La sietam à Dax
Notice
Historique de l'entreprise SIETAM, créée après la fermeture de la Société Générale de fonderie.
Éclairage
Même si le département des Landes n'appartient pas à un grand bassin industriel, il n'y a rien d'étonnant à découvrir que Saint-Paul-lès-Dax a longtemps bénéficié des emplois fournis par une filiale de la Société Générale de Fonderie (1). La métallurgie ici, c'est même historique puisque l'on trouve trace, dès le IIe siècle de notre ère, de bas fourneaux transformant le minerai de fer tiré de la garluche, sur le site des Abbesses (2).
En 1929, alors que s'amorce la grande crise mondiale, un ancien maître de forge, Jean Raty (1894-1958), crée une filiale des Hauts Fourneaux de Saulnes (3), la Société Générale de Fonderie. Cette entreprise, qui regroupe très vite quelques grands noms de l'industrie française (Chappée, Jacob et Delafon, les Grès blancs de Gargenville) est à son apogée à la fin des années 1950. Elle poursuit son extension, absorbant les Grès de Briare mais aussi les engrenages Piat, ce qui annonce un tournant stratégique, une diversification de ses activités ; elle rachète ensuite la société Durenne-Val d'Osne en 1971, qui devient la Générale d'Hydraulique et de Mécanique.
À Dax, où l'on dépend de ces décisions prises en Lorraine, on s'adapte aussi. La SGF, qui compte 27 usines en France et prospère en 1974 avec un chiffre d'affaires de 1,3 milliard, développe en effet une politique d'ajustement. On forme en interne et on s'adapte à la demande, limitant les plans sociaux toujours possibles face à la concurrence. On s'inspire en cela de ce qui a été fait, en 1967, aux Forges de l'Adour, à Tarnos (4). Ici aussi, « on démolit et on construit aujourd'hui encore » et ici, comme à Tarnos, l'AFPA (5) joue un rôle majeur dans cette restructuration. L'heure est donc à l'optimisme alors qu'un grand commis de l'État donne de sa personne pour prendre part à la vie économique de sa région...
Non, « l'industrialisation en Aquitaine n'est pas une utopie » puisque partout se développent effectivement des industries « de pointe » rattachées à des centres de recherche, associant dans un même projet un volant de personnel du secteur secondaire et des « cols blancs ». C'est bien là d'ailleurs le signe d'une évolution sensible de la sociologie du travail : les effectifs de la classe ouvrière commencent à s'éroder et l'on parle de plus en plus de techniciens, d'autant que le niveau de formation s'élève.
De 1973 à 1997, la SIETAM de Dax vit donc au rythme du pays mais subit déjà, à partir des années 1980, les aléas d'une économie en profonde évolution. Les délocalisations changent la donne, les mines de fer et de charbon de Lorraine ferment ; de gros fleurons industriels disparaissent ou changent d'orientation.
Cette période d'incertitude se conclut en 1997 par le redressement judiciaire du spécialiste des systèmes de manutention automatisée. Tous les établissements de la SGF ferment ; à Saint-Paul-lès-Dax on ne parle plus désormais que de « l'ancien site de la SIETAM », une friche industrielle qui devrait accueillir une piscine à l'horizon 2015 (6). Autres temps : la civilisation post-industrielle est largement tournée vers les loisirs malgré la courbe du chômage qui, en 2013, atteint des niveaux historiques. L'espérance de vie augmente malgré tout parallèlement et quelques « anciens » de la fringante société présentée par M. Lapeyrade se retrouvent aujourd'hui sur le site internet Copains d'avant pour évoquer le passé.
(1) La Société Générale de Fonderie ou SGF est une ancienne entreprise française, filiale de la société des hauts fourneaux de Saulnes.
(2) Appartenant au champ sémantique du gascon garlin, « sol humide et marécageux », la garluche (garluisha) est un grès ferrugineux fournissant un minerai médiocre dont l'exploitation a cependant engendré la création de nombreuses forges entre le début du XVIIIe siècle et la fin du XIXe. Constituant un substrat imperméable, elle est effectivement associée aux lieux humides.
(3) La forge de Saulnes est signalée dès 1474 avec un petit haut-fourneau mais il semblerait qu'elle soit abandonnée au milieu du XVIe siècle. C'est sur son emplacement que la Société des Hauts-Fourneaux de Saulnes-Raty et Cie met à feu un premier haut-fourneau en juillet 1874, un second vers 1880, puis un troisième en 1882. À la fin du XIXe siècle, l'usine compte quatre hauts-fourneaux dont trois sont à feu.
(4) Sur le site Empreintes landaises : « Une reconversion réussie le site du Boucau-Tarnos ». http://fresques.ina.fr/landes/liste/recherche/Theme.id/7/e#sort/DateAffichage/direction/DESC/page/4/size/10
(5) D'abord ANIFRMO (Association nationale interprofessionnelle pour la Formation rationnelle de la Main-d'Oeuvre) en 1949, elle devient AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes) en janvier 1966.
(6) Journal Sud Ouest (www.sud ouest.fr, 8 juin 2012).