L'usine Pechiney Ugine Kuhlmann

13 avril 1976
02m 52s
Réf. 00008

Notice

Résumé :
L'usine Péchiney Ugine Kuhlmann (PUK) s'étend sur 40 hectares, en enjambant le canal de la Deûle sur trois communes : La Madeleine, Saint-André-lez-Lille et Marquette-lez-Lille. On y fabrique principalement des dérivés de l'azote et du soufre. Cette usine, qui vit le jour en 1847, se trouve maintenant au cœur d'une grande agglomération.
Date de diffusion :
13 avril 1976
Source :
Thèmes :

Éclairage

L’empire industriel que furent les Etablissements Kuhlmann débute en 1825 quand un jeune alsacien, alors titulaire de la première chaire de chimie de l’université de Lille, décide de créer son entreprise à Loos, grâce aux capitaux récoltés auprès de sa famille et de ses élèves. Focalisé au départ sur la production d’acide sulfurique, servant notamment au blanchissement des textiles, Frédéric Kuhlmann diversifie rapidement sa production avec l’acide nitrique, le chlore, les colorants et les engrais de synthèse, les superphosphates.

Pour répondre à l’augmentation de l’activité, l’usine de La Madeleine voit le jour en 1847, aux abords de la Deûle. Dès 1852, Kuhlmann fait l’acquisition d’une usine située sur l’autre rive, à Saint-André. Le regroupement se fait en 1854 et le site s’étend alors sur 7 hectares, à cheval sur La Madeleine, Saint-André et Marquette. 850 ouvriers y travaillent quotidiennement.

L’histoire du groupe industriel et de ses usines se confond ensuite avec celle du pays. Durant l’occupation allemande de la première guerre mondiale, les dirigeants se tournent vers l’implantation d’usines en dehors des zones de conflit. Afin de financer cette nouvelle expansion, l’entreprise va s’ouvrir aux capitaux extérieurs et entrer  en bourse. La première fusion, avec la Compagnie nationale des matières colorantes, arrivera en 1924, suivie en 1966 par celle avec Ugine, groupe spécialisé dans l’acier, et enfin par la fusion avec Péchiney en 1971, faisant du groupe Péchiney-Ugine-Kuhlmann (PUK) le premier groupe industriel privé français.

Dans les années 1970, l’usine de La Madeleine emploie encore 1300 personnes, réparties dans diverses unités de production et dont la vie est rythmée par la trompe des ternaires. Son emprise sur le territoire est considérable, tant par le bassin de population qu’elle permet de faire vivre que par la pollution qu’elle génère. C’est à cette époque que les odeurs d’ammoniaque et les fumées jaunes et acres commencent à inquiéter. Si des améliorations sont consenties par le groupe, ce n’est que bien plus tard que l’on mesurera l’étendue de la pollution des sols.

Minée par le choc pétrolier et des erreurs stratégiques, PUK entame en 1974 une longue accumulation de pertes qui mènera à une nationalisation en 1982 et à une lente agonie. L’usine de La Madeleine, marquée par les réorganisations successives du groupe et les nouvelles normes européennes sur les sites à risques, ferme définitivement ses portes en 2005 après l’arrêt de sa dernière unité de production. Néanmoins, l’usine loossoise, rachetée au cours de son existence et propriété du groupe belge Tessenderlo, continue de fonctionner sous le nom de Produits Chimiques de Loos. Elle fait l’objet actuellement d’un important investissement destiné à moderniser les unités de productions et à maintenir les 125 emplois.

Quant au site Marquette/Saint-André, requalifié ZAC Jeanne de Flandres, il devient le projet urbanistique d’envergure de la Métropole. Le projet : concevoir un quartier du XXIe siècle, incluant activités économiques, habitations, développement des transports urbains, extension des trames verte et bleue, etc. La réhabilitation de cette friche de 60 hectares a débuté par une importante opération de dépollution. Viendront ensuite la délivrance des permis de construire et, en parallèle, la création de la LINO, route permettant de desservir les différentes villes de la métropole et les autoroutes. Le projet s’étalera sur de nombreuses années, les travaux débutant en 2016.
Tristan Wallet

Transcription

Journaliste
L’usine de la Madeleine s’étend sur 40 hectares de part et d’autre du canal de la Deûle. 1300 personnes travaillent dans cet ensemble composé de trois sociétés, Produits Chimiques Ugine-Kuhlmann et deux filiales, Eurane et Générale des engrais. On y fabrique principalement des dérivés de l’azote et des dérivés du soufre. L’origine de cette usine remonte à 1847, lorsque Frédéric Kuhlmann agrandit une petite usine de produits chimiques. Depuis, les constructions se sont rapprochées de l’usine, qui se trouve maintenant au milieu d’une grande agglomération. Les responsables sont formels, la pollution est très limitée. 2,5 millions de Francs seront, d’autre part investis cette année dans des opérations, justement, de lutte contre la pollution. L’usine n’a plus la possibilité de se développer à l’extérieur, mais ce n’est pas gênant, affirme la direction, en raison des terrains qui sont encore disponibles à l’intérieur. Après une année très difficile, la direction considère que les conséquences de la crise économique ont été finalement assez limitées.
Monsieur Blanquart
Malgré cette crise qui nous a touchés durement, qui nous a fait diminuer de façon considérable nos tonnages de production, nous avons perdu 23 % en tonnage entre 75 et 74 ; tous nos efforts ont été tendus vers le maintien de l’emploi. C’est-à-dire que nous n’avons pas réduit les horaires, nous sommes maintenus à quarante heures, nous n’avons pas fait de chômage partiel, et c’était là un effort de l’ensemble du groupe ; grâce aux résultats, aux bons résultats de l’année 74, pour maintenir l’emploi sur le site.
Journaliste
Alors maintenant, on parle de reprise, de relance, est-ce que, au niveau de votre usine vous sentez une reprise ?
Monsieur Blanquart
On peut dire que l’on sent une reprise sur les produits pour mousse de polyuréthane où là, la demande était relativement importante. Nous sommes toujours très gênés au niveau des engrais. Aux niveaux produits chimiques, on sent une reprise mais qui n’est pas très importante.
Journaliste
L’avenir est tout de même plus souriant ?
Monsieur Blanquart
Effectivement, l’avenir est toujours, est plus souriant si ce n’est dans le domaine des engrais où, quand même, nous avons des inquiétudes.
Journaliste
Alors, pour quelle raison ?
Monsieur Blanquart
Actuellement, nous sommes très concurrencés par les produits azotés simples venant des pays de l’Est ; et d’autre part, le revenu des agriculteurs ayant baissé, nous sentons une tendance très nette à mettre moins d’engrais sur les terres, à fertiliser moins, voilà ce que nous pensons.
Journaliste
L’importation massive des engrais venant des pays de l’Est ne risque-t-elle pas de vous amener à décider du chômage partiel ?
Monsieur Blanquart
Nous ne le pensons pas et tous nos efforts tendront à ce que nous ne fassions pas de chômage partiel malgré ces importations.