Les Lucs-sur-Boulogne

06 novembre 1974
03m 34s
Réf. 00123

Notice

Résumé :
La chapelle des Lucs-sur-Boulogne abrite, gravés sur des plaques fixées aux murs, les noms des 564 personnes qui périrent, le 28 février 1794, victimes d'une attaque des colonnes infernales. C'est le Père Huchet qui à recensé ces noms. Il chante une complainte qui évoque le martyre de son village natal.
Type de média :
Date de diffusion :
06 novembre 1974
Personnalité(s) :

Éclairage

Exemple d’érudit local renouvelant l’histoire de la Vendée : le père Marie-Auguste Huchet est tout à la fois originaire des Lucs-sur-Boulogne, porteur de sa mémoire et un de ses historiens. Ce père Capucin a été missionnaire en Afrique pendant de nombreuses années avant de devenir Cistercien et de résider en l'abbaye Notre-Dame de Sept Fons, dans le département de l'Allier.
Enfant, il avait joué dans les pièces montées par la paroisse, incarnant disait-il le curé Voyneau, celui même qui avait été tué par les colonnes infernales de février 1794. Cet épisode connu depuis la fin du XIXe siècle avait fait l’objet d’un ouvrage retentissant aux lendemains de la deuxième guerre mondiale. En intitulant son livre « Un Oradour révolutionnaire », Gaëtan Bernoville, auteur connu pour ses positions hostiles à la Révolution, ouvrait une voie d’interprétation qui allait influencer les débats durablement par la suite. C’est dans une démarche plus classique que le père Huchet s’était attaché à la vérification précise des faits et à la transmission de la mémoire. Après quelques articles, il avait fait paraître en 1983 un volume qui recueillait la liste des personnes tuées et, surtout, qui étudiait dans leur complexité les archives connues sur les événements. Mais comme en témoigne cette vidéo, il était aussi capable de chanter la complainte qui évoquait cet épisode et qui se transmettait encore à l’époque dans la paroisse.
Jean-Clément Martin

Transcription

musique
(musique)
Journaliste
Lucs-sur-Boulogne est un de ces villages martyrs victimes du terrible décret de la Convention. Il faut incendier le pays de telle façon que pendant un an au moins, nul homme, nul animal ne puisse trouver de subsistance sur ce sol fanatisé. Le Général Turreau a donné pour mission aux Colonnes infernales de fouiller et de brûler les forêts, les villages, les bourgs, les métairies. Tous les habitants doivent être considérés comme rebelles, les ordres sont exécutés à la lettre. Le 26 février 1794, la colonne du Général Cordelier est attaquée ici par les hommes de Charette, près du bourg des Lucs. Deux jours plus tard, à titre de représailles, le quart de la population est massacré. Dans la chapelle des Lucs est conservé le nom des victimes, une liste interminable de 564 noms. Des familles entières ont disparu ce jour-là, de l’aïeul au nouveau-né. 27 membres de la famille Simoneau, 15 Mercier, 10 Pogu, 9 Minaud, 7 Bossis. Marie Bossis, 72 ans Pierre Bossis, 45 ans, ses fils, Pierre et Jean, 14 ans, Louis, 5 ans, Joseph, 2 ans, François, 7 mois. Le père Huchet a compulsé toutes les archives et il connaît par cœur toutes les complaintes qui évoquent le martyr de son village natal.
Marie-Auguste Huchet
Oh, ce n’est qu’un exemple, entre 100 et davantage des agissements des Colonnes infernales. Et toutes les paroisses qui sont avoisinantes ont eu aussi un bon nombre de victimes. Legé, Saint-Sulpice, Mormaison, et Saint-Colomban, la Limouzinière, pour ne parler, Touvois, pour ne parler que des paroisses qui ne sont pas loin d’ici. Les Colonnes infernales, meutes de démons, promènent leurs saturnales dans tous nos cantons. Bientôt la horde inhumaine vers Les Lucs descend, on suit les énergumènes aux traces de sang. Alors, c’est la chasse à l’homme à travers le bourg, on incendie, on assomme tout le long du jour. On se jette sur la foule qui prie à genoux, dans le saint lieu, le sang coule, le sang de chez nous. Le Pasteur s’offre en victime pour tout son troupeau, il s’avance l’air sublime devant ses bourreaux. Dès la première parole, il est massacré, du ciel descend l’auréole sur son front sacré.