Le Pardon de Saint Yves à Tréguier

19 mai 1974
02m 36s
Réf. 00023

Notice

Résumé :

Dans les Côtes du Nord, le pardon de Saint Yves, à Tréguier, réunit les fidèles, notamment les avocats célébrant leur saint patron. La relique du saint est présentée durant la procession qui s'achève par le caractéristique passage sous l'autel.

Date de diffusion :
25 mai 1974
Date d'événement :
19 mai 1974
Source :

Éclairage

Entre tous les pardons de Bretagne, celui de Saint-Yves alias Yves Hélori de Tréguier (né approximativement en 1253), ritualisé depuis le début du XIVe siècle, est sans doute l'un des plus connus. L'image qui vient immédiatement à l'esprit est sans aucun doute celle des hommes de loi habillés de rouge et de noir, escortant le chef du saint.

C'est exactement le 19 mai 1347 que le pape Clément VI annonça au monde chrétien la canonisation d'Yves Hélori, proposé en modèle aux catholiques. En tête des mérites de ce confesseur de la foi viennent la charité envers les pauvres, son zèle pour la justice, la vérité et l'affection qu'il avait toujours portée, à l'hostie, sa piété sincère, son ardeur à répandre autour de lui par la prédication le message du Christ et les miracles qu'il obtint de Dieu. En définitive, ce qui retient le plus l'attention, c'est le fait qu'Yves présente le cas, unique au Moyen Age, d'un simple curé appelé à être canonisé.

Yves Hélori commença ses études à Tréguier. Il y apprit la lecture, l'écriture et des rudiments convenables de latin. Particulièrement doué, il rejoint les rives de la Seine et Paris à l'âge de 14 ans, afin d'approfondir ses études secondaires. Il s'inscrit alors à la faculté des Arts et devient Maître ès Arts à environ 20 ans. Pour des raisons plus ou moins floues, le trégorrois s'inscrit à la faculté de Décret (de droit canon) et rejoint ensuite les écoles de Droit Civil à Orléans. Vers 1274, il interrompt ses études et regagne la capitale pour y entreprendre sa théologie. Après un bref retour à Orléans, il prend la direction de Rennes et devient official. Au début des années 1280, il revient à Tréguier et est ordonné prêtre. Après avoir connu diverses paroisses, multiplié les gestes de piété et cumulé charges ecclésiastiques et juridiques, Yves Hélori s'éteint en 1303. Malgré les fatigues et les privations accumulées et malgré une première atteinte de la maladie, il ne ralentit jamais le rythme de ses activités.

Quant au pardon, il se singularise par un déroulement original : alors que les autres processions ont lieu dans la soirée ou dans l'après-midi, celle de Tréguier se déroule en fin de matinée. Unique aussi parce qu'elle escorte une relique exceptionnelle le chef de Saint-Yves de la cathédrale de l'ancienne cité épiscopale à l'église paroissiale voisine, celle de Minihy-Tréguier. En réalité, une procession peut en cacher une autre : ce sont deux cortèges distincts qui se rejoignent aux limites des deux communes, l'une venant de Tréguier, l'autre de Minihy. Cette rencontre donne lieu à un rite célèbre : les bannières s'inclinent devant le chef du saint et la croix processionnelle de Tréguier embrasse toutes les autres. Après une halte devant l'église de Minihy qui voit les pèlerins passer par dévotion sous une table gothique, c'est le retour à la cathédrale, entre une double haie de spectateurs. Dépassant le rite liturgique, la procession qui a lieu chaque 19 mai devient, au cours du XXe siècle, la grande fête du Trégor, à l'interface du profane et du sacré. Saint-Yves se voulait l'avocat des pauvres. C'est en 1936 que la pardon de Saint-Yves prend sa dimension de "pardon des avocats" et son ouverture internationale. Cependant, les effectifs des hommes de loi demeurent très variables : ils ne sont que quatre en 1965. Et à partir du milieu des années 60, l'audience du pardon fléchit visiblement. Alors, l'hypothèse de transférer la procession au troisième dimanche de mai est formulée pour permettre aux avocats et à une masse de pèlerins de faire le déplacement. A la suite du pardon de 1968, cette question donne lieu à un référendum local mais la majorité en faveur du changement est si courte que l'évêque Mgr Kervéadou, décide de ne rien modifier. Dix ans plus tard, le transfert s'impose comme une évidence et le pardon, bien que régulièrement l'objet de tensions, connaît depuis un succès jamais démenti.

François Lambert

Transcription

MUSIQUE