François Mitterrand sur la politique européenne du PS

17 novembre 1973
01m 37s
Réf. 00055

Notice

Résumé :
Confirmé dans ses fonctions de premier secrétaire du parti socialiste français par le comité directeur, François Mitterrand s'exprime sur la politique européenne du PS.
Date de diffusion :
17 novembre 1973
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )
Lieux :

Éclairage

À l'occasion du comité directeur du parti socialiste, le 14 novembre 1973, François Mitterrand, premier secrétaire du parti depuis juin 1971 et le Congrès d'Epinay, menace de démissionner de sa fonction et lie son maintien au choix par le parti d'une politique européenne conforme à ses vues.

Alors qu'il avait déjà menacé de démissionner en 1972 en raison d'un désaccord sur le nombre de circonscriptions à accorder aux radicaux de gauche, François Mitterrand avait obtenu du Congrès de Grenoble en juin 1973 de disposer d'une majorité claire au sein du PS. Le 7 novembre, le parti socialiste avait décidé d'envoyer des émissaires auprès des partis socialistes des huit autres pays membres de la CEE. Après un désaccord sur le nom de ces personnalités notamment avec le courant du CERES de Jean-Pierre Chevènement, François Mitterrand juge sa majorité trop étroite et décide d'abandonner son projet. Il lie alors son maintien à la tête du parti à une clarification de la politique européenne du parti au comité directeur du 17 novembre.

Conforté par ce dernier, François Mitterrand montre son attachement aux relations internationales du parti. Il considère que, du point de vue des affaires européennes, celui-ci ne peut se contenter de commenter la politique du gouvernement mais doit faire des propositions et incarner une politique européenne, alors que l'intégration monétaire qui débute au sein de la CEE semble dessiner la perspective d'une Europe politique.
Vincent Duchaussoy

Transcription

Patrice Duhamel
L’Europe était également au centre des discussions du Comité Directeur du Parti Socialiste qui se réunissait aujourd’hui. Monsieur Mitterrand avait mis son poids dans la balance pour que les Socialistes se rallient à sa politique européenne. Finalement, le Comité Directeur lui a, aujourd’hui renouvelé sa confiance.
François Mitterrand
Et je demande, exprimant en ceci la volonté de nos deux congrès d’Épinay et de Grenoble, la présence des socialistes français à tous les niveaux de l’Europe des neuf. J’ajoute que cette présence doit être active et volontaire pour que cette Europe parvienne d’abord un jour à l’indépendance, ce qui suppose la lutte contre l’impérialisme. Deuxièmement, qu’elle reste ouverte à d’autres pays, ce qui suppose que l’on ne se fige pas dans les contours de l’Europe de Yalta et des deux blocs. Enfin, qu’elle devienne socialiste, ce qui suppose qu’existe un pouvoir international capable d’éliminer le pouvoir du capitalisme international, représenté en l’occurrence par les sociétés multinationales dont la majorité sont d’origine américaine ; afin qu’on établisse le renforcement et l’approfondissement des liens avec tous les partis et les syndicats des neufs pays. Et ce qui suppose enfin que le socialisme, en France, soit un pôle d’attraction.