Découverte des lagunes du parc régional des Landes de Gascogne

12 janvier 2001
02m 46s
Réf. 00741

Notice

Résumé :

Découverte des lagunes du parc naturel régional des Landes : Elles seraient témoin de l'époque glacière. On y retrouve la moitié des espèces de France de libellules dont certaines sont très rares. Mais aujourd'hui, ce patrimoine est menacé, il en reste 500 sur un millier en 1970. La culture du maïs et de la forêt induit le drainage des parcelles. Un inventaire est en cours et le sauvetage des lagunes a été entrepris car il a un intérêt écologique, touristique et économique.

Date de diffusion :
12 janvier 2001

Éclairage

Le Parc naturel régional des Landes de Gascogne est, avant tout, un parc "naturel" ; c'est-à-dire qu'il a pour vocation première la protection et la transmission de l'héritage fragile que constitue son territoire.

Ce territoire n'a d'ailleurs pas été défini au hasard. Limité, à l'origine, lors de sa création en 1970, aux 22 communes du bassin versant de l'Eyre, qui se trouve à cheval sur les départements des Landes et de la Gironde, il se compose de landes complantées en pins maritimes drainées par un chevelu de ruisseaux, affluents du petit fleuve côtier, ourlés de forêts-galeries (1).

Le paysage de landes se divise lui-même en trois grands ensembles : landes sèche couverte de bruyères, lande mésophile où domine la fougère et lande humide caractérisée par la présence de molinie, appelée localement auguicha.

Or, le secteur d'Hostens, situé entre le bassin de l'Eyre et celui de la Garonne, constitue un interfluve mal drainé où se développent des tourbières ; dans cette lande girondine, on exploita même, entre 1933 et 1963, du lignite (du latin lignum, « bois ») provenant de la décomposition de bois fossilisé dans le sous-sol (2): un secteur donc particulièrement propice à la formation de lagunes, un milieu très particulier qui justifie l'attention que lui portent aujourd'hui les spécialistes des milieux humides attachés à l'institution. C'est un biotope remarquable mais dont l'équilibre est toujours menacé par les activités humaines ; d'où les mesures prises afin d'éveiller l'attention des responsables locaux qui doivent comprendre désormais l'intérêt patrimonial et touristique de ces richesses (3).

Il est vrai que les lagunes sont les témoins d'une très longue histoire. Jadis pourvoyeuses de poissons (4), elles sont fréquentes dans les zones interfluviales de la lande humide où elles prennent une forme circulaire ou ovoïde. Les scientifiques penchent pour une origine karstique, là où affleurent, sous l'épaisseur des sables, des couches calcaires. Mais on les trouve aussi au pied de certaines dunes fossiles continentales de forme parabolique comme le Douc de Cazalis, en Gironde. Enfin, sur la côte Aquitaine, de petites formations de ce type peuvent s'esquisser çà et là, derrière le cordon dunaire, en fonction de l'évolution du rivage et des courants qui affluent vers l'océan.

On comprend désormais qu'il n'est plus question d'assainir et de drainer à tout va, comme le préconisaient les plans de mise en valeur des sols de la loi de 1857. Bien au contraire, la Grande Lande s'enorgueillit aujourd'hui de l'existence de ces zones marécageuses, véritable conservatoire naturel d'une flore et d'une faune spécifiques.

Les temps changent : la création de la SEPANSO (5) la même année que la fondation du Parc avait déjà suscité l'intérêt pour les zones humides. En 2001, six ans avant le Grenelle de l'Environnement, on peut dire que le Parc naturel régional des Landes de Gascogne joue parfaitement son rôle puisqu'il essaye d'enrayer la disparition de ces lieux de mémoire naturelle qui renvoient à la formation du bassin aquitain (6).

(1) Empreintes landaises, Visite dans le Parc naturel des Landes de Gascogne.

(2) Belbéo'ch (Gwénolé), « La centrale thermique d'Hostens, une aventure humaine », dans Ressources minérales du sol et du sous-sol des Landes de Gascogne, Actes du colloque de Brocas, 24-25 mars 2000, PNRLG, Travaux et colloques scientifiques n°3, 2001.

(3) http://www.donnees.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/DOCUMENTS/SPREB/NATURE_PAYSAGE_BIODIVERSITE/NATURA_2000/DOCOB_CHARTE/FR7200696_Charte.pdf

(4) En témoigne la lagune des Anguilleyrons, à Hostens, rappelant l'abondance des anguilles dans ce type de formation.

(5) Depuis 1969, la Société pour l'Etude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest (SEPANSO ) est une association française de défense de l'environnement qui œuvre pour la sauvegarde du patrimoine naturel et de notre cadre de vie.

(6) Merlet (Jean-Claude) et Bost (Jean-Pierre) (sous la direction de), De la lagune à l'airial, le peuplement de la Grande-Lande, Travaux et colloques scientifiques du PNRLG 6, Éditions de la Fédération Aquitania, Supplément 24, Bordeaux, 2011.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentatrice
Tournons une page, environnement à présent. Josiane Bouillet et Robert Roussel nous font découvrir une des richesses insoupçonnées de l’Aquitaine, ses lagunes. Beaucoup ont disparu dans les 30 dernières années mais il en subsiste encore plusieurs du côté de Saint-Magne en Sud Gironde, reportage.
Josiane Bouillet
Sans doute, de nombreux promeneurs ont-ils contemplé des lagunes sans le savoir. Pays d’eau, l’Aquitaine ne compte pas ses lacs ou étangs sans parler des marais. Mais les lagunes constituent un milieu très spécifique, elles seraient des témoins de l’époque glaciaire.
François Billy
Les lagunes, c’est vrai, sont très caractéristiques de notre secteur, sont équilibrées avec une eau pauvre en nutriments, très pauvre en nutriments, et très acide, et donc, une végétation particulière s’est développée. On peut aller jusqu’à retrouver, en particulier, les espèces de tourbière, les espèces végétales qu’on retrouve sur des tourbières.
Josiane Bouillet
Autour des lagunes poussent chênes, aulnes, bouleaux et des herbacés de zone humide que l’on retrouve en Scandinavie. Idem pour la faune, les lagunes sont de véritables conservatoires d’espèces au milieu de la pinède.
François Billy
On peut citer par exemple les libellules. On retrouve sur les lagunes la moitié des espèces de France de libellules, et on retrouve certaines espèces qui sont très, très rares, à la fois pour la région mais aussi pour l’Europe.
Josiane Bouillet
Mais aujourd’hui, les lagunes sont un patrimoine menacé.
Philippe Lacoste
C’est une des curiosités de la commune puisqu’on en compte encore à peu près 200. Et il y a une trentaine d’années, quand je suis arrivé sur cette commune, il y en avait autant que de jours dans l’année.
Josiane Bouillet
Les autres ont été asséchées ?
Philippe Lacoste
Ben oui, par toutes sortes d’événements.
Josiane Bouillet
A l’origine, les lagunes correspondaient entre elles, surtout en hiver quand la nappe phréatique affleurait. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, la culture du maïs, de la forêt, induit le drainage des parcelles. Parfois, bois et sciures sont jetés dans les lagunes. Résultat, on en comptait un millier dans les années 70, 500 aujourd’hui.
Pascal Chenesseau
Ce sont des espaces extrêmement fragiles, des espaces qui sont extrêmement menacés simplement par les activités humaines sans qu’il y ait de volonté de les faire disparaître. Et il y a donc, à travers la charte du parc, une volonté très forte des élus locaux et de l’ensemble de nos partenaires de protéger ces espaces et de les mettre en valeur.
Josiane Bouillet
Un inventaire est en cours. Beaucoup reste à découvrir sur les richesses des milieux lagunaires. Elus, parcs, Europe, se sont attelés à la tâche, le sauvetage des lagunes a un intérêt écologique mais aussi touristique et donc économique.