Les Seiz breur

10 octobre 2000
02m 19s
Réf. 00237

Notice

Résumé :

Le mouvement artistique breton Ar Seiz Breur (les sept frères) est en exposition au Musée de Bretagne. Ce mouvement a concerné de nombreux domaines artistiques, et a eu pour but de faire passer la culture bretonne et ses symboles dans l'art.

Date de diffusion :
10 octobre 2000
Source :

Éclairage

Exposition au musée des Beaux-Arts de Rennes de 350 œuvres des artistes du mouvement.

Le 8 septembre 1923 au Folgoët, Jeanne Malivel, René-Yves Creston, sa femme Suzanne et quelques amis fondent la fraternité des Seiz Breur (Sept frères). Après avoir étudié à l'école des Beaux-Arts de Paris, ils rentrent au pays décidés à moderniser le style classique et stéréotypé des artistes et artisans bretons.

L'exposition universelle de Paris de 1925, consacrée aux arts appliqués est vue comme l'occasion de proclamer le renouveau breton. A la recherche d'un entraînement collectif, ils essaient de convaincre artistes et artisans de participer à la réalisation d'un pavillon de la Bretagne et souhaitent former un " groupe fraternel d'artistes et d'artisans bretons ". Il s'agit de former le goût du public en proposant des oeuvres nouvelles qui ne soient pas des copies du passé mais l'alliance de la modernité et de la tradition. Et c'est en modifiant le cadre intérieur des Bretons c'est à dire le mobilier, la vaisselle en faïence et les tissus qu'ils espèrent innover.

Ils prennent des motifs traditionnels comme référents, les faisant évoluer vers une sensibilité proche de l'art déco, ornement dépouillé à la recherche du meuble moderne. Le meuble est pensé dans ses lignes et ses formes loin de la " biniouserie". On refuse les détails décoratifs convenus pour mettre en évidence les lignes de construction des meubles. Pour réaliser les meubles, ils font appel à Joseph Savina et à Gaston Sébilleau - artisan de Redon réputé pour sa scierie à moteur, pour la fabrication " d'ensembles d'intérieur bretons modernes, afin de prouver que l'art breton peut et doit se renouveler" - et à René-Yves Creston. C'est l'école industrielle de Saint Nazaire qui réalise les ferrures des meubles à partir des dessins. Le groupe prône un retour au métier, décidé à "combattre l'horrible camelote parisienne par des modèles soignés et harmonieux". Dans le pavillon de la Bretagne l'ensemble du mobilier obtient une médaille d'or.

Pourtant le décès de Jeanne Malivel en 1926 interrompt l'élan du groupe. Deux ans plus tard, en 1928, René-Yves Creston fonde l'Unvaniez (union) ar Seiz Breur (UASB) ou Société centrale des artistes bretons, mais le redémarrage est difficile. C'est l'Exposition universelle de 1937 qui relance la seconde génération du groupe. René-Yves Creston est à la tête du groupe. Délégué à Paris du comité breton d'organisation, il obtient des faïenceries de Quimper la réalisation d'un globe de 1m60 de diamètre à la gloire des marins bretons. Les artistes présentent un appartement, dit synthétique, qui correspond à une famille rennaise moyenne avec le père, la mère et les deux enfants. Toujours ancrés dans la mémoire bretonne, les mobiliers de l'exposition sont pourtant de plus en plus dépouillés et fonctionnels.

Le groupe dynamisé qui comprend progressivement des musiciens, des sculpteurs, des éditeurs, des ethnologues, survit à la Seconde Guerre mondiale pour se disloquer définitivement en 1947.

Françoise Cocaud

Transcription

Karine Cevaer
Exposition sans précédent au musée de Bretagne. L'exposition de trois cent cinquante oeuvres issues du mouvement Seiz Breur. Ar Seiz breur - les sept frères en français - a été fondé dans les années vingt par de jeunes militants bretons étudiants des Beaux-arts à Paris. Leur objectif, moderniser le styles classique et stéréotypé des peintres et artisans bretons du début du siècle, représentés ici par ces quelques exemples.
(Musique)
Laurence Prod'homme
Ils vont reprendre des techniques anciennes comme par exemple celle de la gravure sur bois. Ce qui va changer, c'est qu'ils vont essayer de s'inspirer seulement de motifs traditionnels, d'une thématique bretonne, sans la transmettre ou la traduire de manière hyper réaliste, mais en utilisant leurs qualités d'artiste et de plasticien pour créer des oeuvres réellement modernes, et qui utilisent des principes plastiques qui soient de leur époque quoi, qui ne sont seulement basés sur le réalisme des années précédentes.
Karine Cevaer
Ces symboles traditionnels de la Bretagne, ils les reproduisent sous d'autres formes, souvent très proches de l'Art-déco. En fait, Ar Seiz breur souhaite remodeler l'environnement des Bretons. C'est pourquoi son style touche également le mobilier, la faïence ou les vêtements. Peu à peu, ce mouvement rassemble une soixantaine d'artistes et d'artisans. Seulement voilà, la Seconde Guerre mondiale éclate, et tout chavire.
Eric Morin
Les artistes qui faisaient partie du monde des Seiz breur ont suivi des cheminements politiques très différents, un petit peu à l'image de toutes les attitudes qu'on a pu rencontrer dans la société bretonne. Certains sont morts en déportation, ont été prisonniers dans les camps en Allemagne. D'autres, à l'inverse, ont collaboré avec les nazis, et parfois de façon très forte. Incontestablement, la période de la guerre a profondément modifié les relations au sein du groupe, et ensuite les gens ont évolué de façon beaucoup plus individuelle, et ont eu des destinées toutes différentes.
Karine Cevaer
Oubliées des musées, la plupart de ces pièces ont été empruntées aux familles ou aux collectionneurs. C'est l'occasion ou jamais de les découvrir.