Le Stade Rennais remporte la Coupe de France de football

27 mai 1965
02m 59s
Réf. 00027

Notice

Résumé :

Le Stade Rennais remporte la finale de la Coupe de France au Parc des Princes, en battant Sedan 3 buts à 1. Trois jours plus tard, les joueurs sont accueillis triomphalement à Rennes par la foule en délire qui acclame ses champions.

Date de diffusion :
27 mai 1965
Source :

Éclairage

En 1965, la Coupe tend les bras au Stade Rennais et c'est toute la Bretagne qui explose. Pour la deuxième fois de l'histoire de la Coupe de France après 1963, une finale devait être rejouée et, après deux finales perdues en 1922 et en 1935, la Coupe de France rejoignait enfin la capitale bretonne. L'expérimenté Jean Prouff, entraîneur des Bretons et adepte de la tactique à "l'anderlechtoise" - formation en 4-2-4 -, permettait aux Rennais d'accomplir un parcours historique.

En effet, Daniel Rodighiero et ses coéquipiers inscrivaient la bagatelle de 29 buts en 7 rencontres disputées ! Un record jamais égalé. Le festival breton avait débuté face au Red Star (2-0), puis devant le RC Lens (4-3). Mais le plus beau restait à venir avec un huitième de finale devant l'Olympique Saint-Quentinois, où les Rennais ne faisaient pas dans la demi-mesure en inscrivant dix buts (10-0). Les victoires en quart de finale face à Nice (5-2) et en demi-finale devant Saint-Étienne (3-0) laissaient présager un véritable sommet pour la finale devant l'UA Sedan-Torcy.

Le 23 mai 1965, le Parc des Princes était totalement rempli pour accueillir la troisième finale sous les yeux du Premier Ministre, Georges Pompidou. Le public ne fut pas déçu par le spectacle proposé. Au terme d'une superbe rencontre riche en rebondissements, les deux équipes ne pouvaient se départager, entraînant les deux équipes à se retrouver trois jours plus tard. Le 26 mai, dans un Parc des Princes aussi bien garni que pour la première rencontre, les Rennais allaient enfin connaître la consécration. Mené 1-0 à la pause, depuis la 20ème minute, grâce un penalty transformé par Yves Herbet (0-1), le Stade Rennais allait réagir de la plus belle des manières en seconde période. Rodighiero, remettait les pendules à l'heure après le retour des vestiaires grâce à une belle ouverture de Marcel Loncle (1-1, 47ème minute). Ce dernier donnait l'avantage à son équipe sur une superbe reprise de volée (2-1, 77ème minute) avant que l'inévitable Rodighiero n'enfonce définitivement le clou sur un nouveau penalty (3-1, 86ème). Ce succès fut une véritable consécration pour des Rennais euphoriques en cette saison 1964-1965. Marcel Loncle confirmait son rôle de métronome du milieu de terrain et Daniel Rodighiero devenait un buteur exceptionnel, avec trois buts lors des deux finales. Rennes et la Bretagne pouvaient exploser de joie au coup de sifflet final. Le retour des héros fut accueilli avec un enthousiasme incomparable et la ville de Rennes offrit à ses joueurs une fête digne de leur belle performance.

En savoir plus :

La Coupe de France de football est un véritable succès populaire, à l'instar du Tour de France cycliste. Organisée par la Fédération Française de Football (F.F.F), elle fut créée le 15 janvier 1917. À l'image de l'Union Sacrée, alors de mise durant la Première Guerre mondiale, cette compétition est ouverte à tous, professionnels et amateurs. Cette ouverture fait partie du charme de l'épreuve qui rassemble 48 clubs à sa première édition, plus de 100 en 1919, plus de 1 000 en 1948 et plus de 6 000 actuellement. Avec une telle configuration, de nombreuses "surprises", signées par des clubs amateurs, ont lieu chaque année. Le président de la République remet traditionnellement le trophée au capitaine vainqueur. C'est Gaston Doumergue qui inaugure cette tradition le 8 mai 1927, que tous les présidents s'attacheront à suivre. Créé pendant la Grande Guerre, le trophée porte le nom d'un des nombreux footballeurs tombés au champ d'honneur : Charles Simon. La coupe en jeu est conservée une petite année par le club vainqueur, puis elle revient à la Fédération pour une petite restauration, avant d'être remise en jeu.

Fabien Lostec

Transcription

(Silence)
Journaliste
C'était jeudi, M. Maurice Herzog vient de remettre à Yvon Boutet, la Coupe de France de football. Pour les stadistes rennais et leur entraîneur, Jean Prouff, cette coupe, c'est la récompense d'une merveilleuse saison. Avec Duabèle en tête, les Rennais effectuent un tour d'honneur en exhibant cette coupe avec laquelle ils flirtèrent sans jamais la séduire. Cette fois-ci, c'est fait, grâce à deux buts de Rodighiero et un de Loncle. C'était dimanche, c'est-à-dire hier, la place de la gare est noire de monde, d'un public qui crie sans réticence aucune sa joie, son allégresse. Ce public attend les idoles. Et voici le train que les Bretons ont attendu pendant plus de 50 ans, c'est le train de la victoire. Les joueurs sur les quais ne se rendent pas encore complètement compte de la ferveur populaire dont ils seront l'objet dans quelques instants. Lamia, Loncle, Cardiet et tous leurs camarades reçoivent des bouquets de fleurs, tous se congratulent. Mais dans les rues et sur les places, une énorme foule, sur les balcons ou sur les trottoirs, ovationne les footballeurs rennais. Chacun veut la toucher cette coupe. Et alors des scènes inimaginables se déroulent sous les yeux des stadistes rennais, stupéfaits par cet accueil délirant. 60, 80, 100 000 personnes peut-être venant de Brest, de Lorient, de Saint-Brieuc, de Concarneau, de tous les coins de Bretagne, apportent là un témoignage de sympathie et d'admiration. L'ambiance qui est, de mémoire de rennais, on ne se souvient guère d'un pareil enthousiasme. Il n'est pas un Breton, je crois, qui ne s'est pas senti, plus ou moins directement concerné par cet évènement sportif. Des balcons sont jetés des papiers, des confettis. On se serait cru à Broadway, binious et bombardes des [... ], cuivres de l'harmonie municipale, klaxons des voitures, tintamarres des casseroles et bien sûr grognements aigus de Rodrigue, le porcelet mascotte mêlé aux cris d'une foule de plus en plus dense. On n'avait vraiment jamais vu ça et jamais entendu. Nous sommes maintenant place de la gare ou plus exactement, nous sommes maintenant place de la Mairie où on a rarement vu autant de monde. La municipalité offre un vin d'honneur à ceux qui ont si dignement et si brillamment représentés la Bretagne. La foule réclame ses héros, tel Lamia, ici.
(Silence)
Journaliste
Et la joie redouble. Voyez-vous, aucun des joueurs n'a pu dire très exactement quelle était cette ambiance. Extraordinaire, merveilleuse, sensationnelle, inattendue, certainement tout cela à la fois, alors que Rodrigue fait une nouvelle fois les délices du public. Voilà ce que vu ce merveilleux dimanche 30 mai 1965 qui restera dans les annales l'un des plus beaux dimanches bretons. Que l'équipe rennaise en soit remerciée.