Historique des sources
L’Institut national de l’audiovisuel est détenteur des droits sur les archives de l’audiovisuel public. A ce titre, il conserve la production des chaînes de télévision publique depuis leurs origines. Ces archives conservées et valorisées par l’INA représentent une source exceptionnelle pour la compréhension du monde contemporain et de ses évolutions.
La télévision française débute à la fin des années 1940,
à Paris et ses alentours. La RTF (Radio Télédiffusion française
De 1949 aux années 1960, le réseau d’émetteurs se développe lentement. Un émetteur est ainsi construit en 1954 à Marseille, ou sur le Pic du Midi en 1960.
A partir des années 1960, le pouvoir gaulliste lance un vaste plan de régionalisation de la télévision publique. Sous la houlette d’Alain Peyrefitte, ministre de l’information entre 1961 et 1966, la télévision régionale connaît un développement sans précédent. Les émetteurs se multiplient, et la RTF, qui devient en 1964 l’ORTF, crée un maillage de centres de production, basé sur la réorganisation administrative du territoire autour de préfets de région. Ces centres de production rendent compte en priorité de l’action de l’État dans la modernisation de la France des Trente Glorieuses. Si l’information est au cœur des missions de ces centres régionaux, des programmes culturels et sportifs sont également réalisés. Cette télévision régionale vise également à unifier le territoire national, y compris linguistiquement.
Le département du Gers sera surtout filmé par le bureau régional d’information (BRI) de Toulouse, dès la création de ce centre en 1962, que ce soit dans le journal télévisé de la région Midi-Pyrénées, mais aussi dans les magazines de la rédaction, notamment le magazine culturel Echos et reflets et le magazine généraliste Midi-Pyrénées magazine.
En parallèle, des émissions à diffusion nationale évoqueront le Gers, en particulier ses richesses patrimoniales (Chef d’œuvre en péril), ou la modernisation de ses infrastructures et de son économie (Temps présent, Panorama).
Après 1968 et jusqu’en 1973, un changement de ton s’observe dans le traitement de l’information à la télévision, qui s’amplifie avec la montée en puissance de la 2e chaîne et la création en 1972 de la 3e chaîne, qui n’est pas encore dédiée aux régions. Le contrôle étatique se desserre, et la télévision peut rendre compte de questions de société, des conflits sociaux, ou des revendications des cultures minoritaires.
1974 marque l’éclatement de l’ORTF, et la fin de la 3e chaîne. Celle-ci devient FR3, qui se détermine dès ses débuts comme la chaîne des Régions. Si FR3 voit globalement augmenter son temps d’antenne, les centres de production doivent se soumettre à une « inter-régionalisation » de leurs programmes décidée par la direction nationale : les émissions doivent pouvoir être diffusées sur de vastes zones géographiques. Ainsi, les émissions toulousaines seront diffusées dans tout le grand Sud-ouest. Cette obligation a pour conséquence de gommer en partie les spécificités locales des émissions.
L’émission Hexagonal est un exemple de cette inter-régionalisation : chaque BRI réalisait un épisode, destiné à être ensuite diffusé sur le territoire national. Celui consacré au Gers s’inscrit dans une redécouverte des cultures régionales, portée également par l’émission nationale Italiques.
Les années 1980 voient le paysage audiovisuel français se modifier profondément, suite à la victoire de François Mitterrand aux élections présidentielles de 1981. Dès son arrivée au pouvoir, la Gauche met en place une série de mesures : au niveau national, la loi du 29 juillet 1982 supprimant le monopole de l’État dans la production et la création audiovisuelles, ouvrant ce secteur à la concurrence et permettant la création de radios et chaînes de télévision privées.
La « régionalisation » des stations de FR3 se traduit notamment par une augmentation de la durée des programmes quotidiens (passant de 35 minutes à 3 heures). Tandis que les journaux télévisés continuent d'évoquer l’actualité du territoire, cette augmentation permet la création de très nombreux magazines sur des thématiques variées : émissions culturelles, dédiées à la jeunesse, généralistes, mais aussi consacrées à la tauromachie ou la gastronomie. Citons pour l’antenne toulousaine La vie à plein temps, La région au présent, ou Toques, pianos et crêpes dentelles. Les langues régionales sont également soutenues, et de nombreuses émissions naissent à cette époque. L’une des plus importantes est Viure al Pais, crée en 1981 et toujours produite à Toulouse et Montpellier, alternativement en occitan et en catalan.
A partir de 1990, face à la concurrence des décrochages régionaux de M6 et le développement de chaînes locales privées, une nouvelle étape de la décentralisation audiovisuelle est lancée avec la création d’éditions locales. Dans la partie est de la région Occitanie, des locales sont créées à Albi, à Rodez, et à Toulouse, et un journal en langue occitane est coproduit par les stations de Toulouse et Montpellier. L’actualité culturelle gasconne y est bien représentée.
En parallèle, de nouvelles émissions consacrées à la découverte du patrimoine local voient le jour. Citons pour l’antenne toulousaine Vent Sud, ou La petite vadrouille, qui consacreront de nombreux reportages au territoire du Gers. Des liens se nouent entre la télévision publique et des événements culturels : ainsi certains concerts du festival Jazz in Marciac seront retransmis en ex-Midi-Pyrénées sur l’antenne de FR3 Toulouse.
A partir des années 2010, suite à la création du groupe France Télévisions, FR3 devient France 3. Les programmes diffusés à l’antenne sont désormais aussi accessibles sur internet. De nouveaux outils de prises de vue permettent une redécouverte des paysages régionaux : par exemple l’émission Cap Sud Ouest, utilisant des drones pour donner à voir les paysages de la région Occitanie.
A l’aube des années 2020, une tranche horaire en matinée est assurée conjointement par les antennes du service public de la radio (France Bleu) et de la télévision (France 3), en réponse à la concurrence accrue des nouveaux médias en ligne et des réseaux sociaux. Des programmes sont créés spécifiquement pour internet, afin de s’adapter aux usages du public.
- Yves Gaillard
- Responsable documentaire, délégation INA Midi Atlantique