Nelson Mandela à Paris

07 juin 1990
02m 35s
Réf. 00077

Notice

Résumé :
En visite de trente-six heures à Paris, Nelson et Winnie Mandela sont reçus par le maire de Paris, Jacques Chirac. Le soir, une cérémonie est organisée en leur honneur par le couple Mitterrand sur la parvis du Trocadéro. Au cours de sa visite, Nelson Mandela plaide la démocratie en Afrique du Sud et préconise la poursuite des sanctions.
Date de diffusion :
07 juin 1990
Source :
Antenne 2 (Collection: Midi 2 )

Éclairage

Libéré le 11 février 1990 après 27 années de détention dans les geôles du régime sud-africain, Nelson Mitterrand fait escale à Paris le 7 juin 1990. Accompagné de son épouse et compagnon de lutte Winnie, le leader emblématique de l'ANC (African National Congress - dont le président est Oliver Tambo) est d'abord reçu à l'hôtel de ville de Paris par Jacques Chirac. Il affirme s’inspirer du modèle démocratique occidental dans sa revendication pour la fin de l'apartheid (politique ségrégationniste de "développement séparé" conduite par la minorité blanche au pouvoir) et démocratisation du régime sud-africain, selon le principe un homme = une voix.

Reçu ensuite par Danielle Mitterrand et les militants d'organisations telles que SOS Racisme dans les locaux de France-Libertés, Nelson Mandela plaide pour la poursuite des sanctions économiques et diplomatiques contre le régime sud-africain, alors qu'il négocie avec le président Frederik De Klerk une constitution transitoire pour sortir du régime d'apartheid. En effet, à la suite de la libération de Nelson Mandela et d'autres dirigeants de l'ANC dont Walter Sisulu par De Klerk, les Britanniques, suivis de l'Espagne et du Portugal, ont mis fin aux sanctions infligées à Pretoria. Alors que la rumeur prête à François Mitterrand l'intention de leur emboîter le pas, Mandela redoute les effets que pourraient avoir un relâchement trop rapide des sanctions sur le processus de transition démocratique en cours.

Le soir, avant un dîner privé dans les locaux de France-Libertés, l'association fondée par Danielle Mitterrand, une brève cérémonie est organisée place du Trocadéro, sur le parvis de la liberté et des droits de l'homme. Dans son discours, François Mitterrand salue en Nelson Mandela un infatigable combattant de la liberté, avant que cent violons n'entonnent N'kosi Sikele'i Afrika, hymne de l'ANC qui deviendra celui de l'Afrique du Sud après l'élection de Mandela à la première élection présidentielle multiraciale sud-africaine en 1994.
Vincent Duchaussoy

Transcription

Présentateur
L’apartheid doit disparaître dès maintenant, il faut maintenir les sanctions économiques contre l’Afrique du Sud tant que des changements profonds et irréversibles ne sont pas intervenus, c’est Nelson Mandela qui parle. D’entrée, le leader nationaliste a donc donné le ton de sa visite en Europe, une visite au cours de laquelle il développe inlassablement les mêmes arguments. On s’en est aperçu ce matin encore Véronique Taveau.
(Bruit)
Véronique Taveau
Visite très politique, on s’en doutait, Nelson Mandela est venu en France pour convaincre. Première rencontre ce matin, une longue discussion avec Jacques Chirac, un thème, l’Europe, un modèle pour l’Afrique du Sud.
Nelson Mandela
Nous disons que l’Europe est fondée sur le système démocratique. Et ce que l’on trouve tout à fait au centre de cet ordre c’est le principe de "Un homme, un vote".
Véronique Taveau
Ce qui est bon pour l’Europe est donc bon pour l’Afrique du Sud. L’ouverture politique ne suffit pas, il faut une véritable démocratie a affirmé Nelson Mandela. À la fondation France Libertés, la fondation créée par Danielle Mitterrand, Nelson Mandela s’est adressé à tous ceux qui, tout au long de ses années de prison, l’ont soutenu, aidé. Sa libération, il a voulu la partager, mais là encore, un discours très ferme lorsqu’il a abordé la situation politique en Afrique du Sud. Nelson Mandela a réaffirmé l’importance du maintien des sanctions économiques.
(Bruit)
Nelson Mandela
Le message est que tant que vous recevez, vous ne recevez pas un signal de l’ANC elle-même, alors les sanctions doivent être maintenues parce que c’est le seul moyen d’aboutir à la paix dans notre pays.
Winnie Mandela
Dans mon coeur, vous jouez un rôle tout à fait spécial. Pendant toutes ces années où j’ai attendu, je savais que je pouvais m’appuyer sur vous à cause de la solidarité que vous avez toujours montrée vis-à-vis de nous en Afrique du Sud.
(Bruit)
Véronique Taveau
Hommage très solennel sur le parvis des Droits de l’Homme, c’était hier soir quelques heures après l’arrivée du couple Mandela à Paris. Première poignée de mains entre François Mitterrand et Nelson Mandela, très applaudis par le public. Sur le parvis, cent violons interprétant l’hymne africain, un hommage de la France.
(Musique)