La Route des Estuaires

24 octobre 1994
04m 46s
Réf. 00132

Notice

Résumé :

La route des Estuaires qui longe la façade Atlantique reliera les frontières Nord et Sud de la France. Elle est classée priorité nationale. La région des Pays de la Loire et ses entrepreneurs sont soucieux de la bonne marche des travaux.

Type de média :
Date de diffusion :
24 octobre 1994

Éclairage

Cette grande rocade européenne a mis bien des années à faire admettre son utilité. De nombreux élus et responsables du grand Ouest s'étaient mobilisés, réunis au sein du "Consortium de la rocade Nord-Manche-Atlantique", une association née en 1970 et présidée aujourd'hui par Jacques Oudin, sénateur de Vendée. Tous sont opposés à un aménagement routier du territoire français en toile d'araignée à partir de Paris.

Le coup d'accélérateur fut donné quand l'autoroute des estuaires fut reconnue "priorité nationale" lors du CIAT (Conseil interministériel d'aménagement du territoire) de Mende en 1993.

Plus largement, la création de ces 1 300 km d'autoroute de la Belgique à l'Espagne symbolise véritablement la concrétisation des efforts, durant les années 1990, d'une association de régions "de l'Andalousie à l'Écosse", labellisée sous le nom "d'Arc Atlantique". À travers ce label, on peut lire clairement la velléité d'être l'un des axes majeurs de la construction d'une Europe des Régions, non ternie par les embarras de la congestion urbaine et industrielle de la "dorsale" centrale. Or la tentation a longtemps été grande pour les responsables politiques et économiques français de privilégier les relations avec le Bassin parisien plutôt qu'avec des espaces européens de dimensions comparables. Malgré cela, la coopération interrégionale et internationale de ces régions de la façade atlantique progresse, notamment dans les domaines de la gestion des trafics portuaires, des rapprochements culturels, des transports.

Les projets sont cependant plus nombreux que les réalisations, mais ils ont facilité dans les années 1990 à l'échelle du Grand Ouest, les concertations interrégionales dans certains domaines. Outre la réalisation de l'autoroute des Estuaires, nous pouvons par exemple faire référence à la coopération interuniversitaire entre Nantes, Rennes, Brest, Angers ; l'accès aux Fonds Européens d'Aide au Développement Régional (FEDER); la prospection auprès des investisseurs étrangers ; le renforcement d'une Société commune de développement régional. La mer, le tourisme, les routes, les villes et la formation, sont les thèmes essentiels de ce rapprochement atlantique.

La réalisation du dernier tronçon de cet axe routier, entre Villedieu-les-Poêles et Avranches constitue d'ailleurs un grand pas dans le désenclavement bas-normand. Terminée en janvier 2003, la radiale Nord Sud matérialisée par la "route des Estuaires" va maintenant devoir se combiner avec des tranversales autoroutières efficaces "Centre-Europe-Atlantique" pour palier au risque d'éloignement du centre de gravité de l'Union européenne qui tend à se déplacer de plus en plus vers l'Est.

François Lambert

Transcription

(Silence)
Marie-Christine Dupe
La route des estuaires classée priorité nationale, ainsi en a décidé le gouvernement lors du comité interministériel d'aménagement du territoire, tenu à Mende, le 12 juillet 1993. Une décision qui a pour effet d'accélérer la réalisation de cet axe majeur pour la façade atlantique, 1 400 kilomètres entre les frontières belges et espagnoles.
Bernard Suaud
En réalité, il faut distinguer deux choses, vous avez un axe de transit lourd qui en fait se justifie par la mise en place du lien fixe transmanche qui va accueillir l'ensemble des trafics, de transit au travers de la France, destiné à la péninsule ibérique ou la Méditerranée. Bon, ça c'est effectivement l'axe le plus court, Calais-Bayonne qui passe par Tours, etc. Bon et puis, vous avez un axe dit «d'aménagement du territoire» considéré comme par le Premier Ministre comme première priorité nationale et dont l'urgence est reconnue, qui est la route des estuaires, et qui elle donc suit l'ensemble de la façade littorale de la France, de la Manche et de la façade Atlantique.
Marie-Christine Dupe
Si beaucoup de chemin reste encore à parcourir pour supprimer totalement les pointillés, les efforts conjugués des Régions de l'Ouest ont enfin permis de mobiliser sur cet itinéraire des crédits importants, près de 14 milliards dans le cadre du 11ème contrat de plan 94-98 et 11 milliards de fonds privés. Mais cette mobilisation ne date pas d'hier, c'est en 1970 que les collectivités locales, les ports autonomes et les chambres consulaires concernées ont pris l'initiative de créer le consortium de la rocade Nord-Manche-Atlantique afin de coordonner les actions. 25 ans plus tard, la preuve est faite que l'union fait la force.
Bernard Suaud
Dans ce genre de dossier, les lobbys sont absolument nécessaires, d'abord parce qu'il faut prendre conscience de l'intérêt économique d'une voie, et qu'ensuite, il faut beaucoup argumenter d'une région à l'autre pour démontrer que leur priorité n'est pas forcément la liaison sur la région parisienne et qu'il y a peut-être un intérêt à trouver ensemble sur la façade Atlantique ou sur la façade Ouest de l'Europe des synergies possibles. Donc, c'est la raison pour laquelle le lobby est nécessaire.
Marie-Christine Dupe
Sur le plan socio-économique, l'enjeu de cette route des estuaires est évidemment très important puisque plus de 11 millions de personnes sont desservies par cet axe, les 13 départements traversés comptent aussi 5 millions d'emplois. Sur le plan touristique, c'est 35% de la capacité d'accueil française. Les ports de commerce représentent eux 66,6% du trafic national, les ports de pêche 96,6. Pour le transport routier enfin, la liaison océanique permettra d'éviter Paris.
Henri Joyau
Dans mon métier, il faut savoir que une bonne route, en l'occurrence une autoroute ou une deux fois deux voies comme on a en Bretagne, permet de gagner de la sécurité, parce que ça c'est très important, un accroissement de la durée... de la vitesse moyenne, de la vitesse commerciale. Il faut savoir qu'aujourd'hui d'après les statistiques que nous avons, sur une route nationale à grands débits comme par exemple, la 137 de Nantes à Bordeaux, on roule à une moyenne de 68 kilomètres à l'heure alors que sur une autoroute, depuis qu'on est autorisé à rouler à 90, on roule à une moyenne de 85. C'est-à-dire que ça met la Vendée à portée, les industriels de Vendée, à portée de tout le marché, ça lui augmente ses limites en livraison le lendemain.
Marie-Christine Dupe
En Pays de la Loire précisément, l'axe se structure petit à petit, après la mise en deux fois deux voies de la route Nantes-Rennes réalisée en deux contrats de plan, le dernier tronçon du contournement de Nantes est en cours d'achèvement. Le 28 octobre, les 12 000 véhicules qui empruntent quotidiennement l'autoroute A83 entre Nantes et Montaigu pourront enfin rallier Fontenay le Comte via Saint-Hermine sans emprunter la Nationale 137. En 1996, l'A83 arrivera à Ulm après le point noir demeure.
(Silence)
Inconnu
Nous souhaitons vivement que la liaison Nantes-Niort autoroutière soit terminée très rapidement. Actuellement, nous avons des problèmes pour le dernier tronçon entre Ulm et Niort ou plutôt entre Ulm et l'autoroute Paris-Bordeaux et nous souhaitons que le Ministre prenne une décision très rapidement, faute de quoi, que ferions nous des véhicules qui vont arriver à Ulm et qui n'auraient pas d'autoroute, qui n'auraient pas de voie rapide pour aller rejoindre l'autoroute Paris-Bordeaux.
Marie-Christine Dupe
La mise en chantier de certaines antennes est également particulièrement urgente, telle la desserte de la Rochelle ou encore le doublement des 40 kilomètres entre La Roche-sur-Yon et les Sables d'Olonne. Un axe qui en raison de financement Etat-Région demandera 15 ans pour être totalement réalisé. Autant dire que les travaux ne s'arrêteront pas avec l'ouverture complète de la route des estuaires à l'horizon 2000. Les liaisons transversales notamment vers le Massif Central devront alors les priorités au moins régionales.