Anciennes mines de charbon à Saint-Laurs et à Faymoreau

17 décembre 1996
02m 40s
Réf. 00035

Notice

Résumé :
A Saint-Laurs dans les Deux-Sèvres et à Faymoreau en Vendée, les mines ont connu leur apogée entre la fin du 19e et le début du 20e siècle, avec jusqu'à 500 mineurs dont certains ne remontaient pas. Aujourd'hui une douzaine de personnes peut encore témoigner de ce dur passé, où comptaient la fraternité et la patronne des mineurs, Sainte-Barbe.
Date de diffusion :
17 décembre 1996
Source :

Éclairage

Le petit bassin houiller du sud-Vendée situé à cheval entre les départements de la Vendée (Faymoreau) et des Deux-Sèvres (Saint-Laurs) a été exploité entre les années 1830 et 1958. Bien que la production annuelle n’ait jamais dépassé les quelques dizaines de milliers de tonnes, l’exploitation présentait, à une échelle réduite, une physionomie semblable à celle que l’on avait l’habitude de trouver dans les grandes régions charbonnières avec ses puits surmontés de chevalets, ses bâtiments d’exploitation, une centrale électrique, des corons pour loger les mineurs, etc.
Il est à noter que la fermeture du dernier puits en exploitation, le puits Bernard, en février 1958 intervient l’année même du record absolu de production charbonnière en France avec près de 60 millions de tonnes et qu’elle a été décidée dès 1950. Cette décision se situe donc très en amont du premier plan de conversion charbonnière annoncé fin 1959 par le ministre de l’Industrie Jean-Marcel Jeanneney qui constitue un tournant capital dans l’histoire de l’exploitation charbonnière française puisque cette dernière va par la suite sans cesse régresser jusqu’à son extinction. S’il demeure encore aujourd’hui du charbon dans le sous-sol de Faymoreau, plus personne ne songe à aller l’exploiter, même si l’idée d’une possible reprise a pu être parfois évoquée.
Le reportage est tourné en 1996 à un moment où les installations sont à l’abandon depuis déjà près de quarante ans et il est axé sur la mémoire de la mine dans les familles vivant à proximité des anciens puits. Cette mémoire va précisément déboucher en 2001 sur la création du Centre minier de Faymoreau qui, à l’instar d’initiatives du même genre qui ouvrent à la même époque dans le Nord-Pas-de-Calais, permet aux jeunes générations, aux touristes de passage et aux habitants de la région, trop souvent ignorants de cette réalité ancienne de la mine en Vendée, de découvrir les conditions de vie des mineurs de fond. Après quinze années de fonctionnement, le centre minier fait peau neuve pour offrir une muséographie modernisée afin de continuer à attirer des visiteurs et constituer un vrai pôle de tourisme industriel dans une région qui ne conserve quasiment aucune autre trace de la première Révolution industrielle.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

Présentateur
Parlons patrimoine maintenant, nous partons à Saint-Laurs dans les Deux-Sèvres, où il y avait autrefois une mine de charbon. La plupart des mineurs qui y travaillaient ont aujourd’hui disparu sauf un, qu’Anne-Marie Baillargé et Francis Tabuteaux ont rencontré à Saint-Laurs.
Jean-Pierre Delattre
A quel niveau que t’as travaillé déjà à la mine ? Au 325, t’as été au puits intérieur, t’as été au puits intérieur, non?
Emile Boucard
J’ai été au 325 puis puits intérieur. J’ai tout fait, j’ai été rouleur, j’ai poussé des wagonnets, je suis descendu au puits Bernard à 325 mètres. Voilà mon baril.
Jean-Pierre Delattre
Ah oui, ton baril oui.
Emile Boucard
Mon baril pour aller au fond.
Anne-Marie Baillargé
Emile Boucard est le dernier mineur de fond de la région de Saint-Laurs et de Faymoreau. Il ne reste plus aujourd’hui que douze personnes, mécaniciens, forgerons, pour témoigner du passé de ces deux mines. Comme Jean-Pierre Delattre qui est descendu pour la première fois à l’âge de 13 ans, à 5 heures du matin, malgré ses 82 ans, tous ses souvenirs sont restés au fond de sa mémoire.
Jean-Pierre Delattre
La mine c‘est c’est un peu comme les marins, vous savez c’est soudé, s’il arrive accident les autres y vont, hein, il n’y a pas hein, vous savez, même qu’ils ne se parleraient pas. A la mine, ce n’est pas pareil hein, et il y a quand même cette fraternité, vous savez, de dire, bon ben il faut y aller quoi, hein. C’est, c’est tellement dangereux, parce que tout mineur qui descend, il ne sait pas s’il va remonter hein, tous les jours c’est comme ça, hein !
Anne-Marie Baillargé
A Saint-Laurs, l’exploitation de la mine a connu ses heures de gloire entre 1839 et 1916. 1200000 tonnes de charbon ont été tirées de ses entrailles à l’aide de 250 mineurs. A sa fermeture, la concession prévoyait un rattachement à la mine de Faymoreau, située à 10 kilomètres en Vendée. 500 mineurs ont travaillé jusqu’en 1958. Est-ce-que vous auriez, vous referiez le même métier maintenant ?
Guy Rouet
Ben, je ne crois pas, parce que c’était quand même un travail assez dur, et puis il y en a beaucoup, je sais que dans la famille, il y en a beaucoup qui sont morts de silicose.
Anne-Marie Baillargé
Mais certains mineurs ne sont jamais remontés lors du coup du grisou qui a fait huit morts le 12 juillet 1945. Cette année-là, la Sainte Barbe fut triste, et pourtant à l’occasion de la fête, de la sainte patronne des mineurs, un grand banquet était organisé après les cérémonies religieuses. Aujourd’hui encore, dans les corons, la mine a laissé des traces dans les mémoires.
musique
(musique)