Crécy-en-Ponthieu haut lieu de l'histoire de France

26 août 1346
04m 49s
Réf. 00406

Notice

Résumé :

Crécy-en-Ponthieu a conservé les vestiges de la bataille entre Anglais et Français du 26 août 1346. Explication du déroulement de la bataille. Une croix a été édifiée sur le champ de bataille, la croix de Bohème pour commémorer la mémoire du roi de Jean de Luxembourg mort sur le champ de bataille. Le maire, Pierre Brantrand souligne la vocation touristique et historique de sa ville. Le syndicat d'initiative a ouvert une salle d' exposition regroupant les trouvailles effectuées dans cette région riche en histoire comme le prouvent sépultures gauloises découvertes dans la forêt de Crécy.

Date de diffusion :
24 octobre 1969
Date d'événement :
26 août 1346
Source :
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Thèmes :

Éclairage

Si la petite commune de Crécy-en-Ponthieu située entre Abbeville et Hesdin dans la Somme a connu une occupation de son territoire dès l'Antiquité comme en témoigne quelques découvertes archéologiques notamment gauloises (Tène I, 460 av.n. è) d'ailleurs rappelé dans le reportage, force est de reconnaître que ce bourg est demeuré célèbre dans l'histoire de France par le fait que cet endroit fut le théâtre d'une des batailles les plus marquantes du début du conflit dit de la guerre de Cent ans opposant l'Angleterre et la France entre 1337 et 1453.

Il y avait déjà eu des conflits autour de la possession par le roi d'Angleterre du duché d'Aquitaine, au titre duquel il devait hommage au roi de France conformément au traité de Paris de 1259. A ce contexte déjà litigieux, le casus belli qui déclencha réellement les hostilités intervint à l'occasion du décès de Charles IV en 1328 lorsqu'Edouard III fit valoir ses droits dans la succession au trône de France puisqu'il était le descendant d'Isabelle, sœur du défunt. Si les femmes ne pouvaient prétendre au trône de France la question de leur descendance ne fut pas tranchée pour autant. Ainsi, Philippe VI, comte de Valois devint roi de France et Edouard III fut obliger de l'accepter et de rendre hommage pour l'Aquitaine. En 1337, Philippe en confisquant l'Aquitaine entraina réellement les hostilités. Edouard s'allia avec l'Empereur et d'autres potentats d'Allemagne et des Pays-Bas et prit officiellement le titre de roi de France en 1340.

C'est dans le cadre de cette querelle dynastique que commence la guerre de Cent ans, marquée par une série de défaites françaises dont la bataille de Crécy du 26 août 1346 constitue le premier acte significatif et retentissant dans l'ensemble de la chrétienté.

Ainsi le 12 juillet 1346, Edouard III débarque dans le Cotentin, fort de sa maîtrise des mers où il mène à la tête de ses armées une offensive fulgurante d'ouest en est, pillant les abords de Paris et remontant vers le nord, riche d'un fort butin. Après de nombreux atermoiements et tergiversations, Philippe VI lève l'ost à la hâte  (il demande à ses vassaux de lever un armée) et se met en chasse du roi d'Angleterre afin de le contraindre au combat. C'est au passage de la Somme que les Picards livrent une résistance opiniâtre aux armées anglaises sur plusieurs ponts retardant ainsi leur remontée au nord et donnant l'occasion aux armées du roi de France de les rejoindre. In extremis, les Anglais réussissent à passer la Somme par un gué et l'armée de Philippe fait route pour Abbeville.

Le 25 août, Edouard III reprend sa route et décide de se fixer à Crécy pour affronter le roi de France. Dès le lendemain, les armées françaises marchent, sûres de livrer bataille avec gloire et succès. Sans grande discipline de l'aristocratie, l'armée se presse dans le désordre à l'affrontement contre les troupes anglaises certes inférieures numériquement mais mieux ordonnés et reposées.

Les arbalétriers génois chèrement payés par Philippe pour compléter son ost face aux archers gallois ne furent guère efficaces contre les cadences et la puissance de tir des grands arcs. La cavalerie française, compacte, se rue à l'assaut des anglais, piétinant les mercenaires génois sous une grêle de flèches anglaise est très vite décimée. Le chroniqueur Froissart rapporte les paroles de Jean Ier de Luxembourg, chevalier aveugle et valeureux qui aurait dit "pauvre commencement" (1). La disposition tactique anglaise prit très vite le dessus sur cette institution vieillissante, naguère invincible, de la chevalerie française qui fut donc taillée en pièce (2).

Cette bataille perdue, la royauté française fut livrée à une profonde crise de conscience. Philippe VI ne se risqua plus à livrer bataille en rase campagne. Cette défaite retentissante de la plus grande puissance occidentale mit à mal les principes chevaleresques sur lesquels, la puissance royale avait peine à s'imposer. Au contraire, fort de cette victoire, Edouard III mit le siège devant Calais qui se livra en moins d'un an permettant aux Anglais pendant toute la guerre de Cent ans de disposer d'une tête de pont sur le continent.

Suite à ce qui est dit dans ce reportage par le maire de l'époque et les responsables du syndicat d'initiative, un petit musée a été créé par l'association d'émulation historique et archéologique EMHISARC dans lequel une salle est consacrée à la bataille : des armes utilisées à cette époque sont exposées, une maquette du plan de la bataille et de nombreux textes expliquent cet événement historique. Sur le site de la bataille, une tour d'observation en bois a été érigée en 1984. A l'étage supérieur, un panneau décrit la position des troupes en présence. L'attrait touristique de la petite ville Crécy-en-Ponthieu reste donc lié au 26 août 1346, le syndicat d'initiative organisant chaque année fin août la "Grande foire médiévale de la Saint-Louis".

(1) Jean Froissart (vers 1337, Valenciennes - après 1404) est l'un des principaux chroniqueurs de l'époque médiévale. il est une des sources les plus importantes sur la guerre de Cent Ans. Jean Ier de Luxembourg dit l'aveugle (1296 – mort le 26 août 1346) est l'un des personnages clés de la bataille de Crécy. Il est roi de Bohême en 1310 puis comte de Luxembourg en 1313. Devenu aveugle après une opération oculaire ratée, il combattit cependant vaillamment lors de la cette bataille où il trouva la mort.

(2) Le nombre de morts évoqué dans ce reportage est invérifiable, mais on ne compte que 300 pertes au maximum du côté anglais tandis que de l'autre côté ont été répertoriés 1542 chevaliers dont 11 de haute noblesse et 2 300 génois, les pertes des fantassins sont inconnues, sachant que 50 000 hommes étaient engagés sur le terrain.

François Blary

Transcription

(Musique)
Hubert Tilloy
Haut lieu de l’histoire de France, Crécy-en-Ponthieu trouve sans doute son origine dans les lois de la vie et de la nature qui ont amené la naissance des agglomérations et le transfert des masses humaines.
(Musique)
Hubert Tilloy
Champ de bataille hier, cité moderne et accueillante aujourd'hui, Crécy a su conserver les précieux vestiges d’un passé encore présent dans la mémoire de tous les écoliers.
(Musique)
Hubert Tilloy
Le 26 août 1346, au cours de la célèbre bataille dont le nom s’inscrit parmi les plus grands et les plus douloureux dans les annales militaires de notre pays, Crécy entrait dans l’Histoire.
(Musique)
Intervenant 1
Les combats étaient préparés déjà depuis la veille par les Anglais qui se trouvaient sur la hauteur entre le moulin qui se trouve à notre gauche et Wadicourt à notre droite. Les Anglais étaient retranchés derrière des fascines, des poteaux qu’ils avaient préparés. Le 26 août dans l’après-midi, l’armée française est arrivée au bas de cette vallée comptant principalement attaquer les Anglais le lendemain. Mais la plupart des troupes, principalement les chevaliers, voulaient à tout prix attaquer ce jour-là et toute cette armée française d’une centaine de milliers d’hommes est montée à l’assaut des Anglais par ce chemin principalement qu’on appelle toujours le Chemin de l’armée. Cette mêlée ne s’est pas très bien terminée pour la France. Le soleil dans les yeux, les arcs détendus des Génois, les chevaliers voulant monter à l’attaque tout de suite ont piétiné les Génois. Et les Anglais qui les attendaient bien gentiment en haut les ont criblés de flèches.
Hubert Tilloy
Ce fut une bataille particulièrement meurtrière ?
Intervenant 1
Oui, on parle de 30 000 morts. C’est un chiffre qui parait important. Il y en a peut-être eu 5000 ou 10 000 mais enfin, on parle de 30 000.
Hubert Tilloy
Et cette croix que nous observons là-bas, quelle est sa signification ?
Intervenant 1
C’est la croix du champ de bataille qui s’est appelée par la suite la Croix de Bohème en souvenir du roi de Luxembourg, Jean L' Aveugle, roi de Bohème aussi.
Hubert Tilloy
A quelle époque cette croix a-t-elle été édifiée ?
Intervenant 1
Cette croix existait probablement avant la bataille de Crécy. Mais le roi Jean de Luxembourg, roi de Bohème aussi, serait mort, parait-il non loin de cette croix. Cette croix, donc, était remise sur pieds après la bataille, en 1360, pour commémorer le décès de ce roi qui est le seul roi étranger mort pour la France sur le sol français.
Pierre Brantrand
Crécy a une vocation touristique de par on passé historique mais également de par sa situation géographique à proximité de l’imposante forêt domaniale et à quelques lieues de la côte d’Opale. Depuis quelques années, la municipalité, avec le concours de l’Union commerciale, du Syndicat d’initiative, conjuguent leurs efforts dans ce sens.
Intervenant 2
Nous avons organisé un parking en forêt, un parking de deux hectares qui sert non seulement aux syndicats d’initiative mais également à tous les promeneurs qui viennent bien nombreux dans cette forêt au cours de l’été. D’autre part, depuis peu de temps, nous avons ouvert une salle d’exposition. Cette salle groupe toutes les trouvailles de la région et est appelée à un grand développement. Nous souhaitons avant tout l’installation à Crécy d’un hôtel restaurant qui viendrait compléter ce qui existe de façon à pouvoir accueillir davantage de visiteurs.
Hubert Tilloy
Monsieur le maire, je suppose que vous êtes optimiste quand au développement à venir de votre ville ?
Pierre Brantrand
Absolument très optimiste. Je pense que tout peut nous laisser supposer que dans un avenir prochain, les touristes viendront nombreux dans notre bourg et que nous pourrons leur donner à la fois le confort et le plaisir.
Hubert Tilloy
Promenons-nous maintenant dans la forêt de Crécy, l’une des plus belles et des plus secrètes de notre région qui abritât, avant l’ère chrétienne, de nombreuses colonies gauloises. 8 sépultures y ont été identifiées.
(Musique)
Hubert Tilloy
Ayant su partager les faveurs d’Eléonore d’Aquitaine, duchesse de Guyenne et comtesse de Ponthieu, Crécy, sans nul doute, saura, aujourd'hui, s’approprier les vôtres.
(Musique)