1998, Israel Galván accumule un vocabulaire gestuel qui est sa signature et qui n'est pourtant que la surface de cette révolution qu'il a initiée. De façon plus radicale, « danser consiste ainsi à chercher le centre vif », c'est-à-dire « le profil dominant que requiert le graphique ou l'architecture exigés par l'expression musicale »[2] . En plaçant la dimension musicale au cœur de sa révolution de la danse flamenca, Israel Galvan n'a cessé d'affirmer que « le virtuose démontre à l'homme tout ce que peut un homme. »[3]

[1] Escal, Françoise, « L'artisanat furieux » in Défense et illustration de la virtuosité., Lyon, PUL, 2005 (1997), p.187-188.

[2] Didi-Huberman, Georges, Le Danseur des solitudes, Paris, Les Éditions de Minuit, 2006, p. 36-37.

[3] Vladimir Jankélévitch, Liszt et la rhapsodie. Essai sur la virtuosité, Paris, Plon, 1989 (1979).

Corinne Frayssinet-Savy

Transcription

(Bruit)
Journaliste
Israël Galvan descend seul dans l’arène de la danse.
(Musique)
Journaliste
Et vivre un nouveau combat corporel, une danse tauromachique, poétique et inhabituelle.
(Musique)
Journaliste
Ce jeune andalou est présenté comme le rénovateur du flamenco. Dans Arena, spectacle d’ouverture du festival Mira, Israël Galvan percute la tradition chorégraphique.
(Musique)
Israël Galvan
Je ne mets aucune limite. Tous les mouvements, toute la danse peuvent passer par un filtre flamenco. Je crois qu’en travaillant cela, tous les mouvements, tous les rythmes peuvent être flamenco.
Journaliste
Israël Galvan est sur la scène du TNBA ce soir et demain soir à 20 heures 45.
(Musique)