Le tourisme dans les Landes : l'exemple du Vieux-Boucau

24 mai 1983
02m 41s
Réf. 00235

Notice

Résumé :

Les Landes voient leur population doubler durant l'été. Pour accueillir au mieux l'ensemble de ces vacanciers, campings, résidences secondaires, villages vacances et hôtels se sont multipliés. Exemple de la nouvelle station de Vieux-Boucau-Port-d'Albret qui s'est développée autour de son lac marin.

Date de diffusion :
24 mai 1983
Source :

Éclairage

Le 26 juin 1972, les partis socialiste, communiste et radical de gauche signent la mise en place d'un "programme commun". Il est axé sur la nationalisation des entreprises et les avancées sociales, autorisant, de facto, grâce à la réduction du temps de travail et du chômage, la relance de l'économie par la consommation. "Vivre mieux, changer la vie", le slogan de l'époque, résume cet idéal qui se situe dans l'esprit des réformes menées par le Front Populaire en 1936.

François Mitterrand, élu en mai 1981, s'engage partiellement dans cette voie provoquant, dans les mois qui suivent, une perte de confiance des financiers et une fuite des capitaux. Face à cette crise majeure, après trois dévaluations consécutives du franc, il faut se rendre à l'évidence : cette nouvelle politique, marquée à gauche, est un échec. L'inflation est certes jugulée, la hausse des salaires contrôlée mais les financements font défaut pour assurer tous les projets. Le printemps 1983 annonce donc une nouvelle période intitulée "le tournant de la rigueur".

Cette nouvelle politique économique va à l'encontre de l'esprit qui anime la gauche traditionnelle : on nationalise d'un côté bon nombre d'entreprises mais on privatise certains secteurs et les marchés financiers sont en partie dérégulés. La gauche est affaiblie et doit bientôt accepter la "cohabitation" et une seconde vague de privatisations menées sous le gouvernement Chirac entre 1986 et 1988.

Mais sur la côte landaise, en Marensin, on construit. On construit beaucoup même, au rythme de 150 à 200 logements par an ; campings, résidences secondaires, résidences associatives et hôtels cumulent, en outre, près de 120 000 lits. La population locale au bord du Bocau vièlh [1], "l'ancienne bouche" de l'Adour, enfle pendant les mois de juillet et août où l'on compte "15 millions de nuitées" !

Dans un contexte de rigueur budgétaire, ce dynamisme étonne. Ici, on applique - semble-t-il - la consigne de "passer les vacances en France" mais l'émergence de Port d'Albret, à une quinzaine de kilomètres de l'élégante station d'Hossegor et du port historique de Capbreton s'explique aussi certainement par une volonté politique locale favorisée par la proximité d'un lieu, qui devient célèbre ; enchâssé dans les dunes, entre l'étang de Soustons et...Vieux Boucau, au lieu-dit Latche [2], se trouve, en effet, la résidence secondaire du président.

Les permis de construire sont facilement attribués sur les rives du "courant" et en front de mer, les chantiers se multiplient et les paysages se transforment. Réalisé à partir des projets de la MIACA, datant déjà de 1970, l'aménagement du lac marin de Port-d'Albret [3] bouleverse effectivement le fonctionnement hydraulique de l'étang de Pinsolle et de l'ancien marais du Junca parcouru par le courant de Soustons. Mais le succès de ce nouveau lieu de villégiature familiale ne se dément pas. Si du côté de Latche, le calme est aujourd'hui revenu, la longue plage de sable fin et le plan d'eau de la nouvelle station qui aura évité le "tournant de la rigueur", attirent toujours vingt ans plus tard.

Ici, effectivement, la vie a changé et on y vit mieux...

[1] Du gascon bocau, "embouchure". Le toponyme Bocau vièlh ou Vieux-Boucau s'explique par le fait que l'Adour se jetait, jusqu'en 1367, à Capbreton appelé aussi Bocau de Diu ; remontant vers le nord, dans un parcours parallèle à la côte, le fleuve, à la suite de tempêtes, et jusqu'aux travaux de Louis de Foix en 1578, s'est ensuite jeté à la mer au Bocau devenu Bocau vielh par la suite.

[2] Latche est un micro-toponyme appartenant au vieux fonds lexical gascon. Il doit être rapproché du basque latsa, "cours d'eau dans lequel se jettent plusieurs autres plus petits". Même si ce sens n'est plus évident aujourd'hui, il faut garder à l'esprit que les toponymes se sont fixés il y a très longtemps et que paysages et topographie ne sont pas immuables, surtout sur la côte landaise.

[3] Ce néo-toponyme rappelle la puissance de la famille d'Albret, originaire de Labrit, au cœur des Landes forestières.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Quant à l’école primaire, on découvre la France en dessinant la carte, les Landes séduisent d’emblée, tous les petits écoliers car elles sont le plus facile à dessiner. Un trait tout droit, droit comme une côte sableuse. En réalité, ce sable s’étend sans discontinuité sur plus de 100 kilomètres, avec ses avantages et ses inconvénients. Ses inconvénients, une mer aux rouleaux dangereux pour les imprudents, inoubliables pour les autres, surfeurs en particulier. Ce sable, à l’étendu presque illimitée, favorise, comme l’ensemble du département, les vacances dites familiales, faites de mer, de soleil, de promenades à l’ombre des pins et de nourritures copieuses. Ce que certains qualifient de vraies vacances. D’ailleurs, si l’on excepte Capbreton, les Landes ne sont pas un département d’où l’on part pour de longues croisières maritimes. Pour offrir ces vraies vacances, la population landaise peut augmenter de 50%. Un peu plus de 300 000 habitants quand il pleut, en hiver ; 450 000, en été, sous le soleil. Le camping est la solution la plus accueillante avec ses 55 000 places offertes. Les résidences secondaires viennent ensuite, 36 000 lits, puis l’hébergement, type associatif, comme les villages vacances ou les colonies, avec 17 000 places. L’hôtellerie, pour sa part, propose 10 000 lits. En 1982, les professionnels du tourisme ont recensé plus de 15 millions de nuitées. Si la mer vous semble trop turbulente, rejoignez les lacs, idéal pour la planche à voile. Depuis deux ans maintenant, une nouvelle station a su allier les deux, mer et lac, Vieux-Boucau Port d’Albret. La station nouvelle de la côte landaise, capable de multiplier sa population par 20.
Intervenant
Chaque année, ben, nous avons, par exemple, tous les ans, en moyenne, 150 à 200 appartements qui sont mis, à nouveau, sur le marché. Egalement, à peu près, vous voyez cette année, il y aura sur le Port d’Albret, environ, 500 places de villages de vacances supplémentaires par rapport à l’an dernier. Alors, là, je pense qu’effectivement, bon, ben, nous pouvons accueillir beaucoup plus de touristes que nous n’en avions l’an dernier. Et je pense que, justement, puisque cette année, on suppose que nous aurons affaire à un afflux de touristes très important du fait, évidemment, des raisons que vous connaissez, n’est-ce pas. Et bien, là, nous sommes prêts, nous pouvons les accueillir.
Journaliste
Comme partout en France, les Landes ont entendu l’appel lancé par le gouvernement "Passez vos vacances en France !" ». Et dans les Landes, comme au Pays basque d’ailleurs, l’augmentation de la demande n’a pas encore été très sensible. Pour juillet et août, tout est retenu depuis longtemps, comme chaque année. Seul, le camping permettra d’absorber la demande supplémentaire.