Compagnie Non Nova, Ascenseur, fantasmagorie pour élever les gens et les fardeaux

2001
05m 30s
Réf. 00515

Notice

Résumé :

Extraits de Ascenseur, fantasmagorie pour élever les gens et les fardeaux de la compagnie Non Nova. Phia Ménard (dite Philippe Ménard) apparaît dans une succession de tableaux où se mêlent présence physique et nouvelles technologies. L'illusion d'optique présente dans son jonglage se trouve amplifiée par le recours à la vidéo.

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Date de diffusion :
2001
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Éclairage

Philippe Ménard a commencé sa carrière aux côtés de Jérôme Thomas, dont il sera un des élèves. Il a été l'interprète de nombre de ses pièces, entre autres : Hic-Hoc (1995), 4, Qu'on en finisse une fois pour toutes avec... (1998). Il se forme à la danse contemporaine auprès d'Hervé Diasnas.

Il crée sa propre compagnie, en 1998, Non nova, sed nove (Nous n'inventons rien, nous le voyons différemment), locution latine affirmée comme principe fondateur. Il envisage ses projets de création dans un cadre artistique pluridisciplinaire et s'entoure d'artistes, de techniciens issus d'horizons divers et porteurs d'expériences variées.

Avec le musicien Guillaume Hazebrouck, il construit un duo, tout à la fois doux et comique, Le Grain (1998), sans doute celui qui fait matière dans les balles du jongleur. Travaillant déjà l'illusion d'optique dans son jonglage, il introduit les nouvelles technologies dans Ascenseur, fantasmagorie pour élever les gens et les fardeaux (2001). La succession de tableaux, que propose ce spectacle, crée de l'hétérogénéité, l'artiste glissant de l'un à l'autre, brouillant les repères visuels par des jeux de torsions et de distorsion, d'apparitions et de disparitions. L'écran support plat se transforme aisément en boîte en trois dimensions imposant un cadre dont l'artiste se plaît à dépasser les limites. Philippe Ménard déclare : « Je suis un témoin suivant plusieurs routes, celles de mon imaginaire, cette intouchable preuve de liberté, que Tadeusz Kantor nommait : "la légitimité de l'instinct". » [1] Dès lors, les créations se succèdent, Zapptime, rêve éveillé d'un zappeur (2002), en collaboration avec Hélène Ninérola [2] pour la mise en scène et Franck Ténot [3] pour être le partenaire de ce duo de jongleurs qui traverse diverses sphères du quotidien, sans négliger celle du travail, la plus déterminante. Avec Jean-Michel Guy [4], il réalise une conférence-spectacle, Jongleur pas confondre (2004).

Si l'objectif premier du travail de Philippe Ménard est de « ré-ouvrir l'imaginaire du jonglage et sa perception par les spectateurs », sans jamais tomber dans l'esthétisme, car toujours la forme s'élabore en relation avec un contenu, progressivement celui-ci s'affirme plus politique. Ainsi, dans Doggy bag [5] (2007), le réel vécu d'un gardien d'entrepôt est prétexte à une critique de l'aliénation et de la solitude dans la société de consommation, symbolisée par des pneus et des emballages-déchets ; l'individu n'étant plus que résidus d'être humain.

Si l'artiste rend compte du monde qui le traverse, en se positionnant du côté des dominés, avec P.P.P., premier volet du projet I.C.E. (Injonglabilité Complémentaire des Eléments), il affirme son être au monde et interroge son identité genrée. Une étape forte de son cheminement personnel, sans exhibitionnisme, s'impose sur la scène. Le jonglage avec la glace, matière froide à en brûler la peau, au-delà de la performance technique réalisée, pose la question de la souffrance dans la quête jamais inachevée de son identité, de celle de chacun-e d'entre nous, en bousculant les certitudes du « je suis » un-e et indivisible. La peau, notre enveloppe, celle sur laquelle se pose le regard de l'autre, est-elle condamnée à donner à voir un paraître plus qu'un être ? Quel chemin, toujours violent, faut-il parcourir pour réconcilier les deux ? Ainsi, l'artiste affirme : « Je suis Phia Ménard, une femme ayant habité le corps d'un garçon que je n'ai jamais été. » [6].

Si l'artiste ne peut changer le monde, il peut y contribuer, pour Phia Ménard, il s'agit de « porter le regard du spectateur sur un détail du monde ». Elle précise, « l'utopie m'est nécessaire pour faire art ».

[1] Dossier de presse de la compagnie.

[2] Hélène Ninérola, comédienne et fondatrice de la Compagnie CARCARA.

[3] Franck Ténot, jongleur, acteur, créateur et interprète, scénographe, fondateur de la Compagnie KABBAL.

[4] Ingénieur de recherche au Département de l'Etude et des Prospectives du Ministère de la Culture et de la Communication

[5] Sac dans lequel le client d'un restaurant peut emporter les restes de son repas.

[6] Dossier de presse PPP de la compagnie

Martine Maleval

Transcription

(Bruit)
(Musique)
(Silence)
(Bruit)
(Musique)
(Silence)