Quatre Dacquois sélectionnés dans l'équipe nationale pour le Tournoi des cinq nations

L'année 1995 est capitale pour le rugby à XV. La Coupe du Monde qui s'est déroulée en Afrique du Sud a révélé que la reconnaissance d'une certaine professionnalisation serait inévitable. La sélection en équipe nationale reste néanmoins la plus prisée dans le monde du rugby. Dès 1996, on s'interroge sur la mutation que va subir le système français.

Peu après avoir refusé en septembre 1995 la pratique du rugby professionnel dans sa définition au niveau mondial [1], la Fédération Française de Rugby (FFR) instaure un mode de recrutement professionnel [2]. Mais, appliquant le système du football français, elle n'organise pas de pré-sélection à la différence de la Nouvelle-Zélande par exemple (pour être All Black, il faut jouer, au cours de la même année, en club ou en province...).

Quelques joueurs français intègrent des équipes de l'hémisphère Sud. C'est le cas de Thierry Lacroix et Olivier Roumat en Afrique du Sud, qui en 1995 sont recrutés suite à la Coupe du monde [3]. A la fin de cette même année, Thierry Lacroix remporte, avec le Natal, la Currie Cup [4], contre la Western Province où joue Olivier Roumat. De retour en Europe, il rejoindra Dax puis l'Angleterre au sein du club des Harlequins.

Suite à sa virée professionnelle en Afrique du Sud, la Fédération prive Thierry Lacroix [5] d'équipe de France [6], en octobre et novembre 1995 : sanction hâtive qui engage, tardivement et pour quelques années, un débat sur la cohérence du système. "Pardonné" par les instances fédérales, il est sélectionné, comme Olivier Roumat [7], dès le premier match contre l'Angleterre, pour le Tournoi de 1996 [8].

Ces deux joueurs, internationaux depuis 1989, pourront conseiller les jeunes Dacquois nouvellement sélectionnés pour le Tournoi des cinq nations : Richard Dourthe, fils de Claude, à la mentalité de gagneur (31 sélections en équipe de France entre octobre 1995 et 2001), et Fabien Pelous, qui deviendra recordman des sélections en équipe de France (118 capes, entre octobre 1995 à 2007).

A l'époque des clubs amateurs, une question occupait les sélectionneurs : le temps de préparation de l'équipe de France étant très réduit, les automatismes cultivés en club constituaient un atout. On privilègiait les "paires" entre postes associés, demis de mêlée et demi d'ouverture, ou centre et ailier. Le duo des frères Boniface n'a cependant été que peu exploité (18 fois). Si l'on ne parle pas encore en 1996 de "système de jeu", les moyens mis à disposition du sélectionneur national lui permettent dorénavant de faire travailler ensemble plus longtemps des joueurs qui ne se connaissent pas. Les rapports avec les clubs employeurs des joueurs sont encore problématiques.

Il reste que c'est encore plus un honneur qu'un handicap, pour Dax, en 1996, de voir quatre de ses joueurs ainsi reconnus.

[1] Qu'avait reconnu l'International Board le 27 août 1995.

[2] Depuis, des fédérations comme celles d'Afrique du Sud ou de Nouvelle-Zélande n'autorisent plus la sélection en équipe nationale de joueurs expatriés au moment de la sélection et/ou de la préparation.

[3] Lors de la Coupe du Monde 1995, Thierry Lacroix fut le meilleur réalisateur avec 112 points en 5 matchs.

[4] Championnat de Premier Division d'Afrique du Sud, qu'il gagnera aussi en 1996 avec le Natal, où le rejoint Olivier Roumat.

[5] et les autres "Africains" Olivier Roumat et Laurent Cabannes ainsi que Abdelatif Benazzi qui avait fait un séjour en Australie.

[6] 5 matchs, dont les deux test-matchs contre la Nouvelle-Zélande en France.

[7] Roumat jouera en équipe de France 6 matchs en 1996, pour un total de 61 sélections depuis 1989.

Lacroix jouera en équipe de France 8 matchs en 1996 et 1997, pour un total de 43 sélections depuis 1989.

[8] Paris, 20 janvier 1996, score 15-12