Tour de France

28 juin 1979
01m 30s
Réf. 00302

Notice

Résumé :
La première étape du Tour de France Fleurance-Luchon a été remportée par René Bittenger, suivi de Jean-René Bernaudeau, qui endosse le maillot jaune, deux Français non favoris. Interview de Jean-René Bernaudeau, 23 ans, Vendéen et professionnel depuis deux saisons, qui se dit satisfait d'être le coéquipier de Bernard Hinault.
Date de diffusion :
28 juin 1979
Source :
TF1 (Collection: IT1 20H )
Personnalité(s) :
Thèmes :

Éclairage

L'homme ne peut être dissocié de la machine. Dès son plus jeune âge (ou presque), Jean-René Bernaudeau vit pour et par le vélo. Icône du cyclisme départemental, l'ancien licencié fontenaisien symbolise à lui seul les qualités des Vendéens, durs au mal, travailleurs et qui ne s'avouent jamais vaincus.
Alors qu’il venait juste de franchir la dizaine d’année, au milieu des années 60, Jean-René Bernaudeau s’est vu offrir par son père un vélo de marque Peugeot. Mais, dans cette petite ferme de Saint-Maurice-le-Girard où l’on ne roule pas sur l’or, un tel cadeau se mérite et le père Bernaudeau ne manque pas de le rappeler, gentiment, à son rejeton.
Désireux de montrer qu’il a bien compris le message, l’aîné des 10 enfants de la famille répond à sa manière. Histoire d’économiser le prix de la cantine, il n’hésite donc pas à rajouter 10 km à son kilométrage du matin et du soir pour faire, le midi, l’aller et le retour entre son école de la Châtaigneraie et le domicile familial.
Alors que d’autres à sa place auraient pu rechigner face à l’effort à accomplir, le petit Jean-René y trouve là source de plaisirs. Aussi n’est-il pas surprenant de le voir signer, l’année de ses treize ans, sa première licence à la Société Vélocipédique Fontenaisienne. Après deux premières saisons où il ''apprend'' le métier, le premier succès arrive enfin, à Seiches-sur-le-Loir, petite commune du Maine-et-Loire.

Les premières victoires arrivent

Dès lors, les résultats s’enchaînent et huit fois encore cette année-là, le jeune Vendéen franchit la ligne d’arrivée en  levant les bras. Ses deux saisons dans la catégorie junior, durant lesquelles il ramène vingt-sept bouquets à la maison, confirment les progrès du jeune homme qui ne tarde pas à se faire remarquer. Passionné de cyclisme, Henri Vincendeau, patron de trois supermarchés autour des Herbiers, découvre à son tour le jeune espoir et décide, en 1975, de lui ouvrir les portes de l’équipe cycliste Unico qu’il a créée.
Encadré, conseillé, Jean-René Bernaudeau gagne encore en efficacité. Deuxième, l’année suivante, des championnats de France qu’il a marqués de son empreinte, il séduit le sélectionneur national Richard Marillier qui, déçu par le comportement des présélectionnés olympiques, décide de l’amener à Montréal pour y disputer les J.O. On y retrouve quelques jours plus tard le Vendéen en tête dans le dernier tour de l’épreuve en ligne mais, par manque d’expérience, il ne termine qu’à la septième place.

Des débuts prometteurs chez les pros

Sur la lancée, Jean-René Bernaudeau, passé pro un an plus tard, confirme rapidement les espoirs placés en lui. Vice-champion de France, lauréat du Trophée Promotion Pernod (moins de 25 ans) et 3e du Tour d’Espagne la première année, il fait encore mieux en 1979 en revêtant le maillot jaune (et accessoirement le vert et le blanc) à l’issue de la première étape du Tour de France qu’il termine à la cinquième place avec le maillot blanc du meilleur jeune. Un mois plus tard, en août, il confirme sa forme du moment en montant sur la 3e marche du podium à l’occasion des championnats du monde qui se disputent aux Pays-Bas.
En 1980, avec la complicité de Bernard Hinault, il s’impose dans la mythique étape du Stelvio lors du Giro. Un succès qui marque le sommet de sa carrière car jamais, ensuite, le cycliste vendéen ne parviendra à réaliser d’aussi belles performances sur les épreuves de haut niveau.

Bernaudeau en chef d’équipe

Sa carrière de coureur cycliste achevée, Jean-René Bernaudeau, très attaché à sa Vendée natale, n’a qu’une idée en tête : créer une formation professionnelle dans le département. L’idée est belle mais la mise en place s’avère plus difficile à réaliser. Mais l’homme a du charisme. Frappant aux bonnes portes, il parvient d’abord à créer un socle à ses ambitions en fondant, en 1991 le Vendée U. Puis, les résultats aidant, Bernaudeau parvient enfin, au bout quand même de près de dix ans d’efforts, à créer sa première formation professionnelle en 2000.
Dès lors, c’est quasiment par procuration qu'il va revivre les sensations qu’il a connues naguère. Ceci grâce à des grands champions comme Didier Rous, Sylvain Chavanel, Jérôme Pineau, François Simon, Pierrick Fédrigo, Cyril Gautier, Pierre Roland et surtout l’emblématique Thomas Voeckler, formé au Vendée U et toujours resté fidèle à Jean-René Bernaudeau, même dans les moments les plus difficiles.
Philippe Beauvery

Transcription

Présentateur
Et aujourd’hui, il faisait mauvais sur le parcours de la première étape du Tour de France Florence Luchon. En revanche, il y avait une heureuse surprise à l’arrivée pour les Français, car c’est René Bittinger qui a remporté l’étape. Il était immédiatement suivi d’un autre français Jean-René Bernaudeau qui endosse ce soir le maillot jaune. Michel Denisot.
Journaliste
Les seconds rôles au premier plan, c’est rare de nos jours dans le tour de France et pourtant aujourd’hui entre Florence et Luchon, les caïds ont laissé filer leur lieutenant. En particulier Bernard Hinault qui a confié astucieusement la défense de ses intérêts à Jean-René Bernaudeau. Deuxième de cette étape, gagnée par un alsacien de 24 ans, c’est lui René Bittinger, dont c’est la première victoire. Course tactique et anti-gaspi qui permet à Hinault d’économiser son énergie et de placer un pion en tête du classement général. Bernaudeau que voici est maillot jaune ce soir. Hinault est troisième à 24 secondes. Le héros du jour au micro de Daniel Pautrat.
bruit
(bruit)
Jean-René Bernaudeau
Je vais avoir 23 ans le 8 juillet prochain c’est-à-dire pendant le tour de France, mais ce sera le jour de Bruxelles. Donc, il ne sera pas question pour moi de gagner. si je gagne au contre-la-montre...
Journaliste
Vous êtes vendéen, vous êtes passé professionnel il y a deux saisons maintenant et quel effet ça vous fait d’être au côté de Bernard Hinault. C’est stimulant ? Ça vous apporte quoi ?
Jean-René Bernaudeau
Bien, à côté de Bernard Hinault, c’est quand même la sécurité d’avoir le meilleur coureur actuel qui fait preuve de beaucoup de sympathie pour tous ses équipiers. Et puis aujourd’hui, je suis sûr que c’est lui le plus heureux de tous.