Discours du ministre de la Santé publique sur la nécessité d'une politique de santé publique

01 janvier 1946
01m 30s
Réf. 00074

Notice

Résumé :

A la fin de la guerre, la situation sanitaire de la population française est très dégradée. La création de la Sécurité sociale en 1945 et la mise en place d'une politique globale de santé publique doivent permettre d'améliorer la santé des Français, de mieux dépister les maladies, de soigner les maladies graves et contagieuses. Cette politique, indispensable au redressement du pays, est exposée par René Arthaud, ministre de la Santé publique en 1946.

Date de diffusion :
01 janvier 1946
Source :
AF (Collection: Non Utilisés )
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Éclairage

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la situation économique, démographique et sanitaire de la France est extrêmement difficile. La situation sanitaire est particulièrement préoccupante, suite aux privations alimentaires, au rationnement, aux conditions de vie très rudes pendant les années de guerre (hiver rigoureux, manque de chauffage) et à l'absence de soins. Les enfants ont beaucoup souffert du manque de certaines denrées alimentaires, notamment le lait. Le taux de mortalité infantile est de 110 pour 1000 de 1941 à 1945 alors qu'il était de 66 pour 1000 avant la guerre. Les maladies contagieuses graves, comme la tuberculose, se développent. Dès mars 1944 le programme national de la Résistance, adopté par le Conseil national de la Résistance, pose le principe d'un plan complet de Sécurité sociale, axé sur les actions de prévention, le dépistage des maladies, l'organisation d'une politique de santé publique, l'accès aux soins pour l'ensemble de la population. Le général de Gaulle, dans différentes interventions, donne à la Sécurité sociale une large place dans la politique globale de reconstruction et de redressement du pays.

Les ordonnances de 1945 vont venir concrétiser ce plan en créant la Sécurité sociale (maladie, retraite, famille). Dans le même temps, des actions de santé publique sont indispensables pour améliorer l'état sanitaire de la population, c'est-à-dire mettre en place le dépistage systématique de certaines maladies, soigner les personnes atteintes de maladies graves, éviter le développement des maladies contagieuses, systématiser les vaccinations - en particulier des enfants. Toutes ces actions se mettent progressivement en place dans les années qui suivent la fin de la guerre. C'est ce qu'explique René Arthaud, ministre de la Santé publique du 24 juin au 16 décembre 1946 dans le gouvernement provisoire de Georges Bidault.

Annie Rosès

Transcription

(Musique)
Journaliste
Monsieur René Arthaud, ministre de la Santé Publique vous parle.
René Arthaud
Après cette guerre de six ans et notre victoire si chèrement payée, le but essentiel de mon ministère est de restaurer la santé de la nation française ; d’enrayer les progrès de la tuberculose notamment parmi les rapatriés d’Allemagne, de mettre un terme à la mortalité infantile et aux grands fléaux sociaux. Cette œuvre immédiate et salutaire doit s’insérer dans le cadre d’un plan dont j’indique brièvement les perspectives plus larges et plus éloignées. Il s’agit de développer la prévention, car mieux vaut prévenir que guérir, et dépister la maladie doit être notre première préoccupation. Il s’agit de donner une place importante représentant des malades dans l’organisation de la santé publique, et de défendre avant tout leurs intérêts. Il s’agit de placer la médecine à la portée de tous sans distinction de richesse, et d’étendre le champ de la Sécurité sociale. Il s’agit enfin de s’inspirer dans tous les domaines des progrès de la technique moderne. C’est ainsi que notre œuvre constituera un des facteurs du redressement national, dont nous serons les artisans passionnés, toujours au service de notre peuple et de la patrie renaissante.
(Musique)