Découverte d'une voie romaine à Allaire

20 octobre 2005
02m 09s
Réf. 00322

Notice

Résumé :

A Allaire, lors des travaux de construction d'une route entre Vannes et Redon, les vestiges d'une voie romaine ont été découverts. Cette voie date du début de l'époque romaine et représentait un axe majeur pour la région.

Date de diffusion :
20 octobre 2005
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes soir )
Lieux :

Éclairage

L'Armorique romaine fut innervée par un réseau routier dense dont on mesure parfois mal la complexité. La géographie générale de la péninsule a déterminé l'implantation de trois principales voies de communication : une voie allant du Mans jusqu'à la pointe Finistère, un axe central joignant Le Mans à Carhaix par Rennes, et une plus ancienne nommée "itinéraire méridional", qui allait de Nantes à Quimper, traversant Vannes, Hennebont, Quimperlé etc. Ces grandes voies étaient bien sûr complétées par des réseaux très denses de voies secondaires.

Les voies romaines, sans jamais être parfaitement rectilignes, tendaient vers la ligne droite, courant le long des plateaux bien drainés, évitant les sommets trop exposés aux regards et aux intempéries. Comme la plupart des voies romaines de la Gaule, celles d'Armorique semblent avoir eu 3 à 8 mètres de large. Toutefois, celles-ci ne formaient cependant pas un ensemble de composition semblable sur toute la longueur de leur itinéraire. En fonction des nécessités du terrain et des conditions géologiques locales, l'aspect et la nature intime des voies changeaient de lieu en lieu, les bâtisseurs utilisant un léger remblai ici, ou un pavage plus résistant, là. Dans la plupart des cas, la chaussée antique se compose d'une succession de couches de sable détritique ou d'argile tassée, et de cailloux de taille moyenne, le niveau supérieur étant généralement formé de pierres posées à plat et liées par du sable ou du gravier ou du caillouté damé, parfois mélangé à du mortier de chaux.

Ces itinéraires ont permis l'arrivée dans les zones de la péninsule armoricaine de très nombreux objets importés, ils ont aussi déterminé l'implantation humaine en Armorique, les villages trouvant souvent leur origine dans le passage d'une voie.

Martine Cocaud

Transcription

Journaliste
Et en matière de circulation routière, on n'a rien inventé depuis les Romains. En creusant avant que ne démarre la construction d'une nouvelle route entre Vannes et Redon, les archéologues sont tombés sur les vestiges d'une voie romaine qui reliait sans doute Vannes à Angers ou Nantes. Avant qu'elle ne soit de nouveau enfouie, les archéologues l'étudient avec minutie. Jeanne Roth et Serge Lenauld nous emmènent sur le chantier à Allaire.
Jeanne Roth
Raccourci de l'histoire. Le nouveau tronçon à deux fois deux voies qui, fin 2007, reliera Allaire à Rieux, dans le Morbihan, sur l'axe Vannes-Redon, sera construit sur l'exact tracé d'une ancienne voie gallo-romaine reliant Vannes à Nantes ou à Angers. L'existence de cette route était connue des archéologues, mais grande a été leur surprise devant son état de conservation, qui leur permet de travailler sur 300 mètres, une première en France.
Stéphane Deschamps
On est manifestement sur une voie majeure, un axe très important, alors qui n'est pas daté pour l'instant. On attend des éléments de datation par le carbone 14 en particulier. Cette voie, on la présume du début de l'époque romaine et manifestement un axe majeur, qui est, je dirais, une voie, on peut dire, de statut impérial quasiment, c'est-à-dire une voie dominante contrairement à d'autres voies secondaires, qui ont plus des fonctions économiques.
Jeanne Roth
Depuis deux mois sur le site, les archéologues ont déjà tiré un certain nombre d'enseignements, notamment sur les techniques employées, des techniques qui permettent une parfaite adaptation au terrain, au sous-sol, à un point tel, d'ailleurs, que certains émettaient même l'idée d'utiliser en l'état les structures existantes pour construire le nouvel axe.
Stéphane Deschamps
On a fait des calculs de résistance de matériaux. La résistance des matériaux de cette voie romaine, actuellement, sont les mêmes résistances que celles qui sont demandées aux routes départementales. C'est quand même assez intéressant.
Gilles Leroux
Elle a été certainement le fait, puisqu'elle est très ancienne, au départ d'ingénieurs romains, certainement peut-être venus avec les légions elles-mêmes. Ça, on ne le sait pas trop. C'est toujours difficile à déterminer. En tout cas, c'est une voie qui a nécessité un repérage des lieux, avec la mise en place d'un tracé vraiment particulier, toujours en milieu de plateau ou en rebord de plateau, pour éviter au maximum les zones humides et les cours d'eau.
Journaliste
C'est vraisemblablement au Moyen-Âge, au moment de la création de la paroisse d'Allaire qu'on a cessé de l'utiliser. A l'avenir, elle va donc être réactivée sous une autre forme pour des fonctions économiques cette fois, dans la perspective de l'implantation de l'aéroport de Notre Dames des Landes. Seuls seront conservés au jour quelque tronçons comme témoins.