Naufrage du pétrolier Erika

12 décembre 1999
02m 31s
Réf. 00311

Notice

Résumé :

Pris dans une forte tempête, le pétrolier maltais Erika s'est brisé en deux ce matin au large de Penmarc'h dans le Finistère. L'équipage a été secouru. Le risque de pollution, par marée noire, n'est pas exclu. Le plan Polmar a été déclenché.

Date de diffusion :
12 décembre 1999
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

La Bretagne est une des régions les plus exposées aux risques de marées noires : le Boehlen en 1976 au large de l'île de Sein, l'Olympic Bravery en 1976 au large de Ouessant, l'Amoco Cadiz en 1978 au large du Finistère, le Gino en 1979 au large de Ouessant, le Tanio en 1980 au large de Batz ou encore l'Erika en 1999. Paradoxe de ces histoires, la Bretagne ne ressemble en rien aux autres zones exposées du globe. En effet, cette province ne possède aucune exploitation pétrolière. Mais la moitié du trafic mondial d'hydrocarbures passe au large de la Bretagne. En outre, les risques de marées noires sont d'autant plus forts que les vents et courants dominants rabattent bien souvent les déversements sur le littoral. Après la catastrophe en 1967 du Torrey Canyon et de ses 120 000 tonnes d'hydrocarbures déversés sur les littoraux britanniques et français, un système juridique international régulant les problèmes de responsabilité et d'indemnisation est mis en place. En outre, l'État en France se dote d'un plan de prévention et lutte contre les pollutions maritimes (POLMAR). Dans les années 1980, de nouveaux systèmes de surveillance et d'aide pour les navires en difficulté sont mis au point. Toutes ces mesures témoignent de la prise de conscience des conséquences catastrophiques - économiques (fuite des touristes et absence de pêche), sanitaires et écologiques - des marées noires. Toutefois, en 1999, la catastrophe de l'Erika montre à nouveau la nécessité de la vigilance : 400 km des côtes françaises sont souillées par les hydrocarbures, le nombre d'oiseaux morts est estimé entre 150 000 et 300 000 et le poids des déchets versés dans l'océan est estimé à 250 000 tonnes.

Bibliographie :

- Jean-Baptiste Henry "Marées noires", Alain Croix et Jean-Yves Veillard (dir.), Dictionnaire du Patrimoine breton, Rennes, Apogée, 2001.

François Lambert

Transcription

Béatrice Schönberg
C'est donc ce matin au large de la Bretagne qu'un pétrolier maltais s'est ouvert en deux dans une mer déchaînée. Les opérations de secours français et britanniques se sont déroulées dans des conditions extrêmement difficiles. Les 26 membres d'équipage ont pu être hélitreuillés. La cargaison de 30 000 tonnes est, en grande partie, toujours emprisonnée dans des sas étanches du navire, mais le risque de marée noire n'est pas totalement écarté. Nous y reviendrons dans un instant. Mais d'abord, retour sur ce naufrage avec Jacques Deveaux et Gabriel Camilla.
Jacques Deveaux
C'est le plus spectaculaire naufrage survenu près des côtes bretonnes depuis vingt ans. Le Erika, un pétrolier de 180 mètres de long, s'est littéralement coupé en deux. Il a fallu trois heures pour secourir l'équipage indien composé de 26 personnes. Finalement, tous ont été hélitreuillés et sont sains et saufs.
Mani Elangovan
(anglais) Un hélicoptère est arrivé et a pris 5 personnes. Quand il est revenu, le bateau s'est cassé en deux et la partie avant s'est retrouvée à l'arrière. Nous avons paniqué. Nous avons vraiment cru que nous allions mourir. J'ai prié. J'ai pensé à ma femme et à mes enfants.
Jacques Deveaux
Vents de 100km/h, creux de 6 mètres, les conditions météo étaient très mauvaises. Pourtant, pour les sauveteurs, c'est surtout la panique de l'équipage qui a compliqué la manoeuvre.
Roland Primel
Moi, je les ai vus, quand on descendait la sangle, le plongeur réceptionnait la sangle pour les hisser à bord de l'hélicoptère. Il se battaient quasiment pour récupérer la sangle. Le plongeur était obligé d'en arriver aux mains pour mettre de l'ordre et maintenir la sécurité à bord du bateau.
Jacques Deveaux
A présent, c'est le risque de pollution qui inquiète les autorités. Entre 1000 et 5000 tonnes de pétrole se sont déjà répandues en mer. Le pétrolier en contenait près de 30 000. Aussi le remorqueur Abeille Flandre a-t-il pris en remorque la partie arrière du pétrolier pour l'éloigner des côtes.
Yves Naquet-Radiguet
Le convoi est maintenant le cap vers l'ouest, l'idée étant la suivante : éloigner au maximum cette partie, qui est la partie dans laquelle il semble y avoir le plus de pétrole, et surtout celle qui fuit le plus, il semble que donc cette partie, il faille l'éloigner au maximum et aussi vite que nous le pouvons.
Jacques Deveaux
Le préfet maritime a déclenché le plan POLMAR. Il lui permet d'obtenir tous les moyens, tant civils que militaires, pour juguler la pollution. Pour l'heure, celle-ci ne menace pas les côtes. La nappe, longue de 10 kilomètres et large de 5 est poussée par les vents vers le sud.