Bérénice de Racine, mis en scène par Lambert Wilson au Théâtre des Bouffes du Nord
Notice
Présentation du spectacle en voix off sur des images de la préparatifs de la dernière répétition. Lambert Wilson souligne le caractère exigeant de la pièce, qui nécessite à la fois un engagement émotionnel et une attention plus intellectuelle à la langue. Extrait de la scène 6 de l'acte V en répétition. Carole Bouquet insiste sur l'exceptionnelle qualité de la langue et du théâtre de Racine.
Éclairage
Avec Bérénice, créée en 1670 à l'Hôtel de Bourgogne, Racine réalise le programme qu'il venait de revendiquer la même année pour la tragédie dans sa préface de Britannicus : « une action simple, chargée de peu de matière, telle que doit être une action qui se passe en un seul jour, et qui, s'avançant par degrés vers sa fin, n'est soutenue que par les intérêts, les passions et les sentiments des personnages. » La tragédie de Bérénice se résume en effet au renvoi contraint de Bérénice par l'empereur Titus, auquel ses fonctions interdisent d'aimer une reine étrangère. La tragédie tout entière repose donc ici sur les décisions des personnages, qu'aucun élément extérieur ne vient perturber : c'est l'hésitation de Titus qui permet seule à la pièce de durer, et c'est la résolution de Bérénice qui l'amène à son dénouement.
La mise en scène de Bérénice que Lambert Wilson présente en 2007 au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris est une seconde tentative : il avait déjà proposé une Bérénice en 2001 au Festival d'Avignon, puis au Théâtre National de Chaillot, avec Kristin Scott-Thomas et Didier Sandre dans les rôles de Bérénice et de Titus, mais la transposition qu'il avait alors opérée, situant l'action dans la Rome de Mussolini, n'avait guère convaincu. Pourtant, irrésistiblement porté vers une pièce qu'il considère comme « la pièce de Racine », contenant à ses yeux « tout le théâtre ou presque », Lambert Wilson y revient six ans plus tard, construisant une mise en scène très différente, beaucoup plus dépouillée et plus intime : s'appuyant sur les costumes et les décors sobres, à la romaine, de Chloé Obolensky, il parie avant tout sur le texte de Racine, cultivant la clarté de l'alexandrin et le respect de la prosodie. Formant avec Carole Bouquet le couple central de la tragédie, auquel les deux comédiens prêtent une distinction aristocratique, il confie à Fabrice Michel le rôle d'Antiochus et à son père Georges Wilson, âgé de quatre-vingt-six ans, celui du conseiller Paulin.
Voir Bérénice mis en scène par Antoine Vitez (1980) et par Klaus Michael Grüber (1984)