Rafale au banc d'essai

14 juillet 2006
06m 45s
Réf. 00269

Notice

Résumé :

Au Centre d'Expériences Aériennes Militaires de Mont-de-Marsan, les qualités des avions de chasse de type Rafale et le paquetage des pilotes sont testés avant d'intégrer les différentes bases aériennes de l'armée française. Le centre assure par ailleurs la formation des futurs pilotes ainsi que l'entraînement des pilotes confirmés sur des simulateurs de combat.

Type de média :
Date de diffusion :
14 juillet 2006
Source :

Éclairage

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, c'est au Centre d'Expériences Aériennes Militaires de Mont-de-Marsan (CEAM), base 118, que sont développés et testés les nouveaux avions à réaction de l'armée française. Le Mirage 2000 et le Rafale constituent deux célèbres exemples de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Tous deux proviennent de l'entreprise Dassault.

Marcel Bloch (Dassault à partir de 1949) naît en 1892 à Paris, il entre à l'école d'électricité Breguet puis à l'école supérieure d'aéronautique et de construction mécanique (ancêtre de Supaéro) dont il sort diplômé en 1913. Trois ans plus tard, il s'associe avec Henry Potez pour produire l' "hélice éclair" qu'il a dessinée, celle-ci est sélectionnée par l'armée comme l'une des plus performantes. Marcel Bloch construit son premier avion en 1917 puis crée la société des avions Marcel Bloch en 1928, nationalisée en 1937. Il fonde aussitôt une nouvelle entreprise. Juif et refusant de collaborer, Marcel Bloch est arrêté puis déporté avec sa famille à Buchenwald. Sauvé par l'organisation clandestine du camp, il revient en France et change son patronyme en Bloch-Dassault (1946) puis Dassault (1949).

La nouvelle société des avions Marcel Dassault conçoit et produit les premiers chasseurs à réaction français : l'Ouragan en 1949, le Mystère II qui franchit le mur du son en 1952 et la série des Mirage. Le Mirage 2000 qui vole pour la première fois en 1978 constitue l'une des plus belles réussites de l'entreprise. Ce chasseur monoréacteur est commandé à plus de 300 exemplaires par l'Armée de l'air française tandis qu'un nombre presque équivalent est exporté vers huit pays. Cette politique permet à la France de conserver la maîtrise de la production de ses avions militaires tout en réduisant le coût de leur développement grâce aux exportations. Les premiers Mirage 2000 entrent en service en 1984.

Au milieu des années 1980, un nouveau programme est lancé afin de réaliser un appareil omnirôle, le Rafale, capable de remplacer tous les avions de l'Armée de l'air française et de la Marine nationale. Le premier vol du Rafale a lieu en 1986, mais son entrée en service n'intervient qu'en 2001. Ce biréacteur peut atteindre rapidement 2 200 km/h (Mach 1,8). Le coût global de son développement approche les 40 milliards d'euros en 2006, ce qui rend vitale son exportation. Toutefois, si le gouvernement français a commandé 286 exemplaires du Rafale aucun autre pays ne l'a choisi à cette date. Il entre en concurrence avec l'Eurofighter Typhoon développé par un consortium réunissant l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Espagne. Le coût unitaire d'un Rafale, environ 150 millions d'euros, demeure cependant inférieur à celui d'un Eurofighter.

Les performances de ce type d'appareil et l'évolution constante de son électronique embarquée impliquent une sélection drastique des pilotes. De plus, les systèmes d'aide au tir progressent régulièrement, en particulier avec l'adoption du capteur optronique, indétectable car il n'émet pas d'ondes et peut identifier des cibles à 100 km grâce aux rayonnements lumineux qu'elles émettent (visibles ou infrarouges). Enfin, le Rafale peut embarquer 9 500 kilos de missiles et de bombes dont l'amélioration s'avère également permanente. Pour toutes ces raisons, le Rafale demeure un avion de combat opérationnel en 2006 malgré sa date de conception qui peut paraître ancienne, mais il doit repasser régulièrement au banc d'essai de la base 118 de Mont-de-Marsan afin de valider ses évolutions successives.

Bibliographie :

- BRÉAND, André, Rafale : la suprématie aérienne, Boulogne-Billancourt : ETAI, 2005, 191 p.

Jean-Marc Olivier

Transcription

Journaliste
Ici, on teste les hommes et les machines. Base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, au décollage, un Rafale et un Mirage 2000. Objectif de la mission, établir un mode d’emploi tactique du nouvel avion de chasse français en comparant les performances des deux avions.
(Musique)
Journaliste
Vol après vol, ces pilotes expérimentateurs ont pour mission d’exploiter au mieux leur nouvel outil. Observé à la loupe ce jour-là, le capteur obtronique du Rafale. Une caméra et un logiciel qui lui permettent de détecter une cible à plus de 100 km.
Dominique Bonnot
Le travail de Mont-de-Marsan ne s’arrête pas aujourd’hui parce que l’avion va être opérationnel, mais il va y avoir d’autres versions d’avion. Il va y avoir d’autres versions des capteurs et toutes ces versions passeront par ici. Et il faudra les expérimenter, vérifier le contexte d’emploi, les règles d’emploi, les écrire et les livrer aux forces.
Journaliste
Bienvenue au Centre d’expérience aérienne militaire. Son surnom, l’armée de l’air du futur. Un passage obligé pour les machines et les pilotes de demain. Après 3 ans d’école de l’air, le sous-lieutenant Laetitia Paul et ses trois collègues débutent ici leur formation pratique.
Intervenante
Alors, on va passer à la phase dynamique.
Journaliste
Premier test, le générateur d’illusion sensorielle. Sans repère visuel à l’intérieur du simulateur, l’élève pilote est trahie par ses sensations.
(Bruit)
Intervenante
Qu’est-ce qui s’est passé ?
Laetitia Paul
Donc là, je suis passée sur le dos.
Intervenante
Voilà, vous êtes passée sur le dos.
Laetitia Paul
Oui, oui.
Intervenante
Tout à fait. Donc ça, c’est l'illusion somatogravique d’inversion.
Laetitia Paul
D’accord.
Intervenante
Donc, la combinaison des forces GX de décollage et moins GZ de remise en palier et de pesanteur terrestre donne une sensation de passage sur le dos.
Journaliste
Après le cours de géométrie dans l’espace, la tête tourne encore à la sortie du simulateur.
(Bruit)
Laetitia Paul
C’est une épreuve de plus à passer on va dire, et puis, il ne faut pas s’arrêter à cela. On va commencer les vols, le plus dur reste à venir. Donc, on sait que des épreuves, oui, on va en avoir.
Journaliste
Le rêve de ces élèves, piloter un jour l’un de ces Rafales. Derniers réglages, derniers contrôles pour ces appareils qui seront livrés à l’escadron de Saint-Dizier dans les semaines à venir. Le Rafale, un saut technologique qui simplifie la tâche des pilotes et des mécaniciens.
Hélène Bonnan
On discute avec les organes de l’avion par la maintenance intégrée. On les voit vivre. D’un coup d’œil, on regarde tous les systèmes de l’avion, le système électrique, le fioul, les commandes de vol, l’oxygène, les freins. On regarde tout cela, et on choisit la page qu’on va aller visiter.
Journaliste
On est mécanicien mais on est aussi un peu informaticien ?
Hélène Bonnan
On le devient. [Pourtant, je suis les gestes de base] maintenant on est obligé...
Journaliste
Egalement testé ici, le paquetage des pilotes de Rafale. A l’intérieur, un canot de survie qui se déploie quelques secondes après l’éjection, indispensable en cas d’amerrissage, il peut aussi service d’abri au sol, le pilote a de quoi à se chauffer, à boire et manger pendant deux jours, le délai nécessaire à sa récupération en zone hostile.
Sébastien Roze
On fait deux sauts sur plan d’eau et deux sauts sur terre pour évaluer la tenue des composants. Par exemple, on peut imaginer que les sachets d’eau qui se trouvent dedans puissent être détériorés par un objet tranchant qu’on aurait mis à côté, qu’on n’aurait pas fait attention par exemple.
(Bruit)
Journaliste
Nouveau test pour Laetitia Paul et les autres élèves pilotes. Bardés d’électrode, ils vont vivre pour la première fois une hypoxie, une brusque et forte diminution de l’oxygène en plein vol. Vous appréhendez là ce qui va se passer ?
Laetitia Paul
Un petit peu, oui, je m’attends à voir des effets secondaires particuliers.
Intervenant
Durant aussi la descente, on va vous demander de lire les plaquettes ici en vous mettant…
Journaliste
Perte de mémoire et de la notion du temps, trouble de la vision, problème de concentration, euphorie. Dans quelques minutes, ces quatre apprentis pilotes connaîtrons leurs réactions en cas d’hypoxie.
(Musique)
Jacques Maillol
Nous sommes au Centre d’entraînement du combat aérien. Vous voyez, c’est un ensemble de simulateurs sous forme de boules qui sont reliés entre eux et cela permet aux pilotes de la Force aérienne de combat de venir régulièrement s’entraîner au combat aérien. Vous pouvez simuler des patrouilles jusqu’à 10 avions et vous avez en face des hostiles qui sont pilotés et cela permet aux jeunes pilotes de s’entraîner efficacement.
Dominique Bonnot
Ce n’est pas un jeu vidéo. C’est vraiment un outil qui nous permet d’aller sur nos points faibles pour que, plus tard, dans l’avion, ces points faibles ne nous empêchent pas de faire la mission.
Journaliste
Retour au test d’hypoxie. Les élèves pilotes sont enfermés depuis 20 minutes, 20 minutes de montée en pression.
Intervenant
Ça va pour tout le monde ?
Journaliste
Altitude simulée 10 000 mètres.
Laetitia Paul
Ça va.
Intervenant
Ok, maintenant, on va commencer. C’est quand vous voulez. Vous coupez l’oxygène. Vous allez faire le test de raisonnement qui est le n°1 de votre feuille. 3. C’est pas 3. C’était bien essayé. Qu’est-ce que c’est comme carte ?
Journaliste
Ils ont tous fait Maths Sup et Maths Spé mais ont beaucoup de mal à répondre à ces basiques tests de logique.
Intervenant
Respirez calmement, posez bien votre tête. Vous me posez 79 que multiplie 87 s’il vous plaît.
Journaliste
En hypoxie, le cerveau ne réagit plus normalement.
Intervenant
[Incompris]. Pouvez-vous m'indiquer la ligne constituée du nombre différent s’il vous plaît.
Journaliste
Objectif du test, repérer les symptômes de l’hypoxie.
Intervenant
Ça va ?
Laetitia Paul
Oui, oui.
Intervenant
Ça revient ?
Laetitia Paul
Un peu.
Intervenant
Démonstratif.
Journaliste
Et prendre conscience de leur limite. On se sent mieux après ?
Thierry Cazadi
Après oui, pendant, on a une sensation de [incompris], d'étourdissement.
Journaliste
Vous-vous attendiez à ça comme sensation ?
Thierry Cazadi
Non, mais je l’avais vécu en fait.
Laetitia Paul
Là, j’avais des fourmillements de partout. J’avais les doigts qui étaient complètement crispés. Et puis, et j’avais la tête lourde. Enfin, j’avais l’impression que ma tête allait tomber, et puis bon.
Journaliste
Le sous-lieutenant Paul et ses collègues peuvent désormais souffler. Ce premier diplôme en poche, ils vont poursuivre leur formation pratique. Dans deux ans, si tout se passe bien, ils espèrent bien être aux commandes d’un Rafale.