Lorient, ville reconstruite

27 janvier 1983
03m 05s
Réf. 00392

Notice

Résumé :

Née de l'installation de la Compagnie des Indes, Lorient a ensuite lié son histoire à l'activité militaire. Détruite durant la guerre, la ville a été reconstruite en urgence. Malgré ce passé tourmenté, les Lorientais aiment leur ville.

Date de diffusion :
27 janvier 1983
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )
Lieux :

Éclairage

Le 8 mai 1945, la guerre est officiellement terminée en Europe. Le bilan de ce deuxième conflit mondial est lourd tant au niveau humain, économique, psychologique que matériel. En France, de nombreuses villes ont été détruites par les Alliés lors de la Libération. La nécessité de reconstruire, afin de reloger les Français qui n'ont plus de toit, se fait alors rapidement sentir.

Lorient fait partie de ces nombreuses villes détruites. Port stratégique, elle est choisie en 1941 par les Allemands pour abriter les sous-marins U-Boote dans un des plus vastes édifices militaires érigés par le pouvoir nazi en dehors de l'Allemagne. Lors des opérations militaires menées par les Alliés pour libérer le territoire français de l'Occupation, 4000 tonnes de bombes s'abattent sur Lorient entre le 15 janvier et le 17 février 1943. La ville est détruite à plus de 80%. En août 1944, après le débarquement de Normandie, la Bretagne est en partie libérée. Mais les combats perdurent autour de la "poche de Lorient", accroissant ainsi les dégâts matériels. Les Allemands ne déposeront les armes que le 10 mai 1945.

Dès l'été 1943, le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme décide que la reconstruction ne se fera pas à l'identique. Georges Tourry, polytechnicien et architecte, est chargé de faire de Lorient une ville d'avenir. Néanmoins, les négociations permanentes avec les habitants de la ville conduiront les architectes à opter pour un plan respectant le tracé d'avant-guerre. Après de longues opérations de déminage, de déblaiement et de réfection des installations de gaz, d'eau et d'électricité, la première pierre est posée en mars 1949. Après quinze ans de travaux, la physionomie de Lorient apparaît très contrastée et présente des styles très différents. A l'image de d'autres villes détruites comme Brest ou Le Havre, l'architecture lorientaise est dominée par les grands immeubles en béton, typiques des villes reconstruites après la Seconde Guerre mondiale.

Jennifer Gassine

Transcription

(...)
Habitante
Nous, on se plait chez nous. On aime bien notre petite ville.
Journaliste
Cette phrase, c'est un peu le défi que lancent les Lorientais aux voyageurs de passage qui, immanquablement, trouvent étrange cette ville trop typique des cités reconstruites après la guerre. "Ne critiquez pas notre ville. Nous, nous l'aimons". La vérité est que Lorient n'a jamais été une belle ville historique. Lorient n'avait pour passé que la Compagnie des Indes. Le port est tout neuf en 1666, et le nouvel arsenal fait que Lorient intra-muros n'est qu'une banale ville de garnison de l'époque. A l'ouest, la nouvelle ville se construit sur des marais asséchés. Tout cela n'est donc pas très ancien. La reconstruction de la ville détruite par le feu pendant la guerre s'est donc faite ici comme ailleurs. Il a fallu, très vite, reloger les 40 000 habitants qui ne voulaient pas s'écarter de leur ancienne maison.
Monsieur Audren
Lorient s'est reconstruit à l'intérieur des îlots de l'intra-muros et des quartiers périphériques. Sur les limites, pratiquement, c'est à peine si les voies ont été élargies. Pratiquement, ça s'est traduit par un élargissement des voies. Et les sinistrés eux-mêmes qui regagnaient leur cité ou qui essayaient de s'en rapprocher en s'installant dans des constructions provisoires, les sinistrés eux-mêmes tenaient essentiellement à retrouver les emplacements, leur numéro ou leur immeuble tel qu'il était autrefois.
Journaliste
Le meilleur, le quartier de la ville en bois en est un exemple, côtoie donc les constructions les plus contestables. L'impression générale est que le centre est indéfinissable, que l'on a du mal à trouver, dans cette géométrie de parpaings et bétons blanchis, l'odeur d'un grand port, la personnalité de Lorient. Pourtant les Lorientais, ceux qui ont connu l'ancienne ville, comme les plus jeunes, ne trouvent pas, eux, leur ville froide. Et comment vous trouvez la ville maintenant qu'elle est reconstruite ?
Habitante
Très bien.
Journaliste
Ça vous plait mieux ?
Habitante
Ah oui beaucoup.
Journaliste
Qu'est-ce qui fait que vous préférez la ville d'aujourd'hui ?
Habitante
C'est plus gai, elle est plus propre, plus gaie, ce n'est pas du tout pareil.
Journaliste
Vous trouvez qu'elle est plus gaie ?
Habitante
Personnellement, moi je trouve qu'elle est plus gaie qu'avant.
Journaliste
Pourtant l'architecture de la ville n'est pas tellement tellement gaie ?
Habitante 2
Vous aimez bien les vieilles maisons ?
Journaliste
Vous vous préférez...
Habitante 2
Moi, j'aime le moderne, moi.
Habitant
C'est sûr, en hauteur, les bâtiments ne sont pas terribles. Quand vous vous promenez, à votre niveau, c'est pas mal.
Habitante 2
Moi, j'aime les trucs qui sont à angle droit.
Journaliste
Oui, c'est très net, très carré.
Habitante 2
Très carré, moi je n'aime pas les petites rues biscornues, je n'aime pas ça.
Journaliste
Des deux villes détruites pendant la guerre et différemment reconstruites, Lorient et Saint-Malo, la plus agréable à vivre n'est pas forcément celle que l'on croit. La cité corsaire est peut-être une belle chose un peu froide l'hiver, alors que Lorient, comme le célèbre ET, n'est pas très belle, mais attachante. Dans les deux villes, en tout cas, on s'attache à améliorer ce qui peut l'être. A Lorient, on étudie une refonte du coeur de la cité : la gare se retournerait vers le centre ville. Cela animerait davantage les deux quartiers. On pense, dans le même sens, à construire une salle de théâtre. Enfin, et le prochain départ du Quai des Indes de la Transat en double en est un exemple, la municipalité veut que la mer redonne son odeur à la ville.