La prévention des feux de forêt dans les Landes pris en exemple

02 août 1985
03m 12s
Réf. 00080

Notice

Résumé :

La politique intense de prévention des incendies dans les Landes a prouvé son efficacité et est devenue un exemple pour les autres régions françaises. Ainsi, la surveillance permanente du massif forestier et la mise en place d'équipes légères d'intervention se développent progressivement dans les forêts méditerranéennes.

Date de diffusion :
02 août 1985
Source :
France 2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

En 1985, la forêt méditerranéenne brûle, les surfaces ravagées sont importantes et cela inquiète. Il y a aussi des victimes. En Gironde et dans les Landes, il y a plus de départs de feux que dans la région PACA, mais la surface totale brûlée est inférieure.

Le massif landais est une forêt de production. Les pins sont cultivés comme du maïs. La seule différence, c'est l'échelle. Le maïs est annuel, le pin demande 40 ans de patience. Autre particularité de cette forêt, elle est privée à plus de 90% et assure un revenu à ses propriétaires. D'où la nécessité de la protéger.

La première prévention est la surveillance. Elle fait appel aux dernières technologies, du moins les teste. C'est ainsi qu'en 1985 un système infrarouge a été expérimenté mais il est resté au stade de l'essai. Les tours de guet équipées de liaisons radio sont en service jusqu'en 2005. Le foudroiement d'un guetteur en 2003 remettra en cause cette forme de surveillance utilisée dans le massif aquitain depuis plus d'un siècle. Celui de deux tours à l'automne 2005, malgré l'amélioration de la sécurité, met fin à cette technique. Lors de la saison 2006, ce guet devient aérien. Deux avions sillonnent le ciel landais pour détecter les départs de feu ; en même temps des sociétés sont sollicitées pour la mise en place d'un guet vidéo. Il est testé grandeur nature durant l'été 2007. Prodalis, c'est le nom de ce système vidéo de surveillance de la forêt, devient opérationnel en 2008. Des caméras sur les 19 tours de guet sont reliées par un réseau Wi-max, du Wi-fi mais plus puissant, au CODIS, Centre Opérationnel Départemental Incendie Secours, d'où un opérateur surveille la forêt sur un écran d'ordinateur.

Cette détection dans un délai inférieur à cinq minutes après l'allumage d'un feu permet un intervention rapide. Les unités d'intervention sont dispersées dans le massif. Des centres de secours sont ouverts l'été, durant la saison des feux de forêt, pour assurer une meilleure proximité. Chaque unité est composée de deux camions tout terrain porteurs de 3 à 4 tonnes d'eau et d'un véhicule léger tout terrain équipé d'une pompe pour recharger les citernes des camions, depuis l'un des nombreux points d'eau. A chaque alerte trois unités sont mobilisées. Elles doivent atteindre le lieu du sinistre dans les 10 à 15 minutes maximum.

Mais la prévention la plus importante est le nettoyage du sous-bois. S'il est dense et important, il alimente le feu et rend la lutte difficile. La chaleur ainsi dégagée enflamme les cimes des pins. Un sous-bois propre prive le feu de combustible. Jusque dans les années 1950, le gemmage et le besoin de litière pour les troupeaux a permis le nettoyage manuel de cette forêt. La disparition des troupeaux et du gemmage a obligé les sylviculteurs à trouver d'autres techniques plus mécaniques. C'est le rouleau landais, qui broie la végétation du sous-bois et l'enterre, la transformant ainsi en biomasse.

Jean-Paul Saint-Marc

Transcription

Journaliste
Forêt des Landes. Un million d’hectares soumis l’été à la sécheresse et au vent et qui pourtant ne brûlent pas. Pourquoi, parce que, outil économique important par le papier, le bois d’œuvre ou le bois de chauffage qu’elle rapporte, cette forêt est depuis plusieurs années le siège d’une politique intense de prévention. On l’observe constamment grâce à des postes de guet installés 24h/24 tous les 23 km et relayés par des caméras infrarouge, capables de détecter la moindre fumée même par temps de brouillard. A la première alerte, des équipes d’intervention légères se rendent rapidement sur les lieux. Ces techniques ayant prouvé leur efficacité, il suffit de les appliquer à la forêt méditerranéenne. Pas si simple, car son profil est différent. Sur les deux millions d’hectares qui la composent, 70% appartiennent à de petits propriétaires privés qui n’en tirent aucun bénéfice. Dans les années 50, les pins maritimes ont été décimés par la maladie. Résultat, un cercle vicieux. Pas d’argent, pas d’entretien de la forêt, une broussaille qui se développe et qui constitue la proie idéale des flammes. En 1982, Haroun Tazieff décide le gouvernement à débloquer des crédits, à acheter des machines débroussailleuses, et à les mettre à disposition des régions qui établissent elles-mêmes leur plan de débroussaillement. On laisse un arbre tous les 7 mètres et on obtient une végétation moins inflammable. Suivant l’exemple des Landes, on développe aussi la surveillance. Il y a aujourd’hui 12 vigies dans le Var qui font le guet trois mois par an.
Anne-Marie Trafanelli
Quand c'est une fumée claire c’est, ou un feu d’herbes, ou de broussailles, hein. Et quand la fumée commence à devenir plus foncée, en principe, c’est des feux de pinède. Là on n’hésite pas hein.
Journaliste
Pour répondre à leur appel, on a multiplié des patrouilles de forestiers sapeurs. Ce sont des véhicules 4x4 munis d’une lance d’arrosage et d’un réservoir de 600 litres d’eau, destinés à intervenir très rapidement et à éteindre l’incendie dès sa naissance. On fait appel aussi aux scientifiques qui, par des reconstitutions en laboratoire, déterminent les espèces les plus résistantes au feu et que l’on replantera de préférence.
(Bruit)
Journaliste
Enfin, depuis un an, on revient au pastoralisme, car un troupeau de moutons peut entretenir à moindres frais ce que la machine a débroussaillé. Trois partenaires se sont réunis pour mener cette expérience. L’administration, un berger et un scientifique.
Paul Kerjean
Notre problème, c’est que ces pare-feux soient propres à une date bien précise au début de l’été.
Bernard Firn
Il est prouvé qu’avec un troupeau de moutons bien conduit, on arrivait à quelque chose, on arrivait à les nettoyer.
Bernard Hubert
Et l’objectif il est d’attirer les moutons sur ces parcelles pour arriver à créer une pelouse sous les arbres, moins inflammable, et qu’il y ait une possibilité d’entretien par le troupeau ovin.
Journaliste
La fureur d’Haroun Tazieff est d’autant plus grande que ces expériences sont efficaces. Mais il ne s’agit encore que d’opérations pilotes alors qu’elles devraient être généralisées et amplifiées depuis bien longtemps.