Maurice Leroux et la Vendée

25 mai 1969
02m 18s
Réf. 00602

Notice

Résumé :
Maurice Leroux évoque la carrière politique de son grand-père, aux fonctions prestigieuses et à l'origine de travaux d'assèchement du Marais Vendéen. Il explique, aussi, que, dans ce marais, paysage de racines, un fort esprit communautaire règne, comme en atteste la présence de 300 ha de prés communaux, où chaque habitant peut faire paître ses bêtes.
Type de média :
Date de diffusion :
25 mai 1969
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Éclairage

Quand, en 1969, le chef d'orchestre, compositeur, musicologue et producteur de télévision Maurice Le Roux (1923-1992) parle de la Vendée et la visite avec un caméraman, il en donne l’image d’une communauté hors du temps, répétant des gestes ancestraux. La place du village est immuable, et vide, le pré communal est exploité collectivement, chacun pouvant y faire paître sa vache, à condition de venir la traire aux heures convenues. Maurice Le Roux rapporte, avec plaisir, que même sa mère aurait pu avoir une vache.
Sa famille avait eu d’autres rapports avec la Vendée. Son arrière-arrière grand-père, banquier parisien, avait acquis en 1818 les bâtiments de l'ancienne abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm et une grande partie des marais qui en dépendaient, qui avaient été vendus comme biens nationaux. Son arrière grand-père avait dirigé la banque familiale et devint président du conseil général de la Vendée, député et ministre de l'Agriculture et du Commerce en 1869. Son grand-père, bonapartiste, fut député puis sénateur de la Vendée. Son père était secrétaire général du Crédit Industriel national.
Ainsi la lignée de la famille Le Roux rappelle-t-elle qu’une tradition bonapartiste, moderniste et garante de l’ordre, s’était épanouie pendant le Second Empire dans la Vendée à côté du puissant courant royaliste du Bocage et de son concurrent républicain de la plaine.
On y verra, aussi, avec une certaine nostalgie, le temps où les vaches étaient traites à la main, et leur lait recueilli dans des seaux et des bidons traînés dans des remorques derrière des bicyclettes.
Reste à relever que cet attachement sentimental n’eut guère d’influence dans la carrière et l’œuvre, considérables, de Maurice Leroux. Celui-ci exerça de nombreuses responsabilités, à la tête de l’orchestre national de l’ORTF, comme inspecteur général à la direction de la musique au ministère de la Culture, ou producteur d’émissions de télévisions. Attaché au répertoire des musiciens de l’école de Vienne, comme Schönberg et Webern, comme à Moussorgski, il se consacra à la musique électro-acoustique, mais aussi à la musique de films, appartenant à des domaines très divers.
Jean-Clément Martin

Transcription

Maurice Leroux
Et cette place porte le nom d’ailleurs de mon arrière-grand-père, qui était député de Vendée pendant 18 ans, en 1854, et ensuite, il a été Président du corps législatif, à la fin de l’Empire. Et mon grand-père aussi était député de Vendée pendant 25 ans, sénateur de Vendée. Et je me dis voilà, la petite plaque qui rappelle le passage de ma famille dans ce pays, et c’est lui qui s'est occupé de ses assèchements, les digues et les… Les maisons sont très basses pour faire laisser passer le vent et le, un peu comme dans le Sud de Portugal, comme au Brésil, ces autres pays côtiers, et d’ailleurs, même au bord d’Irlande. Et l’esprit communautaire est resté, parce que vous voyez, tous, on a pris, dans les prises qui ont été faites, qui portent des noms pittoresques comme Malakoff, Maroc, il y a un pré communal. C’est-à-dire que tous les habitants ont le droit d’y mettre leurs vaches pour… Et tous les soirs, tous les matins et tous les soirs à 5 heures et demie, chacun appartient, la vache appartient à son propriétaire et les vaches reconnaissent. Et après, à 5 heures et demie, il y a un coup de sifflet et à ce moment-là commence la traite.
Journaliste
Attendez, ce sont des prés énormes, ça, non ?
Maurice Leroux
300 hectares. Alors, ma mère qui évidemment n’a pas de vache, a droit à une place,
Journaliste
Elle touche… ?
Maurice Leroux
Elle a droit à une place pour une vache, n’est-ce pas ?
Journaliste
Oui,
Maurice Leroux
Et c’est assez curieux. Autrefois aussi, les fours, ben, nous, mais c’est un, je ne crois pas que c’est une survivance, je crois que c’est au contraire, une idée très intéressante de, je ne peux pas dire kolkhoze mais enfin, une petite communauté, n’est-ce pas ? Et on a toujours d’ailleurs, tous les pays qui se défendent contre quelque chose, un peu un esprit communautaire qui est plus vif, plus fort, n’est-ce pas ? Alors, ces bordures de mer, je crois que c’est propice pour cela. C'est malheureusement plus la belle race du pays, elle est déjà un peu Hollandaise aussi, nouvel espace.
(Musique)
Maurice Leroux
Je crois qu’il faut avoir des racines dans un pays, une région.