Une statue républicaine à La Roche-sur-Yon

14 juillet 1993
01m 55s
Réf. 00621

Notice

Résumé :
A l'occasion du bicentenaire des Guerres de Vendée, une statue commémorative vient d'être installée, à La Roche-sur-Yon, place de la Vendée. L'oeuvre a été inaugurée dans l'idée de la réconciliation entre les Vendéens et la République, au détriment des antagonismes modernes. Commandée par la Mairie de la ville, la volonté est de rassembler autour de valeurs républicaines.
Date de diffusion :
14 juillet 1993
Source :

Éclairage

La mémoire vendéenne est longtemps demeurée très marquée par le souvenir des années révolutionnaires. A l’exception de l’extrême sud et, dans une moindre mesure du littoral, le département aura été ravagé par une guerre civile impitoyable qui se déroule pour l’essentiel entre mars 1793 et le printemps 1795. L’épisode des « colonnes infernales » pendant l’hiver 1793-1794 ayant laissé une trace particulièrement douloureuse dans la mentalité des habitants. Pendant tout le XIXe siècle le souvenir des exactions subies contribue fortement au rejet électoral des candidats républicains, et plus spécifiquement de la gauche, sauf à La Roche-sur-Yon fondée en tant que ville par Napoléon Bonaparte, et dans les zones restées bien davantage en marge du conflit.
Cette mémoire vendéenne aura donc constitué un important facteur de clivage politique. Elle explique à la fois la longue survie d’une mouvance royaliste dont on voit ici un représentant, et, sous la Ve République, une forte identification de la droite à cette histoire douloureuse. C’est encore cette mémoire qui explique aussi bien le succès populaire de la scénographie du Puy du Fou, dont Philippe de Villiers aura été l’instigateur, que la solide audience locale de la radio Alouette FM, basée aux Herbiers.
En cette année bicentenaire du conflit, le maire socialiste de La Roche-sur-Yon pose donc un geste symbolique fort en inaugurant, un 14 juillet, un monument dédié à la réconciliation de la Vendée et de la République. Jacques Auxiette et la fédération du PS de Vendée avaient il est vrai déjà condamné dans le passé les "colonnes infernales". La présence d’un représentant de la Nouvelle Action Royaliste confère un certain poids à l’entreprise, même si les arrière-pensées politiques n’en sont pas absentes. On veut « ne pas raviver les vieilles blessures », faire en sorte que les événements d’hier ne servent pas à « nourrir les antagonismes d’aujourd’hui ». La pierre jetée dans le jardin de Philippe de Villiers est évidente, évidentes aussi les réserves ou du moins l'enthousiasme modéré d’une partie de la population. Il n’empêche, cet événement atteste incontestablement un effacement relatif des vieux antagonismes entre Bleus (Républicains) et Blancs (l’armée vendéenne). Même en Vendée, la transmission de mémoire se fait plus difficilement dans les nouvelles générations et désormais si l’on est encore de droite (ou de gauche) c’est de moins en moins par référence à cet épisode historique qui a vu une population entière se soulever contre la République au nom de sa religion plus encore qu’au nom de son roi.

Transcription

Présentatrice
14 juillet toujours, à La Roche-sur-Yon hier soir, l’on inaugurait la sculpture de réconciliation autour des valeurs de la République, un acte symbolique surtout en cette année de bicentenaire des guerres de Vendée.
Catherine Vilvoisin
Remue-ménage place de la Vendée à La Roche-sur-Yon, lundi, techniciens, architectes sont à l’oeuvre pour mettre en place ce socle de 350 kilos ; un bronze de 3 mètres de long qui porte en lui les marques de l’histoire, premier élément d’un monument destiné à réconcilier la Vendée et la République. Mercredi soir, baptême de la sculpture en bleu-blanc-rouge, naturellement, mais au bout du sillon de 1993, la Nouvelle Action Royaliste dépose une gerbe - fleurs de lys évidemment. De part et d’autre, on affiche un même souci, ne pas ranimer les vieilles blessures.
Jacques Auxiette
Comment sortir d’une guerre civile en, à la fois honorant la mémoire, mais aussi, en faisant en sorte que les événements d’hier ne servent pas les antagonismes d’aujourd’hui, mais au contraire, servent à réconcilier les hommes d’aujourd’hui. Je crois qu’on en a besoin, non seulement en Vendée mais partout à travers le monde.
Monsieur Guerry de Beauregard
Le souci des rois, ça a été, justement, de cicatriser les plaies et de savoir pardonner, et de savoir passer l’éponge, en quelque sorte, même si quelquefois, c’était extrêmement dur, pénible et coûteux.
Journaliste
Objet de curiosité, l’Obélisque de Verre symbolise la transparence de la chose publique.
Inconnue
Je m’y fais, mais par contre, je reproche simplement une question de proportion, je trouve que la colonne de verre, je la trouve un peu petite par rapport au socle en bronze. C’est tout, sinon le reste me plaît.
Inconnu 1
Ce n’est pas mal, ça change, ça change des monuments en pierre.
Inconnu 2
Vu le prix que j’ai vu sur le journal, je voyais autre chose que ça ! Alors rapport prix travail, je pense, ça doit être 130000 Francs, je crois, un truc comme ça.
Journaliste
L’année du bicentenaire des guerres de Vendée, la mairie de La Roche-sur-Yon veut rassembler autour de son combat pour les valeurs, celles de la République. Sur la sculpture, elle a fait graver une citation de Georges Clemenceau.