Le Carthaginois de Plaute

11 avril 1959
03m 22s
Réf. 00301

Notice

Résumé :

Le Carthaginois est mis en scène par Daniel Sorano au Théâtre du Vieux-Colombier. Ce petit film publicitaire pour le spectacle met en scène un touriste qui rencontre successivement les divers personnages de la pièce et se fait raconter l'intrigue par le protagoniste, l'esclave Milphion.

Date de diffusion :
11 avril 1959
Source :
ORTF (Collection: JT NUIT )

Éclairage

Poète comique déjà adulé de son vivant, homme de théâtre total, à la fois auteur et chef de troupe, Plaute est le Molière des Romains. Il fut l'auteur, dit-on, de cent trente pièces, dont une vingtaine seulement nous sont parvenues. Alternant scènes parlées et scènes chantées, ses comédies répondent à une codification précise, avec des intrigues et des personnages stéréotypés, ancêtres de ceux de la comédie française classique : jeunes gens amoureux, vieillards hostiles ou avares, esclaves rusés dominant le spectacle.

Les pièces romaines sont, pour des raisons rituelles, des réécritures de pièces de la Comédie Nouvelle grecque. Or, en choisissant d'adapter une pièce grecque déjà intitulée Le Carthaginois, il semblerait que Plaute ait cherché à jouer sur le contexte qui lui était contemporain, celui des guerres puniques, qui opposaient alors les armées romaines à la puissance carthaginoise tout autour de la Méditerranée. La référence reste cependant légère et festive, donnant lieu à des effets d'exotisme autour du costume et de la langue du personnage, sans qu'aucune allusion soit faite au conflit.

La mise en scène de Daniel Sorano, donnée en 1959 au Théâtre du Vieux Colombier à Paris, reprend en partie celle de Maurice Sarrazin au Grenier de Toulouse qui avait offert à Daniel Sorano, en 1949, son premier triomphe national de comédien. Se glissant une fois de plus dans le rôle de l'esclave rusé, Milphion, Daniel Sorano propose une mise en scène résolument comique de la pièce de Plaute. La musique de Jef de Murel et le jeu énergique des comédiens contribuent à redonner toute sa jeunesse à l'œuvre du poète romain.

Céline Candiard

Transcription

(Silence)
Comédien 1
Ah ben, on m'y reprendra à visiter cette région. Mais il n’y a personne ici. Oh, pardon monsieur.
Comédien 2
Oui !
Comédien 1
Mais dites-moi, c’est une ville morte ?
Comédien 2
Non monsieur c’est Calydon.
Comédien 1
Ah, C’est Calydon. Bonjour Monsieur, est-ce que vous pourriez au moins me présenter les habitants s’il y en a ?
Comédien 2
Bah ! Oui. Tenez voilà un passant. Attendez à sa mine, c’est ça, c’est un Carthaginois. Il cherche ses filles, qui lui ont été ravies autrefois à Carthage.
Comédien 3
[Inaudible]
Comédien 2
Il me dit qu’il continue à chercher ses filles.
Comédien 1
Ah merci pour la traduction, mais où sont-elles ?
Comédien 2
Ah, je le sais, mais je ne le lui dis pas. Il aura tout le temps de les trouver. Elles sont dans cette maison, car quand elles ont été ravies, le marchand de femmes qui habite cette maison les a achetées au ravisseur.
Comédien 1
Ah !
Comédien 2
Évidemment, elles courent un grand risque. Mais je pense que leur père les retrouvera avant que ce risque soit consommé.
Comédien 1
Je le souhaite. Oh, mais elles ont ravissantes.
Comédien 2
Tenez les voici. Voilà l’aînée, voilà la cadette, et voilà leur nourrice qui prend congé d’elles.
Comédien 1
Mais où vont-elles ?
Comédien 2
Nous allons leur demander. Où portes-tu tes pas ?
Comédienne 1
Au temple de Vénus.
Comédien 2
Et dans quel dessein ?
Comédienne 1
Pour obtenir grâce devant elle.
Comédien 2
Oui bien sûr. C’est aujourd’hui les Aphrodisies.
Comédienne 2
Partons ma soeur.
Comédien 2
Oui, toutes les courtisanes se donnent rendez-vous au temple de Vénus.
Comédien 1
Oui, oui.
Comédien 2
Oh ! Celle à qui je viens de dire bonjour, mon jeune maître Agorastoclès en est très très amoureux.
Comédienne 3
Oh, Oh, Dieux immortels, Dieu tous puissants, y'a-t-il rien parmi vous de plus beau.
Comédien 2
Ah, l’amour éternel.
Comédien 1
Mais va-t-il réussir dans ses desseins ?
Comédien 2
Et bien, il aura pas mal de difficulté oui, à cause du marchand de femmes justement parce que celui-ci ne veut pas lâcher ses instruments de travail.
Comédien 4
Je serai de retour dans un moment, militaire. Et nos belles alors revenues de la cérémonie seront à notre disposition.
Comédien 5
Oui mais fais vite hein, parce que j’ai faim.
Comédien 2
Et ce militaire, voyez-vous, lui est très amoureux de la cadette, la plus petite.
Comédien 1
Ah ! Oui, c’est une tête que j’ai déjà vue quelque part.
Comédien 2
Ah oui, Ah !
Comédien 1
Et comment allez-vous vous y prendre ?
Comédien 2
Ah voilà, c’est grâce à moi que les choses vont bien se passer, car j’ai tendu un piège à ce marchand de femmes grâce à un militaire, pas un vrai militaire. Le fermier de mon jeune maître déguisé en militaire. Tâche de bien retenir ton rôle pour cette intrigue.
Comédien 6
Hé oui, tout à fait bien. (rires)
Comédien 1
Ah, ben je vois que l’argent est toujours le nerf des procès.
Comédien 2
Oui, l’argent est le nerf des procès, mais ce n’est pas le seul. Il y a un nerf excellent, ce sont les faux témoins.
Comédien 1
Ah !
Comédien 2
Regardez donc ceci.
Comédien 1
Oui il marche très lentement, on dirait la justice.
Comédien 2
Ah exactement ! D’ailleurs, messieurs.
Comédien 7
Oui ?
Comédien 2
Comment marchez-vous ? Comme des hommes libres ?
Comédien 7
C’est cela, il sied à des hommes libres d’avoir une démarche grave dans les rues.
Comédien 2
Ah !
Comédien 7
Allons Messieurs.
Comédien 2
Voilà, et bien cher Monsieur, grand bien vous fasse par Jupiter. Je vais aller voir là-dedans si mon intrigue continue à bien marcher.
Comédien 1
Merci Monsieur. Merci.
Comédien 2
Pardonnez-moi je suis un pauvre esclave.
Comédien 1
Ah si vous voulez. Tenez c'est une romaine, ça vous fait rien ?
Comédien 2
Vous n’auriez pas une cigarette ? Ah, oh ? Au contraire !
Comédien 1
Prenez le paquet d’ailleurs.
Comédien 2
Merci.
Comédien 1
Parfait. Et bien, tout ceci est bien entendu est d’un certain Plaute, qui a écrit cette comédie intitulée Le Carthaginois et que l’on va jouer au Vieux-Colombier avec mon complice Daniel Sorano.