De Gaulle et la crise de mai 1968
Introduction
Alors que, depuis 1958, de Gaulle paraît maîtriser l'ensemble des problèmes français et dominer l'événement, la crise de mai 1968 semble le prendre au dépourvu et le laisser désemparé jusqu'au moment où elle revêt un caractère politique qui menace la survie du régime. Il donne alors successivement une réponse politique à la crise avant de tenter de proposer des remèdes sociaux à ce qui lui apparaît comme une profonde crise de société.
Une crise inattendue et un pouvoir désemparé
Une explosion imprévue telle que de Gaulle l'analyse
- Elle survient dans un pays prospère, en plein essor, où règne le calme, voire l'ennui.
- Elle provient de la jeunesse, en particulier de la jeunesse universitaire, angoissée par son avenir et mal préparée à l'aborder par une université coupée des réalités et débordée par la massification de son recrutement.
- Mais le malaise est plus général : il est lié aux mutations de la société qui accroît les biens matériels mais écrase l'homme dans un engrenage mécanique.
- Enfin le malaise a été exploité par les groupuscules gauchistes et les syndicats politisés qui ont agi sur une opinion mise en condition par les journalistes et certains milieux intellectuels.
Entretien avec Michel Droit
Le 30 mai, une immense manifestation s'est déroulée sur les Champs-Elysées, et des manifestations analogues ont eu lieu en province pour soutenir l'action du gouvernement du général de Gaulle pendant les évènements de Mai. Alors que le mouvement de grèves s'arrête progressivement dans le pays, le chef de l'Etat s'entretient avec Michel Droit. Le journaliste lui demande d'éclairer les Français sur la journée décisive du 29 mai, où il a quitté Paris. Le Général évoque ensuite la manifestation du 30 mai. Puis il rend compte de son voyage en Roumanie, avant de revenir sur la crise en France, dont il admet qu'elle n'était pas prévue par le gouvernement. Il accuse l'"entreprise totalitaire" communiste d'avoir récupéré le mouvement de la "faction révolutionnaire" et en analyse les conséquences. Il souligne que le gouvernement a su faire face, et est resté parfaitement cohérent autour du Président de la République, ce qui amène Michel Droit à lui demander d'éclairer les raisons de la permutation Debré - Couve de Murville. Le général de Gaulle analyse la société actuelle en faisant un historique de l'évolution "mécanique"de la société, qui apporte plus de bien-être, mais de telle sorte que l'individu n'a pas prise sur son destin. Entre le communisme et le capitalisme, il propose la voie de la participation. Questionné sur l'Université, de Gaulle suggère là aussi la participation, et admet que l'institution est à réformer. Il conclut en affirmant que si l'Assemblée Nationale actuelle est dissoute, c'est qu'elle en avait la vocation, parce que la majorité était incertaine. C'est ainsi que, dans un premier temps, il substitue des élections législatives au Référendum annoncé le 24 mai.
Conférence de presse du 11 septembre 1968
Extraits des principaux sujets abordés par le général de Gaulle lors de la conférence de presse du 11 septembre 1968. A propos de la Tchécoslovaquie, il rappelle qu'il a toujours déploré la coupure de l'Europe en deux blocs, et il qualifie la situation actuelle du pays d'artificielle et dangereuse. A propos de la réforme de l'université, il déclare que l'université est faite pour la nation, donc que l'Etat doit la diriger. Enfin, concernant la participation, il détaille ce qu'elle doit être pour les ouvriers au sein de l'entreprise.
Un pouvoir politique débordé mais qui résiste dans la tempête
- De Gaulle considère que durant une grande partie du mois de mai, il a été impossible d'agir tant la situation était "insaisissable".
- Aussi s'est-il préoccupé d'assurer l'ordre sans effusion de sang et de jouer l'apaisement.
- En attendant, le président assume sa charge en exerçant son rôle international par un voyage en Roumanie qu'il juge indispensable malgré les événements.
- Au total, de Gaulle estime que le gouvernement a rempli son rôle en se montrant solide, déterminé et cohérent autour du chef de l'Etat.
Entretien avec Michel Droit
Le 30 mai, une immense manifestation s'est déroulée sur les Champs-Elysées, et des manifestations analogues ont eu lieu en province pour soutenir l'action du gouvernement du général de Gaulle pendant les évènements de Mai. Alors que le mouvement de grèves s'arrête progressivement dans le pays, le chef de l'Etat s'entretient avec Michel Droit. Le journaliste lui demande d'éclairer les Français sur la journée décisive du 29 mai, où il a quitté Paris. Le Général évoque ensuite la manifestation du 30 mai. Puis il rend compte de son voyage en Roumanie, avant de revenir sur la crise en France, dont il admet qu'elle n'était pas prévue par le gouvernement. Il accuse l'"entreprise totalitaire" communiste d'avoir récupéré le mouvement de la "faction révolutionnaire" et en analyse les conséquences. Il souligne que le gouvernement a su faire face, et est resté parfaitement cohérent autour du Président de la République, ce qui amène Michel Droit à lui demander d'éclairer les raisons de la permutation Debré - Couve de Murville. Le général de Gaulle analyse la société actuelle en faisant un historique de l'évolution "mécanique"de la société, qui apporte plus de bien-être, mais de telle sorte que l'individu n'a pas prise sur son destin. Entre le communisme et le capitalisme, il propose la voie de la participation. Questionné sur l'Université, de Gaulle suggère là aussi la participation, et admet que l'institution est à réformer. Il conclut en affirmant que si l'Assemblée Nationale actuelle est dissoute, c'est qu'elle en avait la vocation, parce que la majorité était incertaine. C'est ainsi que, dans un premier temps, il substitue des élections législatives au Référendum annoncé le 24 mai.
Conférence de presse du 11 septembre 1968
Extraits des principaux sujets abordés par le général de Gaulle lors de la conférence de presse du 11 septembre 1968. A propos de la Tchécoslovaquie, il rappelle qu'il a toujours déploré la coupure de l'Europe en deux blocs, et il qualifie la situation actuelle du pays d'artificielle et dangereuse. A propos de la réforme de l'université, il déclare que l'université est faite pour la nation, donc que l'Etat doit la diriger. Enfin, concernant la participation, il détaille ce qu'elle doit être pour les ouvriers au sein de l'entreprise.
Allocution du 24 mai 1968
Le 24 mai 1968, le général de Gaulle, revenu de Roumanie le 18, s'adresse aux Français. Dans cette allocution annoncée depuis plusieurs jours, il présente les "événements universitaires puis sociaux" en cours comme l'expression d'une mutation de société, nécessitant de profondes réformes. Pour mener à bien ces réformes, et notamment celle de l'Université, il demande aux Français de lui confier un "mandat" par voie de référendum, dont le résultat décidera de son maintien au pouvoir ou de son départ.
Allocution du 29 septembre 1968
Allocution télévisée du général de Gaulle qui s'adresse aux Français à la veille du second tour du scrutin des élections législatives et un mois après les événements de Mai 1968 ayant paralysé la France. Il revient sur les événements de Mai 68 et la sortie de crise. Il exhorte les Français à donner une large majorité au gouvernement, afin de mener à bien la politique "nécessaire", d'abord pour réparer le "handicap" engendré par la crise de mai, et ensuite permettre à la France de conserver son avance, dans tous les domaines. Il aborde enfin la capitale question de la mutation sociale, réclamée par la jeunesse, et qu'il entend mettre en oeuvre grâce à la participation.
De Gaulle face à la crise
Si, durant la plus grande partie du mois de mai, le président de la République est resté silencieux en raison du caractère "insaisissable" de la situation, après son retour de Roumanie il prend la mesure de la crise et s'efforce de lui donner des réponses adaptées.
La réponse du 24 mai : les réformes nécessaires
Allocution du 24 mai 1968
Le 24 mai 1968, le général de Gaulle, revenu de Roumanie le 18, s'adresse aux Français. Dans cette allocution annoncée depuis plusieurs jours, il présente les "événements universitaires puis sociaux" en cours comme l'expression d'une mutation de société, nécessitant de profondes réformes. Pour mener à bien ces réformes, et notamment celle de l'Université, il demande aux Français de lui confier un "mandat" par voie de référendum, dont le résultat décidera de son maintien au pouvoir ou de son départ.
- Dans sa première intervention publique depuis le début de la crise, de Gaulle privilégie la compréhension à l'égard d'une agitation qu'il attribue au trouble de la jeunesse et aux mutations de la société.
- Tout en affirmant la volonté du gouvernement d'assurer l'ordre, il juge que la réponse à la crise réside dans des réformes qui mettront en oeuvre la participation.
- Aussi annonce-t-il la tenue d'un référendum destiné à approuver cette solution, mettant en balance son départ du pouvoir si les Français répondaient négativement.
La réponse des 29-30 mai : du découragement à la reprise en main
A partir du 27 mai, la crise, jusque-là universitaire et sociale, est entrée dans une phase politique du fait de la revendication du pouvoir par l'opposition de gauche qui souhaite la démission du général de Gaulle.
De fait, le 29 mai, de Gaulle disparaît et l'on n'apprendra que le lendemain qu'il s'est rendu à Baden-Baden auprès du Général Massu, commandant des forces françaises en Allemagne. Revenant sur cet épisode le 7 juin dans son entretien avec Michel Droit, il explique ce déplacement par son découragement devant la crise de mai et son intention de démissionner. Mais il n'est pas certain que le but n'était pas d'inquiéter l'opinion et de dramatiser la situation par le risque de vacance du pouvoir.
Entretien avec Michel Droit
Le 30 mai, une immense manifestation s'est déroulée sur les Champs-Elysées, et des manifestations analogues ont eu lieu en province pour soutenir l'action du gouvernement du général de Gaulle pendant les évènements de Mai. Alors que le mouvement de grèves s'arrête progressivement dans le pays, le chef de l'Etat s'entretient avec Michel Droit. Le journaliste lui demande d'éclairer les Français sur la journée décisive du 29 mai, où il a quitté Paris. Le Général évoque ensuite la manifestation du 30 mai. Puis il rend compte de son voyage en Roumanie, avant de revenir sur la crise en France, dont il admet qu'elle n'était pas prévue par le gouvernement. Il accuse l'"entreprise totalitaire" communiste d'avoir récupéré le mouvement de la "faction révolutionnaire" et en analyse les conséquences. Il souligne que le gouvernement a su faire face, et est resté parfaitement cohérent autour du Président de la République, ce qui amène Michel Droit à lui demander d'éclairer les raisons de la permutation Debré - Couve de Murville. Le général de Gaulle analyse la société actuelle en faisant un historique de l'évolution "mécanique"de la société, qui apporte plus de bien-être, mais de telle sorte que l'individu n'a pas prise sur son destin. Entre le communisme et le capitalisme, il propose la voie de la participation. Questionné sur l'Université, de Gaulle suggère là aussi la participation, et admet que l'institution est à réformer. Il conclut en affirmant que si l'Assemblée Nationale actuelle est dissoute, c'est qu'elle en avait la vocation, parce que la majorité était incertaine. C'est ainsi que, dans un premier temps, il substitue des élections législatives au Référendum annoncé le 24 mai.
L'allocution du 30 mai revêt un tout autre aspect. De Gaulle y présente désormais la crise de mai comme résultant d'une mainmise d'un parti communiste totalitaire sur l'agitation étudiante et syndicale afin de s'assurer le monopole de la revendication et d'obtenir le départ du président et il dénonce les méthodes d'intimidation, d'intoxication et de tyrannie du parti communiste, considérant que la France est menacée de dictature.
Allocution radiodiffusée du 30 mai 1968
Au milieu de l'agitation de mai, et après que les leaders de la gauche se sont déclarés prêts à assumer le pouvoir, le général de Gaulle "disparaît" pendant vingt-quatre heures. A son retour le 30 mai, il réunit le Conseil des ministres, décide la dissolution de l'Assemblée nationale et s'adresse au pays par une allocution radiodiffusée. Cette allocution est prononcée à 16 heures 30, pour permettre à la manifestation organisée par la majorité silencieuse qui lui est favorable de se dérouler.
Aussi les décisions qu'il prend sont-elles destinées à faire face à cette menace :
- Il entend rester au pouvoir et maintient en place le Premier ministre.
- Le référendum annoncé le 24 mai est différé.
- L'Assemblée nationale est dissoute et de nouvelles élections annoncées.
Enfin, il fait appel à l'action civique des Français et la réponse sera la manifestation, le soir même, de plusieurs centaines de milliers de ses partisans sur les Champs-Elysées.
La victoire électorale et le changement de gouvernement
Dans son entretien avec Michel Droit du 7 juin, de Gaulle explique son choix de retarder le référendum pour des raisons d'organisation matérielle, mais de dissoudre l'Assemblée nationale élue en 1967 parce qu'elle ne comporte pas de véritable majorité (celle-ci n'est que de quelques voix et hypothéquée par les critiques et les réserves de M. Giscard d'Estaing et de ses partisans) et qu'à ses yeux "elle avait vocation à être dissoute" de ce fait.
Allocution radio-télévisée prononcée au palais de l'Elysée le 16 septembre 1959
Dans l'allocution radiodiffusée et télévisée du 16 septembre 1959, le général de Gaulle dévoile son plan, longuement médité, pour une solution politique du problème "difficile et sanglant" de l'Algérie, et pose le principe de l'autodétermination. Ainsi, il appelle le peuple algérien lui-même à choisir lors d'un référendum entre trois voies : la "sécession" entre les deux pays, la "francisation", c'est-à-dire l'intégration pleine et entière de l'Algérie à la métropole, et enfin une solution intermédiaire qui laisserait une large autonomie interne au pays, à l'intérieur de la Communauté française. Le général insiste ensuite sur la nécessaire pacification du territoire algérien avant toute consultation.
A la suite d'un premier tour largement favorable aux candidats qui soutiennent le général de Gaulle, celui-ci n'intervient qu'à la veille du second tour le 29 juin pour situer l'enjeu de la consultation, demandant aux Français de lui assurer une majorité qui aura trois objectifs :
- Assurer l'unité du pays pour remettre la République en ordre et soutenir l'action du président.
- Accomplir l'énorme effort nécessaire pour surmonter le handicap lié à la crise.
- Réaliser la vaste mutation sociale qui consiste à sauver la dignité humaine.
Allocution du 29 septembre 1968
Allocution télévisée du général de Gaulle qui s'adresse aux Français à la veille du second tour du scrutin des élections législatives et un mois après les événements de Mai 1968 ayant paralysé la France. Il revient sur les événements de Mai 68 et la sortie de crise. Il exhorte les Français à donner une large majorité au gouvernement, afin de mener à bien la politique "nécessaire", d'abord pour réparer le "handicap" engendré par la crise de mai, et ensuite permettre à la France de conserver son avance, dans tous les domaines. Il aborde enfin la capitale question de la mutation sociale, réclamée par la jeunesse, et qu'il entend mettre en oeuvre grâce à la participation.
Après la victoire électorale, Georges Pompidou est remplacé comme Premier ministre par Maurice Couve de Murville. Dans sa conférence de presse du 9 septembre 1968, de Gaulle justifie ce changement par l'inévitable usure physique et morale d'un Premier ministre "aux prises avec les contingences" qui doit assurer une phase des objectifs présidentiels et céder la place "quand le moment en est venu". Toutefois, le plaçant "en réserve de la République" et l'invitant à se "préparer à tout mandat qu'un jour la nation pourrait lui confier" il paraît le désigner comme un possible successeur éventuel.
Conférence de presse du 11 septembre 1968
Extraits des principaux sujets abordés par le général de Gaulle lors de la conférence de presse du 11 septembre 1968. A propos de la Tchécoslovaquie, il rappelle qu'il a toujours déploré la coupure de l'Europe en deux blocs, et il qualifie la situation actuelle du pays d'artificielle et dangereuse. A propos de la réforme de l'université, il déclare que l'université est faite pour la nation, donc que l'Etat doit la diriger. Enfin, concernant la participation, il détaille ce qu'elle doit être pour les ouvriers au sein de l'entreprise.
La réponse du Général aux causes profondes de la crise de mai : la participation
Une réponse humaniste au malaise de la société
Dès l'allocution du 24 mai, de Gaulle présente la participation comme la réponse adéquate au malaise provoqué par les extraordinaires mutations subies dans les années récentes par la société française, mais sans préciser davantage son contenu.
Allocution du 24 mai 1968
Le 24 mai 1968, le général de Gaulle, revenu de Roumanie le 18, s'adresse aux Français. Dans cette allocution annoncée depuis plusieurs jours, il présente les "événements universitaires puis sociaux" en cours comme l'expression d'une mutation de société, nécessitant de profondes réformes. Pour mener à bien ces réformes, et notamment celle de l'Université, il demande aux Français de lui confier un "mandat" par voie de référendum, dont le résultat décidera de son maintien au pouvoir ou de son départ.
Dans l'entretien avec Michel Droit du 7 juin, il explicite davantage son analyse. L'homme a connu un profond bouleversement de ses conditions d'existence dans un monde profondément transformé. Il est comblé de biens matériels, mais en même temps "enlacé" dans un engrenage mécanique et sans prise sur son destin. Comment trouver un équilibre humain satisfaisant pour la société mécanique moderne ?
De Gaulle considère qu'il existe trois réponses, celles du communisme et du capitalisme, l'une et l'autre matérialistes et qu'il rejette, et celle d'une société de participation (qui n'exclut nullement une direction responsable dans l'entreprise ou dans l'Etat) où l'homme aurait sa part des décisions et de l'action.
A la question de savoir pourquoi il n'a pas mis en oeuvre plus tôt cette notion, le Général répond en évoquant les résistances, en particulier celles des syndicats ouvriers qui ne rêvent que d'une révolution sanglante et refusent l'idée d'une révolution par la loi.
Entretien avec Michel Droit
Le 30 mai, une immense manifestation s'est déroulée sur les Champs-Elysées, et des manifestations analogues ont eu lieu en province pour soutenir l'action du gouvernement du général de Gaulle pendant les évènements de Mai. Alors que le mouvement de grèves s'arrête progressivement dans le pays, le chef de l'Etat s'entretient avec Michel Droit. Le journaliste lui demande d'éclairer les Français sur la journée décisive du 29 mai, où il a quitté Paris. Le Général évoque ensuite la manifestation du 30 mai. Puis il rend compte de son voyage en Roumanie, avant de revenir sur la crise en France, dont il admet qu'elle n'était pas prévue par le gouvernement. Il accuse l'"entreprise totalitaire" communiste d'avoir récupéré le mouvement de la "faction révolutionnaire" et en analyse les conséquences. Il souligne que le gouvernement a su faire face, et est resté parfaitement cohérent autour du Président de la République, ce qui amène Michel Droit à lui demander d'éclairer les raisons de la permutation Debré - Couve de Murville. Le général de Gaulle analyse la société actuelle en faisant un historique de l'évolution "mécanique"de la société, qui apporte plus de bien-être, mais de telle sorte que l'individu n'a pas prise sur son destin. Entre le communisme et le capitalisme, il propose la voie de la participation. Questionné sur l'Université, de Gaulle suggère là aussi la participation, et admet que l'institution est à réformer. Il conclut en affirmant que si l'Assemblée Nationale actuelle est dissoute, c'est qu'elle en avait la vocation, parce que la majorité était incertaine. C'est ainsi que, dans un premier temps, il substitue des élections législatives au Référendum annoncé le 24 mai.
Quels sont les domaines de la participation ?
De Gaulle les évoque, pratiquement dans les mêmes termes en réponse aux questions des journalistes dans sa conférence de presse du 9 septembre 1968 et à celles de Michel Droit dans son entretien avec celui-ci du 10 avril 1969. Globalement, il s'agit de réorganiser autour de cette notion l'ensemble de la société française.
Conférence de presse du 11 septembre 1968
Extraits des principaux sujets abordés par le général de Gaulle lors de la conférence de presse du 11 septembre 1968. A propos de la Tchécoslovaquie, il rappelle qu'il a toujours déploré la coupure de l'Europe en deux blocs, et il qualifie la situation actuelle du pays d'artificielle et dangereuse. A propos de la réforme de l'université, il déclare que l'université est faite pour la nation, donc que l'Etat doit la diriger. Enfin, concernant la participation, il détaille ce qu'elle doit être pour les ouvriers au sein de l'entreprise.
- L'université autour de trois axes : l'autonomie pédagogique, la participation des enseignants et des étudiants à la gestion, l'adaptation des disciplines aux besoins de la société.
- L'entreprise avec trois formes : l'intéressement des salariés aux résultats, leur information sur la marche de l'entreprise, la possibilité de faire connaître leurs propositions et de les faire prendre en compte.
- L'organisation régionale fondée sur la présence dans les conseils régionaux, aux côtés des élus, des organismes appelés à jouer un rôle dans le développement de la région.
- L'organisation des pouvoirs publics avec la transformation du Sénat qui ne joue plus qu'un rôle accessoire sur le plan législatif et dont la composition rurale n'est plus représentative d'un pays urbanisé et industriel. Sa fusion avec le Conseil économique et social devrait lui permettre de jouer le rôle de conseiller consultatif du gouvernement pour les questions économiques et sociales.
Un référendum pour légitimer la politique de participation
La crise de mai ayant ébranlé le pouvoir, de Gaulle affirme avec force que le "gaullisme" est le seul régime qui convient à la France. En faisant approuver par référendum le thème de la participation, il entend faire confirmer par les Français sa légitimité.
Sur la légalité de la procédure référendaire, de Gaulle reproche une fois de plus à ses adversaires de se méfier de l'expression directe du suffrage populaire et il défend la procédure choisie en s'appuyant sur l'article 11 de la Constitution. Enfin, affirmant que la réforme des régions et celle du Sénat forment un tout, il justifie une réponse unique à la consultation.
Dans la conclusion de son entretien avec Michel Droit comme dans l'ultime allocution adressée aux Français, il lie son maintien au pouvoir à la réponse positive des Français au référendum, montrant par là qu'il s'agit autant de renouveler sa légitimité que de répondre à la question posée.
La réponse négative du corps électoral le 27 avril entraînera sa démission le lendemain.
Conférence de presse du 11 septembre 1968
Extraits des principaux sujets abordés par le général de Gaulle lors de la conférence de presse du 11 septembre 1968. A propos de la Tchécoslovaquie, il rappelle qu'il a toujours déploré la coupure de l'Europe en deux blocs, et il qualifie la situation actuelle du pays d'artificielle et dangereuse. A propos de la réforme de l'université, il déclare que l'université est faite pour la nation, donc que l'Etat doit la diriger. Enfin, concernant la participation, il détaille ce qu'elle doit être pour les ouvriers au sein de l'entreprise.