Le travail du bois

06 juillet 1977
04m 34s
Réf. 00243

Notice

Résumé :

Des anciens artisans fendeurs, bûcherons et sabotiers, évoquent leur travail du bois, et la vie qu'ils menaient autrefois dans le Morbihan.

Type de média :
Date de diffusion :
06 juillet 1977
Source :

Éclairage

La forêt occupe peu de place en Bretagne (10% environ pour une moyenne nationale de 21%) car elle a été largement démembrée au cours des siècles au profit des terres agricoles nécessaires pour nourrir la population dense. Les forêts ont cependant été sources de nombreuses activités et ont donc abrité une population active. Ce film réalisé dans la région de Loudéac (Côtes-d'Armor) témoigne de ces activités qui ont duré très longtemps dans les forêts les plus isolées du centre de la Bretagne. Bûcherons (ils abattent l'arbre), fendeurs de bois (ils débitent les billons), scieurs de long (ils débitent à la scie les grumes tronçonnées en billes) et sabotiers sont évoqués. Les charbonniers qui ont été très nombreux sont encore dans les mémoires alors qu'ils ont disparu en grande partie au début du XXe siècle quand l'industrie a cessé d'utiliser le charbon de bois.

Deux femmes qui ont gardé les gestes d'autrefois rappellent la vie difficile dans les loges faites de terre, de bois et d'écorces qui abritaient les familles des travailleurs du bois.

Martine Cocaud

Transcription

Fendeur
Mon père était fendeur, et à l'époque, on vous demandait pas ce que vous vouliez faire. Dès que j'ai quitté l'école, j'avais à peine 13 ans, ben j'ai fait un apprenti fendeur et puis bien sûr un fendeur. Et ce métier suppose, bien sûr de travailler dans les bois, et nous, et même nous dormions dans les bois, nous logions dans les bois. Pourquoi nous logions dans les bois ? Parce que, il fallait pas perdre de temps pour aller chercher un logement ailleurs. Et la loge, nous la faisions nous-mêmes, c'était assez facile, avec les perches nous faisions une loge en forme de pyramide. On commençait par couvrir les perches par des mottes de terre, et les mottes de terre nous les couvrions avec les écorces de bois, ceci afin bien sûr qu'il ne pleuve pas dans notre loge. Il y avait des bûcherons, c'était la majeure partie, il y avait peut-être 200 ou 300 bûcherons, il y avait 83 sabotiers, il y avait une quinzaine de fendeurs, une vingtaine de scieurs de long et une cinquantaine de charbonniers.
Inconnue
On a toujours été filles de bûcherons. Avec notre père avec nous, quand on a commencé, ma soeur avait 11 ans et demi, moi j'avais 12 ans et demi, on est parti là bas à La Motte, près de Loudéac, on est parti scier les sapins. Alors euh, c'est là que j'ai commencé à travailler avec le herpon, et ma soeur, elle, elle écorçait les billes, elle allait à cheval dessus et puis elle les écorçait et moi j'étais toujours avec mon père, à scier, j'avais euh, j'avais 12 ans et demi.
(Bruits)
Inconnue
Ah c'est un métier qui est dur, on a mal aux genoux, et puis c'est très dur d'être courbé là. On vivait dans des loges, on avait, on faisait des lits avec des perches de bois,
Inconnue 2
Un peu plus gros mais on n'avait pas, comme on pouvait quoi
Inconnue
Et on avait des coutils, des espèces de [incompris], mais si on trouvait de la paille dans les fermes aux alentours, on les remplissait de paille, ainsi que nos oreillers, on les remplissait. Si on trouvait pas, eh ben on cherchait la fouge, la fougère sèche dans le bois. Et on vivait là-dedans.
Bruits)
Inconnue
On restait une dizaine de mois, on revenait toujours vers le mois de juillet-août qu'on passait à la maison, quelquefois un bon bout de septembre jusqu'à ce que les coupes étaient revendues. En été il faisait meilleur qu'en hiver.
(Bruits)
Inconnue 2
Quelquefois on avait peur quand il y avait que mon père et puis il nous laissait quelquefois loin des, des villages et tout. Quand on entendait les sangliers courir auprès des loges ou bien les chevreuils et des chouettes,
Inconnue
Ah oui et puis on avait été en Ille et Vilaine à Châtillon en Vendée, il y avait un, pas mal de casseurs de cailloux, ils venaient nous embêter la nuit, et comme on était que mon père et moi, et nous, tous les deux, ben on avait peur, et souvent, on n'était pas hardi dans le bois de peur qu'ils seraient venus nous embêter.
(Bruits)
Sabotier
Vous voyez, ça s'appelle des Boutou-coat en breton. Et dans le temps, tout le monde venait chercher sa paire de sabot, et le sabotier, avec une moule, mesure qu'on appelle ça, et chacun amenait sa paire de sabots. Et je crois d'après la légende, la, le premier sabotier dans l'Ouest était un évêque, un évêque angevin. Tous nos ancêtres ils travaillaient le bois sur place, dans des huttes, ils fabricaient des huttes. Ils restaient la semaine entière là-dedans, ils rentraient le samedi soir pour repartir le, le lundi matin. Toute la famille, [incompris]. Alors il y avait deux compagnons, un tailleur et un creuseur.
(Bruits)
Sabotier
Les gens qui venaient de la campagne, un peu partout, de la ville même.
(Bruits)
Sabotier
S'ils trouvaient la pointure, faite toute prête, ils partaient tout de suite quoi, à part ça, des fois, il fallait attendre. Ca dépendait.
(Bruits)