L'Apartheid, le récit du corps

02 septembre 2013
03m 32s
Réf. 00802

Notice

Résumé :

Ce collectif de danse perpétue la culture de la danse pantsula. A bien des égards elle ressemble au hip-hop américain et est apparue comme elle, dans les années 80. Elle vient de la rue, elle possède son propre langage, sa musique et ses codes vestimentaires. Les danses pantsula étaient interdites durant l'Apartheid. Son illégalité n'a fait que renforcer sa popularité dans les townships.

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Date de diffusion :
02 septembre 2013
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Éclairage

Le Pantsula est une danse populaire originaire des faubourgs de Johannesburg, dont le développement accompagne l'histoire contemporaine sud-africaine. Il a permis d'illustrer l'institutionnalisation d'une ségrégation raciale coutumière, instaurée en 1949 et abolie en 1991, connue sous le nom d'Apartheid. Ce système a permis à une minorité blanche de diriger et de s'accaparer les richesses d'un des pays les plus riches du continent, par l'exclusion de sa population noire du processus démocratique et du développement économique.

Pantsula, qui signifierait en Zulu “se dandiner comme un canard”, se réfère à un mouvement du pied (“pied plat”, le talon ancré dans le sol) caractéristique de cette danse. Cette dernière apparaît d'abord dans les milieux du banditisme des townships des années cinquante, les ghettos institutionnalisés où sont déplacées les populations noires afin de libérer les zones destinées aux blancs. Dès son apparition, elle s'inscrit dans un paysage populaire marqué par d'autres danses et musiques locales, ou étrangères, “traditionnelles” ou “modernes”, dont elle s'inspirera tout au long de son développement : le Marabi (style sud-africain du début du siècle), le Monkey Jive (traduction locale du Jive américain), de danses du Lesotho, du Gumboots, la danse des mineurs sud-africains...

C'est dans les années 80 que cette danse se popularise et se diffuse dans toutes les villes sud-africaines. La création, ces mêmes années, d'un nouveau style musical national, le Kwaito, qui devient le support naturel du Pantsula en est peut-être la raison. L'Apartheid vit ses dernières années et il est de plus en plus critiqué, tant sur le plan international qu'intérieur ; cette situation favorise la popularisation de cette danse porteuse de sens. En 1994, après la tenue des premières élections universelles en Afrique du Sud, le Pantsula ne disparaît pas. Au contraire, il sort des townships pour se diffuser et s'institutionnaliser à l'instar d'Impilo Mapantsula qui devient une compagnie de danse.

Bien qu'il puisse se pratiquer seul, le Pantsula est une danse urbaine sociale. Il permet aux initiés d'exprimer à travers leurs corps ce qu'ils n'avaient pas le droit ou qu'ils ne pouvaient pas dire dans le contexte oppressif de l'Apartheid. Il permet de raconter le quotidien des townships, les joies et les malheurs de ses habitants. Aujourd'hui, il met en scène l'Afrique du Sud contemporaine, le pays "arc-en-ciel” qui ne veut pas oublier certaines de ses heures plus obscures.

Thomas Jacques Le Seigneur