De Biscarrosse à Genève sur l'hydravion Latécoère 631-06

01 juillet 1948
38s
Réf. 00265

Notice

Résumé :

Première liaison officielle pour l'hydravion Latécoère 631 d'Air France qui a joint en un peu moins de deux heures l'étang de Biscarrosse aux rives du lac Léman à Genève. Destiné à la ligne transocéanique des Antilles, l'avion, piloté par le commandant Corentin Kersual, effectue ici une course d'essai, avec à son bord plusieurs passagers.

Date de diffusion :
01 juillet 1948
Personnalité(s) :

Éclairage

Air France est fondée en 1933 par un vote du parlement qui prévoit la fusion des quatre principales compagnies françaises de transport aérien (Air Orient, Air Union, la CIDNA et les lignes Farman). L'État possède un quart du capital de la nouvelle société anonyme ainsi constituée. Celle-ci absorbe ensuite l'Aéropostale en difficulté. Air France commande des hydravions Latécoère dès 1934. Ces derniers sont fabriqués à Toulouse mais testés sur l'étang de Biscarrosse depuis 1930. En 1937, Pierre-Georges Latécoère fait édifier en trois mois une vaste usine pour les fabriquer à Anglet, mais deux ans plus tard il construit une nouvelle usine à Toulouse, d'où sort en 1942 son paquebot des mers : le 631. Ce monstre de 75 tonnes, totalement en métal, nécessite six moteurs pour arracher sa masse des flots et l'emmener sur plus de 6000 kilomètres, c'est-à-dire au-delà de l'Atlantique sans escale. Il peut transporter une cinquantaine de passagers et cinq à six tonnes de fret. Les forces allemandes saisissent le premier prototype puis les Alliés le bombardent. Pierre-Georges Latécoère a donc eu à peine le temps de voir sa dernière création avant de mourir en 1943. Mais l'entreprise survit à son fondateur et livre une dizaine de 631 à Air France à partir de 1945.

Au lendemain de la guerre l'aviation civile française est nationalisée. Le 1er juillet 1946, la liaison Paris-New York est officiellement inaugurée avec un DC-4 américain en moins de 20 heures. Les hydravions constituent alors une alternative française immédiatement opérationnelle. Ce vol d'essai en direction de la Suisse n'est donc pas anodin. Il démontre les capacités techniques de l'appareil et son confort. La possibilité d'amerrir à tout moment offre un autre atout à cette époque où l'avion demeure synonyme de danger. De plus, la population helvétique épargnée par le conflit mondial dispose d'un pouvoir d'achat relativement élevé grâce à ses industries et ses banques, elle constitue donc une clientèle de choix pour les vols transocéaniques. Toutefois, dès le 1er août 1948, le même Latécoère 631-06 "Lionel de Marnier" disparaît entre Fort-de-France et Port-Étienne (Mauritanie) avec 52 personnes à son bord. D'autres accidents conduisent à l'interdiction de vol des Latécoère 631 en 1950. Une ultime tentative de remise en service en 1955 par la société France-Hydro se solde par un échec et la perte des huit hommes d'équipage.

Bibliographie :

- CHADEAU, Emmanuel, Latécoère, Paris : Olivier Orban, 1990, 330 p.

- OLIVIER, Jean-Marc, "Latécoère, un industriel visionnaire", dans Midi-Pyrénées Patrimoine, Hors-série n° 2, "Toulouse, des avions et des hommes. Un siècle de succès aéronautiques", novembre 2010, p. 14-25.

Jean-Marc Olivier

Transcription

Journaliste
Le sport et la vie, le sport au service de la vie. Accomplissant sa première liaison officielle, l’hydravion, Laté 631 d’Air France a joint en 1 heure 41 les bords de l’étang de Biscarrosse aux rives du lac Léman. Propulsé par six moteurs de 1 600 chevaux, ce puissant appareil peut transporter 46 passagers à une vitesse de croisière de 320 km/heure sur une distance de plus de 4 000 km. Innovation, record curieux, l’hydravion pour la première fois accomplit une liaison uniquement terrestre. Course d’essai car c’est à la ligne transocéanique des Antilles que ce bel appareil sera affecté.
(Musique)