Village-Anjou, une nouvelle conception de l'habitat collectif

20 mai 1981
03m 42s
Réf. 00087

Notice

Résumé :

Le "Village Anjou" est un lotissement créé il y a 14 ans à proximité d'Angers. Il a été pensé de façon globale. L'architecture des différents pavillons instaure une unité de voisinage et un nouveau mode de vie plus convivial.

Type de média :
Date de diffusion :
20 mai 1981

Éclairage

Pour faire face aux problèmes de l'habitat, une expérience a été menée en banlieue angevine avec la création du Village-Anjou, nouveau quartier de la ville qui voit le jour vers 1968. Il s'agit d'un intermédiaire entre l'habitat collectif et individuel afin d'éviter l'entassement vertical. Les habitants achètent des pavillons construits au sein d'un véritable village créé de toute pièce, selon un cahier des charges précis, évitant la monotonie. Les acquéreurs devaient en quelque sorte "choisir leur maison sur catalogue", les plans et les normes de construction étant établis à l'avance. Ce procédé a vu le jour dans la phase de reconstruction d'après-guerre. Il n'y a pas plus de dix maisons construites sur le même modèle sur la centaine que compte Village-Anjou, et ce, au milieu d'espaces verts permettant d'humaniser la ville et d'améliorer le cadre de vie des enfants. Une des premières grandes expériences d'amélioration qualitative de l'habitat.

Martine Cocaud

Transcription

Journaliste
Alors donc, là, je m'adresse à Yann Frioux, à l'architecte, pour ce débat donc de ce soir. Vous avez choisi, vous nous avez dit, bon allez vous promener dans «Village Anjou.» Alors pourquoi précisément cet exemple qui date d'il y a 14 ans puisque [M. Henin] nous dit qu'il l'a lui visité il y a 14 ans, donc au moins construit depuis 14 ans ? Pourquoi cet exemple là ?
Yann Frioux
Travail auquel j'ai pas participé d'ailleurs mais je connais bien «Village Anjou» maintenant pour la façon très animée qu'il a de vivre, la façon dont le cadre s'est fait, la vie s'est créée. Mais je crois, enfin [M. Henin] peut peut-être me conforter dans, je crois que c'est un, si ça porte le nom de village, c'est que ça été fait comme un village. C'est-à-dire que ça été fait en un laps de temps relativement court, bâtiments et parcellaires compris. Et je crois que on a créé, en même temps que la maison, on a créé les assemblages et on a créé le cadre de vie, la verdure s'est améliorée depuis bien sûr. Mais le village a été fait d'un seul bloc, c'est pas le lotissement que l'on divise par lots en ignorant totalement ce qui va venir. Un produit sur catalogue, c'est comme ça que certains vendeurs l'appellent. Que nous, concepteurs des lotissements, on ignore complètement, on ne, on n'arrive, on a de la peine après à maîtriser un produit qui est souvent très très banal.
Journaliste
Et puis alors là, on se rend compte que les maisons n'ont pas toutes le même type.
Yann Frioux
Oui.
Journaliste
Ce qui est souvent très très ennuyeux dans les lotissements ordinaires.
Yann Frioux
Bien sûr, bien sûr.
Journaliste
Où il y a cet alignement de maisons, toujours les mêmes, toujours les mêmes.
Yann Frioux
Bien sûr.
Journaliste
Il y a combien m'avez-vous dit [M. Henin] de types de maison ? Une quinzaine ?
M. Henin
Il y a 14 types de maison différents puisque le village comprend 169 pavillons, ce qui fait que le cahier des charges imposait un maximum de 10 pavillons du même modèle.
Yann Frioux
Tout ce qui est important contre la monotonie et tout en bénéficiant d'une chose...
Journaliste
Et puis là, je vois qu'on débouche, excusez-moi je vous coupe, sur des petits chemins, y a tout à coup comme ça, y a la route principale et puis des petits chemins qui passent à travers les maisons et qui permettent aux enfants, je pense, de se sentir plus chez eux.
M. Henin
Oui, il y a des chemins et qui se terminent en forme de raquettes, des fois d'accès en forme de raquettes. Ce qui fait que, il y a une vie, une vie vraiment de village dans ces raquettes. Les enfants des maisons ont accaparé les rues. Y a pas d'antennes sur les maisons. Y a pas d'antennes, nous avons le privilège d'avoir un réseau de télédistribution, un des premiers je crois réalisé en France.
Yann Frioux
J'allais dire tout à l'heure que on bénéficie en Anjou d'une certaine discipline dans le choix des matériaux, qui nous limite à des teintes relativement claires, qui ne sont pas le blanc, mais des teintes relativement claires et des toits qui sont noirs. Alors le, je crois qu'il est très intéressant dans les villages comme «Village Anjou», de trouver des modèles relativement différents les uns des autres mais qui conservent cette unité. C'est donc un avantage, c'est pas pour ça qu'il y a un assemblage de petits villages disparates. Je crois que c'est très très important. Mais dans «Village Anjou», je crois que ce qui a été important, c'est la volonté de présentation de l'ensemble. Groupe par groupe, on a voulu présenter des pavillons car ça été un début de politique des modèles à l'époque, mais les pavillons ont été présentés dans un cadre, ils étaient accompagnés d'un mode de vie, je pense que le parcellaire, je n'en ai pas l'expérience, mais je suppose que le parcellaire a été fait comme ça. Et lorsque quelqu'un se portait acquéreur d'un de ces pavillons, on parle d'unité de voisinage, il ne connaissait peut-être pas encore son voisin, quoique, «Village Anjou» a été habité en un an, en 67.
M. Henin
En un an, en une année.
Yann Frioux
En un an, le «Village Anjou» a été habité. Si il ne connaissait pas son voisin, il connaissait au moins le paysage qu'il allait avoir à côté. Ce qui est une chose très très importante, à mon avis dans l'unité de voisinage.