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L'équipe de rugby de Hagetmau landes, le rugby dans les villages

10 septembre 1983
04m 42s
Réf. 00635

Notice

Résumé :

Reportage consacré au club de rugby SA Hagetmau. Interviews de Jacques Loterie, le président du club et de Max Godemet, son entraîneur.

Type de média :
Vidéo - Magazine
Date de diffusion :
10 septembre 1983
Source :
France Régions 3 Toulouse (FR3TL) (Collection: Le magazine du rugby )
Personnalité(s) :
Max Godemet / Jacques Loterie
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

Hagetmau, la Cité verte des Landes réputée pour sa gastronomie, est restée pendant longtemps un des bastions du rugby aquitain, avant de devenir un centre d'accueil pour les sportifs en quête d'oxygénation. Pour le rugby français, le Sport Athlétique Hagetmautien représente, dans le bon sens du terme, le rugby des villages. L'histoire du rugby dans cette petite cité ne date pas d'aujourd'hui. Le club a été porté sur les fonts baptismaux le 26 novembre 1919 avec, à l'époque déjà, l'objectif de faire pratiquer des exercices physiques et de promouvoir l'esprit de camaraderie. Tous les joueurs passés au club, à l'image des frères Lansaman (Max, Bernard, Francis et Alain, troisième ligne redoutable et redouté) au début des années 1980, ont fait montre de courage, volonté, force physique, et n'ont jamais failli lors des troisièmes mi-temps. La couleur d'origine du S.A.H est le noir, comme les All Blacks. Ce n'est qu'en 1923 que Robert Lalaude, de retour de son régiment à Limoges, propose aux dirigeants hagetmautiens d'adopter les couleurs de la préfecture de Haute-Vienne, rouge et bleu. Depuis, celles-ci n'ont jamais changé.

Le Sport Athlétique Hagetmautien rivalisait alors avec les meilleurs de sa catégorie. Malgré la proximité des clubs voisins de Saint-Sever (12 km), d'Orthez (28 km) et de Mont-de-Marsan (30 km), le S.A Hagetmautien se hissa au niveau de la troisième division à la fin de la saison 1961-1962, en deuxième division à l'issue de celle de 1964-1965 et a rejoint l'élite du rugby français, la première division, en 1980. Le 22 mai 1983 à Mérignac, le S.A.H devient champion de France première division groupe B en battant en finale le Paris Université Club (12-7). Une date que le Président Jacques Loterie n'est pas prêt d'oublier : « Ce fut une journée mémorable pour tout le club, tous ses joueurs, tous ses supporters. La plus belle consécration quel que soit le niveau où on l'obtient. Le rugby de village a sa place et c'est même une nécessité. Hagetmau sans rugby c'est inenvisageable. »

Cinq club landais s'illustrent ainsi en première division Groupe A : Dax, Mont-de-Marsan, Tyrosse, Aire-sur-l'Adour et Hagetmau. Pour l'entraîneur Max Godemet, l'essentiel est de préserver l'identité du jeu du S.A.H avec la pratique d'un jeu ambitieux et complet, pratiqué à 15, en respectant les fondamentaux du rugby. Une vision partagée par le capitaine Bernard Ducourneau : « Tout le monde a envie de s'accrocher et de prouver quelque chose. » De 1980 à 1993, le S.A.H évolue en Première Division avec sept saisons en Groupe A et six saisons en Groupe B. Pendant cette période, les plus grands clubs du pays, comme Montferrand, Grenoble, Béziers, le Racing, Toulon, Bègles, Perpignan ou bien sûr les voisins dacquois et montois, viennent au stade Georges-Dumartin défier les Rouge et Bleu. Parmi les innombrables morceaux de bravoure, on retiendra en 1990 la victoire face aux vedettes du S.U Agen, Sella, Benazzi, Berbizier, Benetton et consorts, alors vice-champions de France, avec deux essais à la clé (12-6) ! « Ils s'en souviendront toute leur vie », déclarait un Pierre Berbizier dépité à l'issue du match.

Vincent Péré Lahaille

Transcription

Journaliste
On est également organisé parce que le score pour dimanche est déjà prêt.
Présentateur
Bon ben écoutez, nous allons passer maintenant d’un club qui est riche, enfin qui est connu à un autre club qui l’est beaucoup moins et qui va l’être, il s’agit d’Hagetmau. C’est un reportage de Patrick Thillet.
Journaliste
Pardon Monsieur, est-ce qu’il existe à Hagetmau quelqu’un qui ne s’intéresse pas au rugby ?
Inconnu 1
Vous plaisantez là, moi alors, je n’en connais pas. Si, j’en connais un, mais il est mort il y a quatre ou cinq ans, et je ne sais même pas s’il n’est pas mort de ça alors.
Journaliste
Eh oui, à Hagetmau, le rugby, c’est sacré. Comme dans tous les départements des Landes, une région de tradition, célèbre par ses immenses forêts de pins, par sa gastronomie riche et originale ; mais aussi célèbre par sa passion pour le ballon ovale. Les Landes qui compteront cette saison cinq clubs en première division Groupe A. Dax, Mont-de-Marsan, Tyrosse, Aire-sur-Adour, et le petit dernier Hagetmau. Le sport athlétique hagetmautien qui a enlevé la saison dernière le titre de champion de France de rugby de première division en groupe B, en battant en finale le Buc 12 à 7. C’était le 22 mai 1983 à Mérignac, une date que le président du club Jacques Loterie n’est pas prêt d’oublier. Eh bien Président, je présume que ça vous rappelle de bons souvenirs cette finale.
Jacques Loterie
Ah oui, c’était une journée mémorable pour tout le club, pour tous ces joueurs, tous ces supporters. Un titre de championne de France, d’autres l’ont dit avant, je crois que la plus belle consécration, quel que soit d’ailleurs le niveau qu’on obtient. Être championne de France dans la vie d’un joueur de rugby, c’est le summum.
Journaliste
Vous êtes en train de prouver que le rugby de village a encore sa place dans le rugby en général.
Jacques Loterie
Je pense que le rugby de village a non seulement sa place, mais je crois que c’est une nécessité. Nous jouons ici au plan local un rôle attractif qui est indispensable. Une ville comme la vôtre, Toulouse ou Bordeaux, sans rugby, ça ne change pas grand-chose. Par contre, je peux vous dire qu’Hagetmau, sans rugby, c’est inenvisageable.
Journaliste
Jaque Loterie est à la tête d’un club structuré et soutenu par une ville de 4 500 habitants entièrement acquise à la cause du rugby hagetmautien. C’est peut-être pour cette raison que cette nouvelle expérience en première division groupe A n’a pas l’air d’inquiéter vraiment les joueurs ou même l’entraîneur Max Godemet.
Max Godemet
L’essentiel, c’est de garder son identité. Nous avons voulu pratiquer un jeu un peu peut-être ambitieux, puisqu’il se pratiquait à 15. Un jeu complet qui respectait les fondamentaux du rugby. Nous sommes arrivés dans le groupe B et je pense que nous essayerons d’y arriver aussi dans le groupe A.
Journaliste
L’objectif ?
Max Godemet
L’objectif, si on est ambitieux, ben, c’est de se qualifier, si l’on est moins, c’est d’essayer de se maintenir.
Journaliste
Du côté des joueurs, que ce soit l’excellent troisième ligne L Alain Lansaman, agrégé de plaquage, mais allergique aux interviews, ou le capitaine Bernard Ducourneau ; là aussi sans faire preuve d’un optimiste béat, on envisage l’avenir avec une certaine sérénité.
Intervenant 1
Tout le monde renonce un peu, et tout le monde a envie de s’accrocher et de prouver quelque chose.
Journaliste
On m’a dit qu’il serait plus facile d’être champion de France à Hagetmau que de faire parler Alain Lansaman à la télévision, c’est vrai ?
Intervenant 1
Ben, vous avez pu remarquer ce soir. Enfin, c’est ça oui.
Journaliste
Un mot pour prouver qu’on n’était pas sourd-muet.
Intervenant 2
Alors !
Journaliste
Voilà, alors, là on est rassuré. Comme de coutume, les moins inquiets pour cette montée en première division groupe A, ce sont bien sûr les supporters. Leur fidélité au club n’a d’égal que leur enthousiasme.
Inconnu 1
Lui, il vient souvent au rugby, c’est Monsieur Miol. Lui, il ne manque pas une seule partie. Dis quelque chose au rugby.
Inconnu 2
Ah, il marque souvent ?
Inconnu 1
C’est un ancien joueur. Toi, tu viens souvent à la buvette comme lui.
Inconnu 2
Oui, il n’y a que l’image derrière, ce n’est pas plus joli parce que j’étais dedans.
Inconnu 1
Moi, j’ai joué une fois. Je suis tombé, et je ne suis plus revenu.
Inconnu 2
Ah oui, tu as oublié de revenir quand même, parce que ça faisait mal.
Inconnu 1
Non, mais le folklore que font les joueurs, on peut les féliciter, parce que c’est grâce à eux si les supporters vivent sur un terrain, oui quand même.
Inconnu 3
Lors du match, je croyais m’en aller à Mauléon, et c’est ici qu’ils viennent, tant pis.
Inconnu 1
Oui, les mauléonnais qui passent, on les avale.
Journaliste
Oui, vous voyez qu’on n’a pas froid aux yeux à Hagetmau, on est optimiste.