A propos du Théâtre des Jeunes Années (TJA)

30 novembre 1978
03m 58s
Réf. 00421

Notice

Résumé :

Reportage sur le Théâtre des Jeunes Années (TJA) à Lyon, à l'occasion de son 10e anniversaire. Entretien de Michel Dieuaide, avec des extraits des spectacles joués, des photographies de Maurice Yendt, auteur et co-fondateur de la compagnie. Retour sur les activités de la compagnie (création, festival, diffusion). Dès l'origine, les activités de la compagnie sont tournées vers le jeune public.

Date de diffusion :
30 novembre 1978
Lieux :

Éclairage

En 1960, Maurice Yendt, auteur dramatique et metteur en scène, fonde la compagnie du Théâtre des Jeunes Années (TJA), à Lyon. Quelques années plus tard, le TJA s'installe au Théâtre du Huitième. Aux côtés de Maurice Yendt, directeur de la compagnie, il y a également Michel Dieuaide, metteur en scène. Dès l'origine et comme son nom l'indique, les activités du TJA sont tournées vers le jeune public. Il est important de noter qu'à cette époque peu d'artistes (ni même d'hommes politiques) s'intéressent au théâtre jeunesse. Maurice Yendt est d'ailleurs considéré comme le premier auteur dramatique dont le répertoire est consacré au jeune public. Ce n'est qu'après mai 68 que les pouvoirs publics commencent à manifester leur intérêt. Le TJA, pionner dans ce domaine, se donne pour mission « l'éveil de la sensibilité artistique des enfants, leur ouverture au monde et aux langages artistiques, leur initiation, dès le plus jeune âge, à la pluralité des formes et des contenus du théâtre contemporain, leur accès à une indispensable liberté critique et à une culture théâtrale personnelle. »

A partir de 1977, l'aventure du TJA évolue avec la création des Rencontres internationales du Théâtre pour l'Enfance et la Jeunesse (RITEJ) qui se transforment et se développent, en 1993, en Biennale du Théâtre Jeune Public de Lyon. Maurice Yendt et Michel Dieuaide en assurent la direction artistique.

En 1979, dans le cadre de la décentralisation, l'Etat met en place six centres dramatiques nationaux pour l'Enfance et la Jeunesse (Caen, Lille, Lyon, Nancy, Saint-Denis, Sartrouville). Le label n'apparaît effectif qu'à partir de 1981, lorsque le TJA devient le premier CDNEJ. Il est alors, en France, le premier théâtre permanent pour les jeunes spectateurs.

De 1981 à 2004, le TJA/CDN, théâtre d'art et d'essai, a été à la fois :

• un centre de création et de production théâtrale (tournées régulières en France et à l'étranger)

• un lieu d'accueil pour la production théâtrale régionale, nationale et internationale

• un centre d'expérimentation et de formation aux pratiques théâtrales des enfants, des jeunes et des adultes (médiateurs culturels, enseignants, universitaires, comédiens, intervenants, animateurs du milieu associatif, etc)

• un centre de recherche, d'édition et de documentation concernant le théâtre contemporain et les jeunes publics.

Le projet artistique du TJA est donc indissociable du parcours d'écrivain de Maurice Yendt et de la recherche de textes contemporains inédits. En 2004, le TJA cesse ses activités et ses deux animateurs poursuivent alors l'aventure à travers la Biennale qu'ils ont mise en place.

De fait, le parcours de la compagnie puis du CDNEJ est en étroite relation, en France, avec l'émergence et la reconnaissance du théâtre jeune public, que ce soit par la création d'un répertoire, par la production de spectacles ou dans les activités de diffusion.

Marie-Aude Hemmerlé

Transcription

Journaliste
Depuis trois ans, Michel Dieuaide a rejoint la co-direction du TJA qui fait un nouveau pas en avant en 1975. Fort de ses centaines de milliers de spectateurs, il leur donne la parole dans L’Ebouriffé un journal où les enfants parlent bien sûr du théâtre, mais aussi de tout ce qui les intéresse.
Intervenant
C’est la façon concrète que nous avons choisie, pour reconnaitre déjà au moins le droit des jeunes spectateurs à s’exprimer eux-mêmes.
Journaliste
Cette initiative ajoutée au fait que Maurice Yendt est devenu le premier auteur français d’un répertoire destiné à la jeunesse et comportant les thèmes les plus divers ; fait lever une oreille au ministère, qui décide d’accorder à quelques rares troupes, dont le TJA le titre de centre dramatique national pour l’Enfance et la Jeunesse.
Michel Dieuaide
C’est déjà la reconnaissance du travail que nous menons à Lyon depuis neuf ans je crois. Et puis c’est aussi, enfin pour le théâtre pour enfant, un début de statut. C'est-à-dire que les actions pour le jeune public sont reconnues comme des actions théâtrales à part entière.
Journaliste
Et ça change quelque chose dans l’immédiat pour le fonctionnement du TJA ?
Michel Dieuaide
Non, non. Dans l’immédiat il n’y a rien de changé, et sur le plan financier en particulier il n’y a rien du tout de changé. Puisqu’il s’agit d’un statut de préfiguration et le centre dramatique national pour l’Enfance et la Jeunesse sera définitivement créé en 1978. Alors d’ici là nous espérons un rattrapage budgétaire ; et puis nous allons aussi essayer de beaucoup travailler avec l’ensemble des publics qui nous soutiennent de façon à, d’ici 1978, mettre sur pied véritablement un établissement destiné au jeune public.
(Musique)
Journaliste
Fréquemment joué à l’étranger, Maurice Yendt décide à son tour d’importer des spectacles à l’intention du public français. En 1977 les premières Rencontres Internationales de Théâtre pour l’Enfance et la Jeunesse ont un succès fulgurant et font évoluer la tranche d’âge habituée à prendre le chemin du Théâtre du Huitième. Le cinéma accompagne déjà depuis quelques années l’art dramatique et la formation des écoliers lyonnais s’en ressent. Très vite, les adultes, anciens scolaires des débuts de la compagnie [Qui c'est], viennent en nombre aux représentations du TJA. Pourtant deux ans après l’offre ministérielle d’un titre non assorti des moyens suffisants pour l’assumer, Maurice Yendt se retrouve dans une impasse. Le TJA refuse ce contrat, dix ans de travail acharné n’ont pas réussi à faire sortir le théâtre pour l’enfance de sa pauvreté. Avec La Poupée de chiffon, il se présente ironiquement à son dernier public dans le décor même de sa misère.
(Musique)
Comédienne
Nous commençons la narration, à vous de faire très attention.
(Musique)